Le 32e baromètre de la confiance dans les médias, réalisé par le groupe Kantar, et publié en pleine crise des gilets jaunes, est révélateur de la défiance des Français à l’égard des médias.
En particulier, la télévision atteint un plus-bas historique : seuls 38 % des Français estiment que les événements se déroulent réellement comme la télévision les raconte.
La radio (50 %) et la presse écrite (44 %) s’en sortent un peu mieux, mais sont, elles aussi, en chute libre.
Il est remarquable qu’internet ne profite pas de cette chute des médias dominants : seuls 25 % des Français font confiance à la toile (bien loin du plus haut de 2015, où 39 % lui faisaient confiance). Les campagnes « anti fake news » ont fait le travail !
Personne ne peut se réjouir de cette perte de confiance dans les médias, car elle n’est que le reflet d’une perte de confiance générale dans la société.
La France est de moins en moins une société ; elle est de moins en moins une nation. Et cet individualisme ou ce communautarisme montants se traduisent par la méfiance envers tout ce qui n’est pas proche et connu.
Mais personne ne peut non plus s’étonner de ces résultats.
D’abord, cette destruction méthodique de la sociabilité est le résultat d’une politique délibérée. À force de prétendre, avec la déclaration des droits de l’homme, qu’il n’y a rien entre l’individu et l’État, nous sommes parvenus au résultat brillant d’une société à la fois atomisée et collectiviste.
Atomisée, dans la mesure où l’individualisme triomphe, où le clanisme progresse partout (appuyé d’ailleurs sur le clientélisme électoral).
Collectiviste dans la mesure où nous abandonnons une part de plus en plus grande de nos revenus à l’État pour en attendre la santé, l’éducation, le logement, bref tout ce qui est nécessaire ou superflu pour nos vies !
Comme si, grands enfants que nous sommes, nous étions incapables de choisir une assurance pour nous soigner ou une école pour nos enfants.
Mais il est vrai que, pour un pouvoir à la légitimité fragile, la liberté est un cauchemar.
Ces résultats sont cependant aussi la conséquence de choix législatifs, financiers et éditoriaux catastrophiques.
Législativement, il est à peu près interdit de dire la vérité sur la plupart des sujets importants pour la vie publique. M. Macron, avec sa loi sur les « infox », a mis la dernière main à cet arsenal répressif (pour le moment, car l’imagination en matière de lois liberticides est infinie !).
Mais il y a peut-être plus grave. Au nom du pluralisme, les médias sont archi-subventionnés.
Cela a deux conséquences majeures. D’abord, une vassalisation des journaux et des journalistes. Mais aussi une distorsion de concurrence entre les médias du « Système » et les autres.
Or, les uns comme les autres ne sont jamais que des médias d’opinion : c’est en fonction de nos options intellectuelles et politiques que nous traitons telle actualité sous tel angle.
Que « Le Monde » ne parle pour ainsi dire jamais d’immigration – si ce n’est pour dénoncer les fameuses fausses nouvelles sur le sujet, naturellement ! – signifie seulement que l’idéologie dominante au « Monde » exige que cette réalité ne soit présentée que sous un aspect positif. Comme on peut difficilement se réjouir tous les jours que tout aille bien sur le front de l’immigration et de l’intégration, nos éminents confrères n’en parlent tout simplement pas.
La seule façon pour que les Français reprennent confiance dans les médias consiste à libérer la presse du carcan législatif, de l’épée de Damoclès judiciaire et des subventions publiques. Mais nous pouvons être certains que nos excellents dirigeants vont faire l’exact opposé !
Guillaume de Thieulloy
Tribune reprise de les4verites.com