L'homme « moderne » était présent en Europe occidentale plusieurs milliers d'années plus tôt qu'on ne le pensait. C'est ce que démontrent deux études indépendantes, réalisées l'une en Angleterre, l'autre en Italie. En 1927 des chercheurs avaient découvert dans une grotte située dans le Kent, dans le sud de l'Angleterre, une mâchoire supérieure ayant appartenu à un homme anatomiquement moderne et l'avait datée de 35 000 ans. Une nouvelle analyse chronométrique, menée par Erik Trinkhaus et ses collègues de l'Université Washington de St. Louis, montre que cet ossement est en réalité vieux de 41 500 à 44 200 ans. La seconde étude, réalisée sous la direction de l'anthropologue Stefano Benazzi, de l'Université de Vienne, porte sur deux molaires d'enfant retrouvées en 1964 dans la grotte de Cavallo, située en Apulie, près de la baie d'Uluzzo, dans le sud de l'Italie, qui avaient d'abord été attribuées à l'homme de Néandertal. Il s'avère maintenant que ces dents, vieilles de 43 000 à 45 000 ans, ont en fait appartenu à l’Homo sapiens et qu'elles représentent les plus anciens restes fossiles connus à ce jour de l'homme moderne européen. Du coup, c'est à ce dernier qu'il faut désormais attribuer la culture « uluzzienne », attestée sur plus de 20 sites italiens différents, dont les membres utilisaient des outils d'os, des ornements personnels et des colorants. Ces découvertes très importantes montrent d'abord que l’Homo sapiens a coexisté avec les Néandertaliens pendant une période plus longue qu'on ne le croyait. Elles montrent ensuite que l'homme « moderne » a atteint très tôt le Nord-Ouest de l'Europe, puisqu'il était déjà présent en Angleterre il y a plus de 40 000 ans.
Sources Nature, 2 novembre 2011 Science Now, 2 novembre 2011