Marc Rousset
Wall Street a conclu la semaine sur de nouveaux records, avec un Dow Jones à 30.218, ignorant les 245.000 créations d’emploi en novembre, contre 610.000 en octobre, et des attentes de 650.000 pour les analystes. Près d’un tiers des PME sont en faillite, aux États-Unis, et le pays compte 10 millions de chômeurs, soit davantage qu’en 2008.
Tesla, qui valait 64 dollars le 1er janvier 2018, a aussi inscrit, ce vendredi, un record à 600 dollars, tandis que la Bourse de Paris franchissait les 5.600 points. Depuis son plancher du mois de mars, le CAC 40 a regagné plus de 55 %. Les marchés sont, cependant, dans un entre-deux, avec la fin de l’élan donné par l’optimisme autour des vaccins et les nécessaires stimuli du Congrès américain qui n’avancent pas.
Tesla est le symbole de l’exubérance irrationnelle, de la bulle actuelle. Tesla, qui a vendu 318.980 véhicules au 3 décembre 2020, vaut 560 milliards d’euros, soit plus que tous ses concurrents réunis, qui fabriquent 60 millions de voitures dans le monde ! Renault, avec 2 millions de véhicules, vaut seulement 13 milliards de dollars. Les « vieux constructeurs » vendent pourtant déjà plus de voitures électriques que Tesla, qui n’a pas d’avance technologique particulière. Si Tesla fait des bénéfices depuis seulement 15 mois, c’est en partie grâce à la vente de crédits carbone CO2 aux constructeurs dont les gammes sont trop émettrices (1,18 milliard de dollars à fin septembre 2020). Elon Musk, le président fondateur de Tesla, en est très conscient : « Les investisseurs nous accordent beaucoup de crédit pour notre rentabilité future, mais si à un moment ils changent d’avis, notre action va être écrasée comme un soufflé sous un marteau. »
En France, Castex a mis en place une commission sur l’avenir des finances publiques qui devra rendre ses conclusions fin février en respectant la trajectoire fiscale des baisses d’impôts qui n’existent, jusqu’à ce jour, que dans les belles paroles. La réalité, c’est que la dette française est une bombe à retardement qui va apparaître comme le nez au milieu de la figure, dès la fin de la crise sanitaire. Seul un dictateur ou un leader charismatique pourrait réduire les dépenses publiques, la fraude sociale, le nombre des fonctionnaires et l’immigration qui nous ruine pour un coût annuel de 60 à 80 milliards d’euros ! La banqueroute ou le retour au franc avec dévaluations successives et hyperinflation sont, en fait, le seul moyen de régler le problème de la dette publique française, soit 120 % du PIB à fin 2020. Depuis 2010, la France a perdu le contrôle de la situation et sa dette publique diverge très fortement par rapport à l’Allemagne, qui se rapproche des 60 % du PIB, tout en ayant supporté le coût énorme de la réunification avec l’Allemagne de l’Est.
La moyenne de la zone euro, c’est une dette publique de 101 % du PIB, fin 2020. Notre seule consolation : l’Italie, avec une dette de 161 % du PIB. Quant à l’idée de l’annulation de la dette auprès de la BCE en raison du Covid-19, c’est une douce illusion socialiste et gauchiste ou d’ignorant, un argument fallacieux pour ne rien faire qui conduit tout droit à la banqueroute ou à l’hyperinflation. Bruno Le Maire rêve avec des taux de croissance français de 6 % pour régler le problème de la dette, mais il a entièrement raison pour une réforme drastique des retraites qui s’impose afin d’améliorer un peu le bilan accablant et dramatique de la dette française.
Les États rassurent faussement les peuples en annonçant qu’ils portent, fin 2024, à 120 milliards d’euros le fonds de secours des banques de 42 milliards dans la zone euro. Ce nouveau chiffre représente seulement 8,5 % du montant actuel des créances douteuses des banques, soit 1.400 milliards d’euros.
La création monétaire, les dettes, le chômage et les faibles taux de croissance ont encore de beaux jours devant eux. Ce ne sont pas les vaccins, avec leurs nombreux doutes, qui vont rétablir complètement la situation économique. Un jour ou l’autre, nonobstant l’inflation monétaire, les Bourses devront se mettre en phase avec les réalités ; des krachs ou de violents ajustements, comme pour Tesla, sont à craindre.
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