Le 6/11/2007, réélu député, j’ai posé une question écrite au gouvernement. Celle-ci était clairement favorable à l’énergie nucléaire. Ce choix avait été une excellente décision de la Ve République gaulliste, et j’y étais attaché, non par idéologie, mais par le raisonnement, et je percevais qu’au sein même de la majorité à laquelle j’appartenais, la mode écologique et l’idéologie des “pastèques” commençaient à faire des ravages. Le ministre interrogé était celui de l’Ecologie, du développement et de l’aménagement durables.
Le titre même donné au ministère respirait l’atmosphère du début du mandat présidentiel de Sarkozy. Elu contre toutes les théories des commentateurs patentés de la politique, non au centre, mais bien à droite, le nouveau président, sous la pression des antichambres, des visiteurs du soir et des groupes de pression, “les lobbies”, avait cru intelligent de pratiquer l’ouverture à gauche qui tua son quinquennat dans l’oeuf. Le ministre interrogé, qui avait retrouvé le mot “énergie” dans l’appellation de son ministère, ne fut pas très pressé de me répondre. Il s’agissait de Jean-Louis Borloo avec pour Secrétaire d’Etat Nathalie Kosciusko-Morizet. Ces deux créatures des médias ont toujours pratiqué le progressisme chic qui consiste à défendre des idées de gauche, à se faire élire à droite et à participer à des gouvernements centristes. La réponse respire cette ambiguïté qui n’avait rien de rassurant.
Bien sûr, la réduction de l’émission de gaz carbonique grâce à la production d’électricité d’origine nucléaire est rappelée. Un autre argument est mis en avant, celui de la réduction de la facture énergétique et de la sécurité des approvisionnements, ô combien d’actualité maintenant. Mais, aussitôt après arrivent les mots de l’idéologie verte, “énergie renouvelable” et “bouquet énergétique”. Le calcul intégré à l’argumentation indique que la production d’électricité et de chaleur engendre 40% des émissions de CO2 dans le monde et 13% seulement en France. Cette présentation pourrait faire croire que si 87% du CO2 proviennent d’autres sources, il faut donc redoubler d’efforts. Mais ce serait oublier volontairement que grâce au nucléaire pour l’électricité, la France produit globalement beaucoup moins de gaz carbonique pour son énergie : 0,9% de la production mondiale, et 4,56 T/h/an, un record vertueux, et donc que cette part de 13% relativise l’ensemble des émissions. Par ailleurs, que signifie le besoin souligné des énergies renouvelables pour répondre à la demande d’énergie de pointe ? C’est exactement le contraire : les énergies renouvelables, les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, dépendant du vent et du soleil sont intermittentes et nécessitent l’appel à une énergie d’appoint. L’Allemagne vient d’en faire la démonstration : la fermeture de ses centrales nucléaires pour des motifs électoraux, afin de séduire les “Verts”, et non en raison de l’accident de Fukushima, qui a peu de risques de se produire en Europe centrale, a rendu l’usage de centrales extrêmement polluantes, au charbon ou même au lignite, indispensable.
La gesticulation et les tergiversations autour de l’énergie sont l’une des marques de la scandaleuse irresponsabilité de nos gouvernants. La réponse qui m’a été faite tentait “en même temps” (déjà) de faire la part du nucléaire et du “renouvelable”. C’était aller dans le sens de cette déconstruction du nucléaire voulue par la gauche sous la pression des “pastèques” : fermeture de Superphénix en Juin 1997, par Lionel Jospin ; abandon du projet Astrid en Août 2019 ; fermeture de Fessenheim et plan pluriannuel de l’énergie de 2020 annonçant l’arrêt de 14 réacteurs d’ici 2035, tout cela sous Macron qui se rallie à nouveau au nucléaire aujourd’hui. Malheureusement cette politique incertaine a provoqué des retards et une perte de qualification et de savoir-faire qui participe au déclin de notre pays.
Question N° : 9446 | de M. Vanneste Christian(Union pour un Mouvement Populaire – Nord) | QE |
Ministère interrogé : | Écologie, développement et aménagement durables | |
Ministère attributaire : | Écologie, énergie, développement durable et aménagement du territoire | |
Question publiée au JO le : 06/11/2007 page : 6792 | ||
Réponse publiée au JO le : 16/09/2008 page : 7991 | ||
Date de changement d’attribution : 18/03/2008 | ||
Rubrique : | énergie et carburants | |
Tête d’analyse : | politique énergétique | |
Analyse : | énergie nucléaire. perspectives | |
Texte de la QUESTION : | M. Christian Vanneste attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables, sur l’efficacité du nucléaire contre le réchauffement climatique. Il semble que le nucléaire soit un puissant économiseur de CO2 qui permet d’éviter chaque année le rejet de 2 milliards de tonnes de gaz soit près de 10 % des rejets mondiaux. Un développement raisonnable du nucléaire (doublement ou triplement en vingt-cinq ans) permettrait d’accomplir un grand pas dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il souhaiterait connaître la position du Gouvernement sur ce sujet. | |
Texte de la REPONSE : | L’énergie nucléaire concourt effectivement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. À titre d’illustration, le recours au nucléaire en France a permis d’éviter en 2005 la production de 148 MtCO2, soit environ un tiers des émissions actuelles de notre pays ou la quasi-totalité des émissions dues aux transports routiers. Alors que la France s’engage à rester d’ici 2010 au niveau des émissions de 1990 et à les diviser d’un facteur 4 d’ici 2050, l’énergie nucléaire constitue un atout. En outre, au-delà de la question de la lutte contre le changement climatique, l’énergie nucléaire assure une large part de la sécurité d’approvisionnement de la France et permet la réduction de sa facture énergétique, notamment dans un contexte de forte hausse des prix des énergies fossiles. Cependant, l’énergie nucléaire ne peut être qu’une partie de la réponse au réchauffement climatique. Tout d’abord parce que la question du CO2 va bien au-delà de la question de l’électricité ; en 2004, les émissions de CO2 dues à la production d’électricité et de chaleur représentaient 40 % du total des émissions au niveau mondial et 13 % du total des émissions en France. La division par 4 ou même par 2 des émissions de CO2 ne peut donc se limiter à des actions sur l’électricité. Par ailleurs, le nucléaire ne peut couvrir qu’une part marginale des besoins d’électricité de pointe et doit assurer de manière complémentaire le développement des énergies renouvelables afin de diversifier notre bouquet énergétique. La poursuite du nucléaire nécessite enfin que les pouvoirs publics continuent à garantir une sûreté nucléaire de haut niveau et les conditions d’une gestion des déchets radioactifs sûre et pérenne. Ainsi, un bouquet énergétique, reposant sur l’addition du renouvelable, du nucléaire et de la maîtrise de l’énergie, sera la clef des enjeux énergétiques de demain. |