Le « bachot » est mort et enterré. Toutes les personnes un tant soit peu sérieuses le savent, le disent et le répètent depuis des années. Pourtant, une fois encore, on a rejoué en ce début d’été la grande comédie de cet examen aussi coûteux que désormais sans valeur, dans des conditions encore plus ubuesques que par le passé, crise sanitaire oblige. Les résultats viennent de tomber. Va-t-on enfin atteindre les 100 % d’admission exigés par notre société inclusive et égalitaire ?
Pas tout à fait, mais on s’en approche ! Et n’en doutons pas, les lycées des banlieues se distingueront tout particulièrement, comme chaque année, par l’excellence de leurs résultats, prouvant ainsi que ces zones que certains mauvais esprits présentent comme des territoires perdus de la République sont en réalité des pépinières de talents et de futurs brillants étudiants.
En attendant, dans l’académie de Bordeaux par exemple, 91,8 % des candidats ont été admis dès le « premier tour ». Du côté du baccalauréat général, on atteint les 95,9 %, en hausse de 0,7 point par rapport à l’édition 2020, tandis que le baccalauréat technologique pointe à 91,2 %, en baisse de 0,8 point, tandis que les séries STMG, STL, ST2S et STD2A atteignent respectivement 88,3 %, 91,1 %, 94 % et 96 % de réussite avant la session de rattrapage. On pourra noter que pour la série S2TMD, le taux de réussite atteint les fameux 100 %. Des chiffres à faire pâlir d’envie un chef d’état africain !
Il est vrai que cette année, toutes les conditions étaient réunies pour battre les records précédemment établis. Allègement du nombre d’épreuves écrites, priorité donnée au contrôle continu et même choix de la note la plus avantageuse entre les deux dans certains cas comme pour la composition de philosophie. Pas vraiment de quoi exciter l’ardeur studieuse de nos chers lycéens.
Alors, au final, à quoi sert cet examen à peu près gagné d’avance et largement démonétisé ? A tromper une jeunesse à demi illettrée en lui laissant croire qu’elle a le niveau suffisant pour entamer des « études supérieures » ? A maintenir artificiellement en vie un vieux totem de l’Education nationale ? On peine à trouver des explications satisfaisantes tant il est évident que ce qui était jadis un instrument de la « méritocratie républicaine » est devenu un gadget trompeur et sans valeur – qui ne fait que repousser la sélection à plus tard –, victime de la massification de l’enseignement secondaire et de l’esprit égalitariste du temps. Le « bac » version 2021 ne fait qu’entretenir les illusions des naïfs, des sots et des menteurs qui continuent à prétendre que « le niveau monte ». Il est grand temps de le réformer radicalement, en sens inverse de ce qui a été fait jusque-là, ou de le supprimer. Pour revenir au réel.
Xavier Eman
Article paru dans Présent daté du 7 juillet 2021