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La nécessaire humilité des scientifiques

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De Pierre-Antoine Pontoizeau, pour le Salon beige:

Les thérapies géniques (vaccin) seraient la panacée. Il faudrait croire les médecins, les laboratoires et nos Etats en toute naïveté. Mais une autre actualité mérite toute notre attention. En effet, nos apprentis-sorciers découvrent toutes les limites des antibiotiques. C’est le scandale de l’antibiorésistance. C’est, là encore, l’arrogance et la prétention à court terme, sans oublier l’enrichissement des laboratoires, qui mettent toute la médecine occidentale face à une difficulté majeure : la résistance des agents biologiques aux antibiotiques.

  1. La preuve de l’urgence liée à l’antibiorésistance

Commençons par la preuve de cette urgence. Le CHAM (Convention on Health Analysis and Management, connu pour être le Davos de la santé sur invitation) organisé par l’influent Guy Vallancien – auteur de la médecine sans médecin – a bien pour sujet majeur lors de sa session du 1er et 2 octobre 2021 : comment lutter contre l’antibiorésistance humaine et animale ? Cela prolonge les inquiétudes croissantes des Etats dont la France. Le site du gouvernement est éloquent à ce sujet. Je cite :

« L’accroissement des résistances bactériennes et l’émergence de nouveaux mécanismes de résistance remettent en question la capacité à soigner les infections, même les plus courantes. Ce phénomène, lié à la surconsommation et au mésusage des antibiotiques, est aggravé par l’arrêt de production de certains anciens antibiotiques et l’absence d’innovation conduisant à une réduction de l’arsenal thérapeutique disponible. Il est aussi potentiellement lié à la contamination de l’environnement par des résidus d’antibiotiques et d’autres polluants, qui favorisent l’émergence et la dissémination de bactéries résistantes. L’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde. L’antibiorésistance est un problème universel qui nécessite une action coordonnée associant santé humaine, animale et environnement. L’organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté en 2015 un plan d’action global, recommandant aux États d’élaborer un plan national sous le concept d’une seule santé, « One Health ». L’Union européenne a adopté en 2016 une résolution visant à renforcer l’action des États membres. »

On trouve un peu plus loin :

« Parallèlement, les positions de la France seront portées au niveau européen et international afin notamment d’interdire universellement l’usage des antibiotiques en tant que promoteurs de croissance en élevage hors Union européenne (les antibiotiques ne peuvent plus être utilisés comme facteurs de croissance dans l’Union européenne depuis 2006), et de porter au niveau européen un projet de mécanisme d’encadrement spécifique, associé à un modèle économique soutenable, pour le développement de nouveaux produits. »

Le lecteur aura noté qu’on a généralisé par facilité l’usage des antibiotiques jusqu’à saturation des organismes, sans tenir compte des mutations des agents biologiques. Ceux-là sont stables et idiots, c’est bien connu et l’adaptation des espèces ne s’appliquent pas à de si petites choses que Darwin lui-même n’a pas bien inséré dans sa théorie de l’évolution. Les bactéries résistent, diable. CQFD. De plus, nos géniaux médecins et vétérinaires n’avaient pas imaginé que l’antibiotique favorisant la croissance du veau par exemple finissait dans notre assiette puis dans notre organisme. Trop évident pour de si beaux esprits sans doute! Cette première situation invite à un peu d’humilité, mais la suite démontre que la connaissance dépend des intérêts et que la cupidité renverse la table du savoir.

  1. L’histoire d’une économie sacrifiant les autres médecines

Un tout petit peu d’histoire d’abord. Dans la foulée de la découverte de la pénicilline G en 1928 par le biologiste écossais Alexander Fleming, les médecins y ont vu une efficacité redoutable et un espoir de soin – à juste titre à court terme. Les laboratoires ont ensuite pris le relai. Comme le rappelle le Vidal dans son histoire des antibiotiques, « Une nouvelle levure est isolée, Penicillium chrysogenum , qui produit deux cent fois plus de pénicilline que la levure de Fleming. La production industrielle est confiée à plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques. En 1941, les laboratoires Pfizer résolvent la difficulté d’une production en grande quantité, grâce à leur expérience de la fermentation en cuves, acquise dans la production d’acide citrique. La pénicilline devient alors un médicament essentiel en cette période de guerre, pour soigner les milliers de soldats blessés. Elle fait son entrée massive en Europe à la faveur du débarquement en Normandie, et devient l’antibiotique majeur, rapidement suivie par d’autres antibiotiques découverts après la guerre (terramycine, chloramphénicol, etc.). »

Mais tout cela s’est fait en sacrifiant des alternatives prometteuses. La cupidité des laboratoires les a incités à convaincre les médecins occidentaux qu’il fallait tout parier sur les antibiotiques et cesser d’investir dans d’autres recherches. Un air de déjà vu par rapport aux alternatives aux thérapies géniques (vaccin) aujourd’hui même. En effet, il existait la phagothérapie, utilisant des virus bactériophages pour traiter des maladies infectieuses d’origine bactérienne. On s’intéresse de nouveau à ces phages connus dès le début du 20e siècle, mais dénigrés dans les années 50 quand les médecins occidentaux et les laboratoires veulent croire que les maladies infectieuses sont définitivement vaincues par les antibiotiques. Or, leur utilisation immodérée va favoriser l’émergence de bactéries multi-résistantes.

Comme l’atteste une intervention au Sénat, le risque de ne plus pouvoir soigner des maladies infectieuses par des antibiotiques fait courir un tel risque sanitaire qu’il est urgent de chercher des alternatives :

« Question orale n° 0696S de M. Yannick Vaugrenard (Loire-Atlantique – SOCR) publiée dans le JO Sénat du 21/03/2019 – page 1476 à l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la phagothérapie. La phagothérapie a été inventée à Paris il y a cent ans. Elle consiste en l’utilisation de phages pour le traitement d’infections bactériennes. Elle a cependant aujourd’hui quasiment disparu en France en raison de l’avènement des antibiotiques, jugés plus pratiques et plus efficaces. Pourtant, dès que l’usage des antibiotiques s’est répandu dans les années 1960 à 1980, les praticiens et les chercheurs ont constaté que les bactéries ont la capacité à se transformer de manière à pouvoir survivre à l’assaut d’un ou de plusieurs antibiotiques. Avec 125 000 infections par an et 5 500 décès, la France est le sixième pays européen le plus affecté après l’Italie, la Grèce, la Roumanie, le Portugal et Chypre. Si rien n’est entrepris au niveau mondial, ce phénomène risque d’entraîner la mort de 10 millions de personnes en 2050. Aujourd’hui, des patients se retrouvent donc en impasse thérapeutique suite à des infections résistantes et vont se faire soigner en Géorgie ou en Russie. Ce sont évidemment les personnes les plus aisées qui peuvent aller se faire soigner à l’étranger, alors que les autres meurent ou subissent des amputations. Ceci n’est pas acceptable. La phagothérapie peut être utilisée pour de nombreuses pathologies : infections urinaires, staphylocoques dorés, maladies nosocomiales, infections respiratoires, ostéo-articulaires, gynécologiques… »

  1. une expertise française sacrifiée sur l’autel des laboratoires américains : Pfizer en tête

Mais soyons, clair, ce savoir est né en France au début du XXe siècle. C’est Félix d’Hérelle qui, en 1917, observe un microbe antagoniste des bacilles dysentériques qu’il dénommera : « bactériophage ». D’Hérelle travaille à l’emploi de ces « phages » traitant les infections bactériennes. En France, le « Laboratoire du bactériophage » commercialise ces phages. Les antibiotiques mettent un terme à cette médecine. C’est en URSS que sa médecine se développera, à Tbilissi en particulier grâce à George Eliava qui avait rencontré d’Hérelle à l’Institut Pasteur.

Médecine complexe qui demande de disposer de nombreux types de bactériophages appropriés à chaque maladie, elle était trop sophistiquée pour lutter face à l’efficacité et le rendement économique des antibiotiques. Mais voilà, quelques décennies plus tard, devant une situation catastrophique du fait de l’inefficacité croissante de l’antibiothérapie, les phages deviennent de nouveau une alternative médicale sérieuse. Certains, dont le Docteur Olivier Patey, chef de service des maladies infectieuses et tropicales au centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne exprime très bien cette situation. Il dit des phages : « Ils sont puissants, rapides et ciblés, ne détruisent que certaines souches sans toucher aux bonnes bactéries de l’organisme. Ils se multiplient spontanément aussi longtemps que la bactérie cible demeure présente, puis ils disparaissent avec elle. » Il rappelle que la médecine s’en détourne dans les années 80 : « Les phages n’intéressent plus personne en Europe ». Or, les ravages de l’antibiorésistances sont-là. La France a perdu le savoir, elle n’a plus de banque de phages. Les phages russes sont interdits à l’importation (comme son vaccin aujourd’hui, étonnant !). Rien n’avance, et pour cause, les intérêts économiques de l’antibiothérapie sont colossaux.

(https://www.france.tv/france-2/telematin/402151-sante-lutter-contre-la-resistance-aux-antibiotiques.html

  1. Les stratégies thérapeutiques, un peu d’intelligence et d’humilité au lieu de la cupidité

Cette histoire permet de tirer quelques enseignements. Premièrement, les intérêts économiques ne font pas bon ménage avec la connaissance et la recherche. Au contraire, ils détruisent, évincent, dénaturent et recherchent le monopole cupide. Pfizer est déjà là. Deuxièmement, nombre de médecins sont quelque peu vaniteux et orgueilleux, aveuglés par leurs découvertes et leur efficacité temporaire, ne prenant plus aucune précaution dans la durée. Triste sire pour ne pas dire imbécile, parce la mutation des bactéries est connue et que le risque était lui aussi connu dès le départ. Troisièmement, l’élimination des alternatives est criminelle et irresponsable car elle fait perdre un temps précieux pour maîtriser des stratégies thérapeutiques variées ; soit réduire les risques. L’imbécilité se renforce là de l’imprudence coupable.

Voilà pourquoi la crise sanitaire véritable est bien plus celle de l’antibiothérapie qui a fait la fortune des laboratoires qui se savent aujourd’hui menacé dans leur source de revenu. Il faut donc inventer des chimères et des thérapies universelles à vente récurrente pour préserver sa richesse en balayant d’un revers de main l’ensemble des risques sanitaires inhérent à ces thérapies géniques dont on va découvrir les ravages, comme pour les antibiotiques, après coup. Des premiers éléments sont alarmants dont la mortalité post-vaccinale. Cette médecine sous l’emprise du capitalisme des thérapeutiques doit cesser. Il appartient aux populations et aux Etats de reprendre le pouvoir sur la recherche, de reprendre leur responsabilité sur les stratégies de santé. Et vous l’aurez compris, tout cela devrait inspirer une bonne dose d’humilité à ceux qui nous saoulent de leurs certitudes arrogantes sur les plateaux de télévision, mais je ne connais pas la pilule de l’humilité, dommage.

https://www.lesalonbeige.fr/la-necessaire-humilite-des-scientifiques/

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