Stéphane Courtois est connu pour le long travail qu'il a dirigé avec plusieurs historiens sur la terreur communiste. À ce jour, Le fameux Livre noir du communisme a été traduit dans plus de 26 pays et a dépassé le million d'exemplaires vendus. Un historien, dit-on, ne referme jamais ses dossiers. Stéphane Courtois eût pu se reposer sur les lauriers de cette gloire littéraire, en voyageant de salle de conférence en université, afin de raconter les affres de « ce pavé jeté dans la marre de l'histoire » selon l'expression de l'époque.
Il n'en fut rien.Chercheur au CNRS, Stéphane Courtois continue inlassablement son travail il organisa ainsi un ensemble de colloques afin d'approfondir et d'étayer la fameuse réflexion autour de la comparaison des totalitarismes européens, point qui fut largement contesté au moment de la sortie du Livre noir. Cette réflexion sur le totalitarisme, qui a été intégralement publiée aux Éditions du Rocher, révélait sa volonté farouche de persévérer dans la voie de la recherche, bouleversée par l’ouverture des archives soviétiques. Il y eut également le Dictionnaire du Communisme publié chez Gallimard, autre pavé, thématique cette fois, faisant un point sur l’état de la recherche à propos de toutes les questions liées au mouvement. Et dernièrement, la collection poche Tempus des Éditions Perrin a sorti une collection de textes inédits intitulée Communisme et totalitarisme. L’ensemble de cette compilation couvre la période des années 1992 à nos jours et révèle le cheminement intellectuel d'un historien qui, progressant dans les archives, livre à un public averti le résultat de ses recherches. Souvent, ces textes se cantonnent à une diffusion restreinte. Grâce à cette édition de poche, le grand public a désormais accès à un champ d'investigation bien plus large, qui montre l'étendue de la pensée d'un des plus grands spécialistes du communisme mondial. La question du léninisme y est largement abordée, tout comme celle du stalinisme et, bien sûr, de la nature criminogène du communisme à travers une étude du théoricien du génocide, Raphaël Lemkin. Une dernière partie enfin s'attelle à la question des « mémoires » tant les conceptions et les réceptions du communisme d'un pays à l’autre peuvent varier.
C.Mahieu
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Stéphane Courtois, Communisme et totalitarisme. Coll.Tempus, Editions Perrin, 530 p., 10 euros.
monde&vie 12 octobre 2009 n° 817