Le retour de Karim Benzema en équipe de France de football est très commenté par les médias et les observateurs sportifs. Pierre Boisguilbert, chroniqueur régulier de Polémia a voulu aborder ce sujet sportif… et politique !
Karim Benzema est de retour en équipe nationale française pour l’Euro. Cette décision très inattendue du sélectionneur Didier Deschamps a été saluée comme un événement formidable et positif par la presse, et pas seulement sportive. On remarquera que le Franco-algérien n’a pas remercié Deschamps : il a remercié Dieu. C’est au moins clair, il va rajouter encore un peu plus de vert, couleur de l’islam, dans le bleu de notre « onze ».
« Mon cœur est en Algérie »
Didier Deschamps prend un risque : ce retour va certainement provoquer des changements de stratégie de jeu et va exacerber certaines rivalités et vanités.
L’autre danger, c’est pour l’état d’esprit. Car certaines déclarations de Benzema sont gênantes. L’homme qui refuse de chanter La Marseillaise affirme que s’il a fait sa carrière, son « cœur est en Algérie ».
Un homme bien dans la lignée indigéniste, qui accusait l’entraineur de l’avoir écarté en cédant à la « pression d’une France raciste ». C’était diffamatoire mais, aujourd’hui, Deschamps n’aurait-il pas cédé a des pressions plus réelles et plus forte imposée par les idéologies victimaires dominantes ?
Karim Benzema avait été évincé de l’équipe nationale suite à l’affaire de la sextape de son coéquipier en sélection Mathieu Valbuena. Une affaire qui aurait donné lieu à une tentative de chantage et donc d’extorsion de fonds. Karim Benzema, qui sera jugé en octobre, réintègre ainsi les Bleus après six ans d’absence et de multiples controverses.
Retournement d’autant plus étonnant que le sélectionneur national semblait éternellement fâché avec le buteur du Real Madrid. On verra bien le résultat du retour de ce très bon joueur sur le terrain, mais peu exemplaire pour les jeunes et résolument situé dans la ligne racialiste du Guadeloupéen Lilian Thuram — dont Deschamps, de façon aussi inattendue, a aussi sélectionné le fils.
« L’ethnicisation » du foot
En 2016, lorsque le joueur formé à Lyon n’est pas repris pour l’Euro de football, il déclare au journal espagnol Marca : « Deschamps a cédé sous la pression d’une partie raciste de la France. »
Réaction de Nicolas Sarkozy, qui n’est alors plus président, au micro de RTL : « Je trouve tout ça désolant pour le sport, pour la fête qu’est l’Euro, pour le football qui est ainsi politisé… C’est le résultat d’un communautarisme militant, encouragé par ce gouvernement depuis quatre ans. Le gouvernement et notamment François Hollande, a joué avec les communautarismes, a poussé les Français les uns contre les autres. »
En 2016, François Hollande, alors à l’Élysée, s’épanche dans le livre de confidences Un président ne devrait pas dire ça. Il admet que « moralement, ce n’est pas un exemple, Benzema » et regrette la « communautarisation » la « segmentation », « l’ethnicisation” de l’équipe de France de football.
Tout cela n’a fait que s’aggraver dans notre société archipélisée.
Emmanuel Macron déclare quant à lui : « J’ai perçu cette affaire comme devant être traitée au bon endroit par les bonnes personnes. Je suis président de la République, pas sélectionneur de l’équipe de France. J’adore le football […] mais à la fin, celui qui est en charge de choisir son équipe, c’est Didier Deschamps, ce qui n’enlève rien aux qualités de Karim Benzema qui rayonne dans le championnat espagnol depuis plusieurs années. Mais il y a un cadre et des règles. Et le sélectionneur sait que même un joueur très talentueux, si ça ne prend pas avec le collectif, cela peut tout désagréger.»
A-t-il changé d avis ? Le « en même temps » lui permet d’avoir des sincérités et des analyses successives et opposées.
Benzema rentrera-t- il dans le cadre et les règles en respectant le collectif et l’esprit d’une équipe nationale française ?
Attendons les prochains buts, ou les prochains cartons rouges, sur le terrain.
Pierre Boisguilbert
Tribune reprise de Polémia