Le Forum économique mondial a fait sien le livre du Professeur Klaus Schwab et de Thierry Malleret: COVID-19: La Grande Réinitialisation.
A peine six mois après le début de la pandémie, le monde n’est plus celui que nous connaissions. Dans ce court laps de temps, la COVID-19 a à la fois déclenché des changements considérables et amplifié les divisions qui assaillent déjà nos économies et nos sociétés. Des inégalités croissantes, un sentiment d’injustice généralisé, l’approfondissement des clivages géopolitiques, la polarisation politique, des déficits publics croissants et des niveaux d’endettement élevés, une gouvernance mondiale inefficace ou inexistante, une financiarisation excessive, la dégradation de l’environnement : tels sont quelques-uns des défis majeurs qui existaient avant la pandémie. La crise du coronavirus les a tous exacerbés.
La débâcle de la COVID-19 pourrait-elle être l’éclair avant le tonnerre ? Aurait-elle la force de déclencher une série de changements profonds ?
Nous ne pouvons pas savoir à quoi ressemblera le monde dans dix mois, encore moins dans dix ans, mais ce que nous savons, c’est que si nous ne faisons rien pour réinitialiser le monde d’aujourd’hui, celui de demain sera profondément touché. Dans la Chronique d’une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez, un village entier prévoit une catastrophe imminente, et pourtant aucun des villageois ne semble capable ou désireux d’agir pour l’empêcher, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Nous ne voulons pas être ce village.
Pour éviter d’en arriver là, nous devons sans tarder mettre en route la Grande réinitialisation. Ce n’est pas un « bonus » mais une nécessité absolue. Ne pas traiter et réparer les maux profondément enracinés de nos sociétés et de nos économies pourrait accroître le risque, comme tout au long de l’histoire, d’une réinitialisation finalement imposée par des chocs violents comme des conflits et même des révolutions. Il nous incombe de prendre le taureau par les cornes. La pandémie nous donne cette chance : elle « représente une fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour réfléchir, réimaginer et réinitialiser notre monde. »
La crise profonde provoquée par la pandémie nous a donné de nombreuses occasions de réfléchir à la manière dont nos économies et nos sociétés fonctionnent et aux impasses qu’elles rencontrent. Le verdict semble clair : nous devons changer. Mais en sommes-nous capables ? Allons-nous tirer les leçons des erreurs que nous avons commises dans le passé ? La pandémie ouvrira-t-elle la porte à un avenir meilleur ? Allons-nous mettre de l’ordre dans notre grande maison, le monde ? En termes simples, allons-nous mettre en oeuvre la Grande réinitialisation ? Cette réinitialisation est une tâche ambitieuse, peut-être trop ambitieuse, mais nous n’avons pas d’autre choix que de faire tout notre possible pour l’accomplir.
Il s’agit de rendre le monde moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivions à l’ère pré-pandémique. Ne rien faire, ou trop peu, revient à avancer aveuglément vers toujours plus d’inégalités sociales, de déséquilibres économiques, d’injustice et de dégradation de l’environnement. Ne pas agir équivaudrait à laisser notre monde devenir plus méchant, plus divisé, plus dangereux, plus égoïste et tout simplement insupportable pour de larges segments de la population mondiale. Ne rien faire n’est pas une option viable.
La Grande réinitialisation est loin d’être une affaire conclue cependant. Certains pourraient rejeter la nécessité de suivre cette voie, craignant l’ampleur de la tâche et espérant que le sentiment d’urgence s’estompera et que la situation reviendra bientôt à la « normale ».
L’argument en faveur de la passivité est le suivant : nous avons déjà traversé des chocs similaires – des pandémies, des récessions brutales, des divisions géopolitiques et des tensions sociales – et nous les traverserons à nouveau. Comme toujours, les sociétés vont se reconstruire, et nos économies aussi. La vie continue ! Les arguments allant à l’encontre de la réinitialisation sont également fondés sur la conviction que le monde ne va pas si mal et que régler quelques détails suffira à l’améliorer.
Il est vrai que l’état du monde est en moyenne bien meilleur aujourd’hui que par le passé. Il faut l’admettre, en tant qu’êtres humains, nous n’avons jamais eu une telle chance. Presque tous les indicateurs clés qui mesurent notre bien-être collectif (comme le nombre de personnes en situation de pauvreté ou mourant en raison de conflits, le PIB par habitant, l’espérance de vie ou le taux d’alphabétisation, et même le nombre de décès causés par des pandémies) n’ont cessé de s’améliorer au cours des siècles passés, et ce de manière impressionnante au cours des dernières décennies.
Mais ces améliorations ne concernent que la moyenne – une réalité statistique qui n’a aucun sens pour ceux qui se sentent (et sont si souvent) exclus. Par conséquent, la conviction que le monde d’aujourd’hui est meilleur qu’il ne l’a jamais été, bien qu’elle soit correcte, ne peut servir d’excuse pour se contenter du statu quo et ne pas remédier aux nombreux maux qui continuent à affliger notre monde.
Nous sommes maintenant à la croisée des chemins. Une seule voie nous mènera vers un monde meilleur : plus inclusif, plus équitable et plus respectueux de Mère Nature. L’autre nous conduira dans un monde semblable à celui que nous venons de laisser derrière nous – mais en pire et constamment jalonné de mauvaises surprises. Nous devons donc faire les choses correctement. Les défis qui se profilent à l’horizon pourraient être plus conséquents que ce que nous avons choisi d’imaginer jusqu’à présent, mais notre aptitude à repartir de zéro pourrait également être meilleure que ce que nous avions osé espérer auparavant.
Faits et Documents a consacré 3 numéro, en septembre-octobre, à ce Great Reset :
Quelques extraits :
Commentaires
Merci de vos résumés qui épargnent achats et lectures, un bel exemple de digitalisation en ce qui me concerne.
Commentaire: d'accord avec l'idée d'un reset nécessaire mais la crise du
Covid n'est pas un reset, elle participe plutôt d'un énorme bug du mondialisme précédant un blocage de l'ordi nécessitant un grand nettoyage avant reset
La destruction créatrice n'a rien à voir avec un plan complotiste diabolique ,elle n'est que la manifestation de l'histoire du monde.
La restriction des libertés et le souhait de régimes forts ira grandissant. Entièrement d'accord. Big Brother a de beaux jours devant lui.
Pas d'accord avec le jeunisme (C'est le mythe Greta Thunberg). Comme accélérateurs de changement les vieux qui mordent à la Trump sont plus utiles que les élites qui s'attachent aux vieilles lunes du 20 è siècle. Le catalyseur du changement est à la fois dans les réactions nécessaires et dans l'innovation.
Un énorme oubli : Dieu et les conséquences du refus de la modernité en son nom, essentiellement dans l'islam mais aussi dans le retour croissant du religieux.