Envisager l'avenir de notre Défense suppose d'abord de revenir au plus élémentaire bon sens. Le feu tue, comme disait l'autre. Pour se battre il faut des armes. Et on ne se bat pas n'importe comment. Les gens de métier le savent.
Après les tempêtes de l’été, les promesses budgétaires de l’automne : 1,8 milliard de plus ne guériront pas la blessure ouverte par le départ du général de Villiers. Les contrats opérationnels de la loi de programmation 2013-2018, dépassés de plus de 20%, ne pourront être reconduits dans la suivante. La fidélisation des jeunes militaires du rang ne fonctionne pas ; nombreux, ceux qui partent à la fin du premier contrat : marre d’arpenter les boulevards en servant de cible aux « islamistes », alors que rien n’est fait pour vraiment les détecter dans leurs repaires !
Mais le Président et « sa » ministre ont d’autres priorités : « Plus d’Europe ! » répète à longueur de discours notre jeune chef des armées, reprenant les incantations éculées des riches vieillards qui l’ont financé, un « cabri », aurait dit le Général De Gaulle ! « Plus de femmes ! », s’énerve Madame Parly, sans préciser combien au juste.
L’Europe de la Défense ou défense de l’Europe ?
« La défense de l’Europe » soumise à une occupation islamique progressive, invasive et sans précédent est un sujet brûlant. Macron lui préfère le sujet abscons de « l’Europe de la défense ». Il veut « avancer ensemble », en marche, sans savoir où ! « Mieux nous coordonner », dit-il, mais ça fait bien longtemps qu’on sait faire, monsieur le Président : il suffit d’un objectif partagé et d’une décision politique.
Il veut des militaires étrangers dans nos états-majors et prétend « ouvrir cette initiative », mais, de fait, ils y sont depuis longtemps et, comme partout dans le monde, on leur confie des dossiers secondaires pour y faire de l’affichage ! Les affaires sensibles se traitent évidemment en national, ou en groupe multinational ad hoc pour les programmes d’armement ou les opérations conjointes.
Il veut « un fond européen de défense » ! Soit ! Pour financer l’industrie US que les acheteurs européens du chasseur F35 ont déjà gratifiée de 4 milliards ? Sait-il ce qu’il dit et ce qu’il fait ? Après avoir bradé Alstom à l’Américain General Electric et à l’Allemand Siemens, Macron aurait-il des projets pour notre industrie de défense ?
Enfin son souhait de « créer une doctrine commune pour agir », que la revue stratégique 2017 du ministre reprend docilement, se passe de commentaire.
Le ministre Florence Parly a aussi ses priorités : « On ne peut pas se satisfaire d’un taux de féminisation de 15% », assène t-elle. Très informée, elle ajoute : « Sur le terrain, il n’y a plus d’hommes et de femmes, il n’y a que des soldats ». Non, Madame, il y a toujours des hommes et des femmes et le colonel qui vous fait visiter son détachement au Mali ou en Irak ne vous dira pas les difficultés que cela génère, il n’est pas idiot. Pas plus ne vous en dira le capitaine de vaisseau qui commandera le premier sous-marin Barracuda avec des jeunes femmes à bord.
Quant aux médecins militaires, ils pourront encore moins en parler, leur directeur central est une femme depuis septembre dernier. En Afghanistan, ils avaient dû pallier l’indisponibilité et le peu d’appétence de leurs consœurs, surreprésentées dans ce corps, jeunes mères de familles souvent.
Madame Parly veut améliorer l’égalité professionnelle entre les « hommes soldats » et les 15% de femmes militaires. Elle ne nous explique pas pourquoi elles sont seulement 8% en opération. C’est pourtant simple : elles ont des enfants et choisissent plutôt des postes compatibles, ce qui est normal et fort bien. Elles ont peut être aussi moins de goût au baroud, et c’est rassurant ! Enfin leurs chefs sont des hommes réalistes, plutôt civilisés, pas des idéologues barbares de l’égalité homme-femme !
Une femme, certes, peut piloter un Rafale, un tank, une moissonneuse-batteuse aussi bien qu’un homme ; les femmes militaires sont compétentes, courageuses et font preuve d’une réelle abnégation, mais la question n’est pas là. La mixité dans les armées complique le commandement, les opérations et la vie des familles, tout le monde le sait et le comprend. Des femmes dans l’Armée, personne n’y voit d’objection. Il n’en va pas de même de la féminisation à outrance. Si elle flatte les névroses sociétales de la ploutocratie au pouvoir, elle ne répond à aucun besoin militaire et pèse sur le budget et l’efficacité des armées. Simple vérité de bon sens.