L’union fait la force ? Pas toujours, apparemment… En effet, dans un rapport publié en début de semaine, la Cour des comptes européenne met en lumière l’échec complet de l’Union européenne en matière d’application des retours des migrants illégaux dans leurs pays d’origine.
Selon la Cour, les 26 Etats membres rassemblés sous l’égide des institutions européennes sont tellement inefficaces dans leur politique d’expulsion des migrants clandestins que cette impuissance à garantir le retour des migrants en situation irrégulière dans leur pays d’origine « encourage » grandement les migrations clandestines. Car, en effet, les informations circulent vite et les migrants savent désormais très bien que les retours prononcés ne sont quasiment jamais effectifs.
Ainsi, sur les 500 000 ressortissants de pays tiers qui reçoivent chaque année l’ordre de quitter l’UE parce qu’ils y sont entrés ou y séjournent illégalement, seul un tiers retournent effectivement dans leur pays d’origine ou de transit (par un retour volontaire ou forcé). Un taux qui chute à moins de 20 % pour les retours vers des pays situés en dehors du continent européen !
Pour Leo Brincat, le rapporteur du texte, « les actions entreprises par l’UE en vue de renforcer la coopération avec les pays tiers en matière de réadmission sont pertinentes, mais elles n’ont donné que peu de résultats ». Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites !
Pourtant, pour favoriser ces retours, l’UE a conclu depuis le début des années 2000 des accords de réadmission avec 18 pays tiers (dont Albanie, Bosnie, Serbie, Pakistan, Géorgie, Turquie, Biélorussie…), et ouvert des discussions avec six autres Etats (Maroc, Algérie, Chine, Tunisie, Jordanie, Nigeria). Par ailleurs, l’UE a aussi négocié entre 2016 et 2018 six arrangements juridiquement non contraignants en matière de retour et réadmission (Afghanistan, Bangladesh, Guinée, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gambie). Des dispositifs souvent coûteux qui ont abouti au brillant résultat constaté aujourd’hui (sans même parler des « expulsés » qui reviennent quelques mois plus tard via une autre porte d’entrée de l’UE…).
Un constat d’échec qui nourrit bien évidemment le discours des souverainistes appelant à une reprise en main nationale des problématiques migratoires même si une coopération européenne apparaît néanmoins indispensable face à l’ampleur des flux et à l’importance des enjeux. Pour eux, une solidarité internationale entre Etats souverains et indépendants, soucieux de leurs peuples, fonctionnerait plus efficacement que les politiques supranationales élaborées et imposées par des instances technocratiques bruxelloises soumises à des intérêts mondialistes et sans légitimité démocratique. Au regard de l’incapacité de l’UE à enrayer la submersion migratoire qui étouffe progressivement le continent, il apparaît difficile, aujourd’hui, de leur donner tort.
Xavier Eman
Article paru dans Présent daté du 16 septembre 2021