L’échec ottoman devant Malte (1565)
La guerre sur mer, elle, connaît pendant la période de paix, suite au traité de Cateau-Cambrésis, un événement majeur : l’échec ottoman devant Malte de mai à septembre 1565. Si, au début de son règne, Soliman Ier devait prendre Rhodes pour s’assurer le contrôle complet du bassin oriental et pour couvrir les conquêtes syriennes et égyptiennes de son prédécesseur, il doit, plus de 40 ans plus tard, en toute bonne logique, déloger les Chevaliers de leur nouvelle position, Malte. Au départ de l’île, en effet, les Chevaliers ne cessent de perpétrer des incursions en Égée. À 2 reprises, le Chevalier Romegas attaque le delta du Nil. Par ses espions, le Sultan apprend que Philippe II investit une bonne part du trésor espagnol dans les chantiers navals de Barcelone, de Gênes et de Messine.
Il faut agir avant que cette nouvelle flotte espagnole soit opérationnelle. Et il faut prendre Malte comme Piali Pacha a pris Djerba 5 ans plus tôt. L’empire ottoman sera alors maître de la Méditerranée centrale et pourra passer, avec les Barbaresques, à l’offensive dans le bassin occidental. La flotte ottomane quitte ses bases vers la mi-avril 1565 et arrive à Malte le 18 mai. Piali Pacha commande la flotte et Mustafa Pacha les troupes terrestres qui vont débarquer. Dans les forts de l’île, 700 Chevaliers, 4000 fantassins et cavaliers maltais et un bon nombre de gentilhommes volontaires et de mercenaires sont prêts à recevoir les envahisseurs. Les Français sont les plus déterminés car ils veulent rendre à leur pays son honneur, perdu, estiment-ils, à la suite de l’alliance franco-ottomane qui est une trahison envers l’esprit de croisade qu’ils ont toujours incarné.
Philippe II hésite à s’engager, justement, parce que les Chevaliers sont français pour la plupart, et il doute de leur fiabilité : le XVIe siècle fait émerger les premiers réflexes particularistes et nationalistes et disparaître l’esprit européen et croisé, multinational dans son essence. De plus, les Chevaliers ont fait allégeance au pape et, celui-ci, Pie IV, est farouchement hostile à l’Espagne, parce qu’il veut une Italie débarrassée de toute présence étrangère. On a beaucoup épilogué sur le comportement de Philippe II : a-t-il délibérément “trainé les pieds” ou a-t-il espéré garder Malte pour lui, de peur que des Chevaliers français la remettent un jour aux mains de son ennemi le roi de France ? Ou, plus simplement, n’avait-il plus assez d’argent pour envoyer des secours, ayant misé tout sur ses chantiers navals ?
Malte était défendue par 2 forts, le Fort Saint-Elme et le Fort Saint-Ange. Les Ottomans vont d’abord concentrer leurs attaques et leurs bombardements sur le Fort Saint-Elme, qui encaissera le choc le plus violent. La garnison tiendra longtemps. Elle recevra même le renfort de 42 Chevaliers allemands, accompagnés de 600 fantassins. Le 21 juin, les canons maltais tirent une salve qui emporte Dragut (Turgut) Pacha. Sa succession est prise par Ouloudj Ali, Italien converti à l’islam, qui s’illustrera 6 ans plus tard à Lépante. Avant de mourir, Dragut avait hermétisé l’encerclement du Fort Saint-Elme. Ni renforts ni vivres ni munitions ne peuvent plus venir en aide à la garnison.
Après un premier assaut ottoman, repoussé in extremis, “il n’y avait plus un seul homme qui ne soit pas couvert de son propre sang et de celui de l’ennemi et plus aucun n’avait encore de munitions”. Saint-Elme va tomber : tous les Chevaliers pris prisonniers, à l’exception de 9 d’entre eux, seront égorgés, leurs corps dénudés, démembrés, on leur coupera les mains, la tête et les parties génitales, ensuite on entaillera leurs torses d’un motif cruciforme et on clouera leurs troncs sur des croix de bois que les Ottomans lanceront à la mer pour que les oiseaux charognards s’en repaissent.
Outré, Jean de la Valette ordonne des représailles : tous les prisonniers musulmans sont amenés au sommet des donjons, décapités et jetés bas les murailles. Leurs têtes sont catapultées dans le camp ottoman. Dans la forteresse Saint-Ange règne une hygiène rigoureuse, inspirée de la tradition hospitalière. La garnison ne connaît pas d’épidémies. Dans le camp turc en revanche, les cadavres ne peuvent être enterrés profondément, la terre maltaise étant trop chiche. Les Chevaliers disposent de citernes d’eau douce abondante. L’approvisionnement en eau est problématique pour les Ottomans, pourtant habitués, eux aussi, à une grande hygiène. La maladie se répand au plus fort de l’été dans les campements des soldats turcs. Barnaby Rogerson écrit :
« Vers la moitié de l’été, les corps en putréfaction, à demi-enterrés dans les tranchées ou ensevelis sous les décombres des murailles ou dans les tranchées bombardées, ajoutent l’élément complémentaire qui répandra la maladie. Un déserteur ottoman apprend aux défenseurs que les blessures des soldats turcs ne guérissent pas, que la maladie régnait dans le camp et qu’ils ne recevaient qu’une ration de biscuit de 10 onces par jour ».
Les Turcs tentent un assaut général le 7 août : il est repoussé et la cavalerie maltaise opère une vigoureuse sortie qui sème le désordre dans le camp ottoman. Le siège va encore durer 30 jours. Mais la famine et la maladie minent le moral des Turcs, qui craignent de voir débouler la flotte espagnole, qui, effectivement, est en Sicile, avec autant de bâtiments que compte la flotte de Piali Pacha. Une tempête retarde les Espagnols. Le 5 septembre 1565, 5.000 hommes débarquent à Malte pour soulager les assiégés. Les Turcs se retirent en bon ordre. La dernière galère ottomane quitte Malte le 12 septembre. Un tiers des Chevaliers ont été tués, tous les autres avaient été blessés. Jean de la Valette avait 9.000 hommes sous ses ordres au début du siège : quand les Ottomans abandonnent la partie, il n’en a plus que 900.
Débarquement turc à Chypre et chute de Nicosie
Soliman Ier meurt en 1566 : il laisse à son héritier un empire ottoman qui s’est transformé au fil des décennies en une machine qui fonctionne à la perfection et qui s’étend sur 2.500.000 km2. Selim II, dit Selim le Sot vu sa propension pour la dive bouteille, prend sa succession. Mais Sélim II n’est pas aussi “sot” que veulent bien le croire ses adversaires. Pendant les 8 années où il exercera le pouvoir, il défendra bien les positions de l’empire ottoman, même si c’est sous son règne que les Turcs perdent la bataille de Lépante. Les Turcs n’ont pas pris Malte mais ils vont, dès 1567, arrondir leurs possessions en Égée : ils prennent Naxos. Le commandant général de la flotte espagnole de la Méditerranée, Garcia de Toledo, cède sa place à Don Juan d’Autriche, encore occupé à mater la révolte des Alpujarras en Andalousie. Les événements qui vont immédiatement précéder Lépante se mettent en place : nous savons que l’île de Djerba est tombée en 1560, que Malte a failli être enlevée aux Chevaliers en 1565 ; en 1570, Ouloudj Ali reprend Tunis mais est contraint de laisser la forteresse de La Goulette aux Espagnols.
En février 1570, un ambassadeur turc arrive à Venise et demande la rétrocession de Chypre. Sélim II croit qu’un incendie a ravagé de fond en comble l’arsenal de Venise et que la ville marchande n’a plus de flotte pour défendre ses possessions. En réalité, l’incendie n’a détruit que 4 galères. Délibérément les Ottomans provoquent les Vénitiens : l’ambassadeur de Venise s’entend dire par le vizir Sököllü que “Chypre appartient historiquement à l’empire ottoman”. Les marchands vénitiens sont arrêtés à Istanbul et les embarcations vénitiennes saisies. Le 1er juillet 1570, la flotte de Piali Pacha débarque les troupes ottomanes, fortes de 52.000 hommes, sur la côte méridionale de Chypre. Ils commencent la conquête de l’île.
Nicosie tombe le 9 septembre 1570. Ses murailles étaient trop anciennes, n’avaient pas pu résister à un bombardement d’artillerie. La garnison, commandée par Niccolo Dandolo, était mal équipée et mal entraînée ; les soldats n’avaient reçu aucune instruction pour manier les 1.040 arquebuses que Venise avait livrées. Dandolo était un chef timoré, qui a sans doute raté quelques bonnes occasions d’étriller l’armée turque, mais, malgré les lacunes qu’on a pu lui reprocher, il tient 45 jours devant les soldats de Lala Mustafa et repousse 14 assauts d’envergure. Au moment de la reddition, habillé de velours rouge pour recevoir dignement le vainqueur, Dandolo a la tête tranchée par un Turc, avant d’avoir pu prononcer un mot. “Massacres, écartèlements, empalements, profanations d’église et viols d’adolescents des deux sexes”, s’ensuit, écrit l’historien anglais Julius J. Norwich. La flotte de secours, qui cingle vers Chypre, apprend la chute de Nicosie et hésite à entrer en action.
La chute de Famagouste et le sort épouvantable de Marcantonio Bragadin
Lala Mustafa ne perd pas de temps : le 11 septembre, il envoie aux défenseurs de Famagouste un ultimatum leur ordonnant de se rendre sans tergiverser et, pour appuyer son ordre, joint la tête tranchée du malheureux Dandolo. Malgré leur supériorité en nombre et en matériel, les Turcs avaient buté pendant 45 jours contre une cité mal défendue. Famagouste, au contraire, est une ville correctement fortifiée et commandée par 2 officiers de belle prestance : Marcantonio Bragadin et Astorre Baglioni de Pérouse (Perugia). Le siège sera long : il va durer du 17 septembre 1570 au 5 août 1571.
Les assiégés, peu nombreux mais bien entraînés, feront de nombreuses sorties, menant bataille jusqu’au centre même du camp de Lala Mustafa. Ce dernier fait appel à des sapeurs arméniens pour creuser des sapes sous les murailles de Famagouste. Un impressionnant réseau de tranchées entoure la ville. 10 tours de siège canardent les défenseurs de haut. En juillet, tous les animaux de la ville ont été mangés : il ne reste aux assiégés que du pain et des fayots. Des 8.000 hommes de la garnison, il n’y en a plus que 500 de valides et ils tombent de sommeil et d’épuisement. Il faut se rendre. Les 2 commandants font hisser le drapeau blanc sur les remparts.
Lala Mustafa, écrit J. J. Norwich, fait une offre très chevaleresque : tous les Italiens pourront rembarquer, et tous les autres habitants, quelle que soit leur nationalité, pourront les accompagner. Le document porte la signature de Lala Mustafa et le sceau du sultan. En outre, Lala Mustafa complimente ses adversaires pour leur courage et leur ingéniosité à défendre leur ville. Bragadin et Baglioni se rendent alors, en grande pompe, dans le camp de Lala Mustafa pour lui remettre solennellement les clefs de la cité vaincue. Dans un premier temps, il reçoit la délégation avec courtoisie puis, soudain, change d’attitude, injurie de la manière la plus obscène ses interlocuteurs, sort un coutelas et tranche une oreille de Bragadin, tout en ordonnant à l’un de ses assistants de lui couper l’autre oreille et le nez. Les gardes, eux, reçoivent l’ordre d’exécuter immédiatement tous les membres de la délégation. Baglioni est décapité ainsi que le capitaine des artilleurs vénitiens, Luigi Martinengo. Près de 350 têtes seront ainsi empilées devant la tente du pacha, furieux, en fait, d’avoir perdu près de 50.000 hommes dans l’aventure.
Bragadin est emprisonné, ses plaies, non soignées, deviennent purulentes. Il est dans un état de faiblesse épouvantable. Les Turcs l’extraient de sa prison, le chargent de sacs de pierres ou de terre et le promènent, ainsi chargé, autour des murs de la ville. On le hisse ensuite, ligoté sur une chaise, au mât du navire amiral turc, pour l’exposer aux moqueries des marins, qui lui lancent : “Vois-tu, chien, ta flotte de chrétiens approcher ?”. Sur une place de Famagouste, on l’attache à une colonne et le bourreau commence à l’écorcher vif. Bragadin meurt quand l’exécuteur lui entame la taille. Son cadavre est décapité, puis écartelé. On emplit sa peau de paille et de coton, on hisse ce sinistre mannequin sur une vache et on le promène dans les rues.
Quand Lala Mustafa retourne à Istanbul, il emporte avec lui les têtes de ses principaux adversaires et le mannequin confectionné avec la peau de Bragadin : il exhibe ces trophées à son sultan. Le sort de Marcantonio Bragadin crie vengeance. Pie V avait appelé Espagnols et Vénitiens à la réconciliation : déjà, en juillet 1570, pendant le siège de Nicosie, le projet d’une nouvelle “Sainte Ligue” est soumis et aux doges et à Philippe II. Le 25 mai 1571, sa constitution est officiellement proclamée sous les voûtes de Saint-Pierre à Rome. Cette Ligue devait être perpétuelle, offensive aussi bien que défensive et dirigée contre l’empire ottoman et ses vassaux nord-africains.
La Sainte-Ligue et la bataille de Lépante
Après avoir quitté Chypre, les Turcs cinglent vers la Mer Ionienne et l’Adriatique ; ils débarquent à Corfou et sur les côtes dalmates. Ils pensent que rien ne les arrêtera et qu’ils seront bientôt à Venise même. La flotte de la Sainte-Ligue, dont ils avaient sous-estimé l’ampleur, s’est rassemblée à Messine en août. Son centre est commandé par Don Juan d’Autriche, demi-frère de Philippe II, par le Vénitien Venier et le Romain Colonna, amiral de la flotte papale. L’aile droite est sous les ordres de Doria. L’aile gauche sous les ordres du Vénitien Augustino Barbarigo. 2 petites escadres, servant d’avant-garde et d’arrière-garde, sont sous le commandement de Don Juan de Cardona et du Marquis de Santa Cruz. En apprenant que cette formidable armada s’approche de leurs positions, les Turcs se réfugient dans leurs bases grecques. Les Européens ont réellement envie d’en découdre. Ils viennent d’apprendre le sort de Bragadin et veulent à tout prix le venger.
Les 2 flottes se rencontrent à l’aube du 7 octobre, à l’entrée du Golfe de Patras. La Sainte-Ligue aligne 206 galères ; chacune d’elle transporte de 200 à 400 hommes, dont 100 soldats. Sur la proue de chaque galère, on a installé une plateforme avec 5, 6 ou 7 canons. Les Vénitiens alignent en plus 6 galéasses, de grosses galères de 6 mâts, portant une cinquantaine de canons. La flotte turque, elle, dispose de 220 galères, portant peu de canons. Les Ottomans n’ont pas de galéasses : ils ignorent l’existence de cette arme, inspiré par la grande caraque “Sant’Anna” de l’Ordre de Saint-Jean. Comme convenu à Messine en août, Don Juan dispose sa flotte en 3 parties : le centre, qu’il commande lui-même, une aile gauche et une aile droite. Devant chacune de ces formations, Don Juan fait placer 2 galéasses. Les Turcs optent pour une dispositif similaire.
Leur centre est constitué de 90 galères dirigées par Ali Pacha, grand amiral ottoman. L’aile gauche est commandée par Ouloudj Ali, le rénégat calabrais, et composée pour l’essentiel de galères algéroises, également 90 en tout. L’aile droite est sous les ordres de Mohammed Scirocco et aligne 60 galères. Les effectifs embarqués de la Sainte-Ligue s’élèvent à 80.000 hommes, dont 40.000 rameurs, condamnés ou volontaires, mais quasiment tous chrétiens. Les effectifs ottomans sont du même ordre, mais les galériens sont des chrétiens réduits à l’esclavage. Le temps est beau, la tempête des jours précédents s’est apaisée. “Assez de paroles, le temps des conseils est passé : ne vous préoccupez plus que de combattre”, réplique Don Juan à ceux qui veulent encore délibérer, avant la bataille, au sein d’une alliance somme toute fragile. Les soldats l’acclament, il inspire l’enthousiasme et l’obéissance. Sur le plan moral, il a déjà gagné.
Le feu irrésistible des galéasses des frères Bragadin
Dès qu’elles s’aperçoivent, les 2 flottes avancent l’une vers l’autre, chacune selon un dispositif en croissant, avec les ailes légèrement avancées par rapport au centre. Le front de la bataille est de 7 km maximum. Les ailes adverses, que les commandants ont placées au nord de leurs dispositifs, sont proches de la côte. L’artillerie des galéasses vénitiennes amorce la bataille. Ces énormes embarcations, une innovation des ingénieurs vénitiens, sont très mobiles, combinent rames et voiles, et peuvent faire feu dans toutes les directions. 4 d’entre elles vont détruire en une demie-heure le tiers de la flotte d’Ali Pacha. Parmi les commandants de ces galléasses, 2 frères de Marcantonio Bragadin, Antonio et Ambrogio. Ils vont venger le martyr de Famagouste. Ils hurlent leurs ordres à leurs canonniers pour qu’ils arrosent d’un feu nourri les galères turques. On est bien d’accord sur toutes les galères et galéasses de Venise que pour venger Dandolo, Baglioni, Martinengo et surtout Bragadin, on ne fera aucun prisonnier. Avant même que la bataille ne commence vraiment, les galéasses avait mis hors de combat ou tué 10.000 Turcs. La mer était déjà couverte de noyés, de mâts ou de rames rompus, de morceaux de coque et de débris de toutes natures : jamais on n’avait encore vu de telles destructions lors d’une bataille navale, en si peu de temps.
Pour galvaniser les Turcs, qui avaient paniqué devant le feu dense des galéasses, la galère amirale d’Ali Pacha, la “Sultana”, fonce vers “La Reale” de Don Juan, accompagnée de 96 autres galères. En voyant foncer ainsi le centre du dispositif turc sur eux, les prêtres espagnols et italiens, qui, tous, portent l’épée et ont bien l’intention de s’en servir, bénissent rameurs et soldats. Don Juan harangue ses troupes quelques minutes avant le choc : “Mes enfants, nous sommes ici pour conquérir ou pour mourir, comme le Ciel le voudra”. Les Européens, ce jour-là, sont chauffés à blanc : ils se batteront comme des possédés, mus essentiellement, sinon par la foi chrétienne, par l’ivresse de la vengeance pour les atrocités ottomanes commises à Chypre et à Corfou. Les soldats espagnols et italiens, issus des villes littorales, veulent venger les leurs tués ou enlevés lors des razzias ottomanes ou barbaresques, perpétrées depuis des décennies.
Don Juan à la pointe du combat sur la Sultana d’Ali Pacha
Et c’est le choc, brutal, les soldats espagnols et allemands de Don Juan, sautent sur le pont de la Sultana d’Ali Pacha, qui est une merveille esthétique mais ne dispose pas de balustrades et de parapets pour protéger ses superstructures, comme leur propre galère amirale, La Reale. C’est sur le pont de la Sultana que la bataille rangée aura lieu. Les soldats de la Sainte Ligue ont l’avantage d’être cuirassés et casqués, face aux Turcs coiffés de turbans. Par 2 fois, ils approchent la personne d’Ali Pacha, mais les petits bâtiments turcs déversent sans cesse des renforts sur la Sultana, en espérant que le nombre et le courage des janissaires viendra à bout de ces soldats bardés de fer, qui manient l’arquebuse à merveille, avec une discipline de groupe sans pareille. Les embarcations espagnoles ont un pont surélevé par rapport à leurs équivalentes turques : de là, les arquebusiers des tercios peuvent canarder les Turcs et surtout leurs archers, qui sont, dans le camp ottoman, les combattants les plus dangereux.
À suivre