L’OCDE, dans une enquête consacrée à l’« impact budgétaire » des coût engendrés par l’immigration et des contributions versées par les migrants, en a conclu, ce jeudi 28 octobre, que le coût s’équilibrait, voire qu’il pouvait être positif.
L’essayiste Jean-Paul Gourévitch, connu pour ses études sur les migrations, dénonce une « confusion méthodologique » de nature « idéologique ».
Un rapport de l’OCDE dresse un bilan très positif de l’immigration. Qu’en pensez-vous ?
Premièrement, ce rapport porte sur 25 pays, sur la période entre 2006 et 2018. On ne peut donc pas tirer de conclusion sur l’immigration en France maintenant.
Deuxième point, certaines choses sont exactes, comme par exemple le fait que les immigrés contribuent au PIB de la France et que les politiques d’intégration ont des dépenses et des retours sur investissement,
En revanche, sur le fond, il y a une confusion méthodologique dans l’OCDE qui est, pour moi, une confusion idéologique.
Premièrement, l’OCDE ne parle que des immigrés en situation régulière et absolument pas des immigrés qui travaillent dans l’économie informelle ou qui sont en situation irrégulière et ne travaillent pas. Pour la France, cela correspond à un déficit de près de 4 milliards d’euros.
Deuxièmement, dans ce rapport, on ne parle que des immigrés qui travaillent et on ignore ceux qui ne travaillent pas. Le rapport donne le chiffre de 56 % des immigrés qui ont un emploi, cela ne correspond absolument pas aux immigrés et enfants d’immigrés qui ont plus de 18 ans. De façon plus grave, les dépenses des enfants des descendants directs de l’immigration ne sont pas comptées.
Ce rapport de l’OCDE met en positif les cotisations et les impôts payés par les immigrés qui travaillent et il met du côté des dépenses les dépenses d’éducation, de santé et de protection sociale. Ce ne sont pas du tout les seules dépenses. L’État dépense beaucoup pour la sécurité, pour le fonctionnement des structures, pour la lutte contre l’économie informelle.
Cette façon de présenter de manière positive l’immigration dans 18 pays, et qui est retranscrite dans les journaux bien-pensants en disant que l’immigration rapporte plus à la France qu’elle ne coûte, est un contresens, de la désinformation.
Bien sûr, on peut discuter du coût : pour les économistes de gauche, il est de moins de 10 milliards et pour ceux d’extrême droite, il est de plus de 70 milliards. Mon travail, très technique, aboutit à un coût d’un peu plus de 20 milliards d’euros.
Vous publiez un livre, La Tentation Zemmour et le Grand Remplacement. Dans ce rapport, la théorie du Grand Remplacement est mise en doute. Qu’en pensez-vous ?
Cet ouvrage reprend en partie mon ouvrage publié en 2019, Le Grand Remplacement, réalité ou intox ? (Editions Pierre-Guillaume De Roux), qui est actuellement épuisé. Je l’ai donc actualisé pour les Editions Ovadia et je l’ai lié à la personnalité de Zemmour, puisqu’il a choisi comme axe de campagne central la notion de Grand Remplacement.
Si on réfléchit à la notion de Grand Remplacement, définie par Renaud Camus et reprise par Éric Zemmour, le Grand Remplacement est trois choses. Quantitativement, la population autochtone française est remplacée par une population d’origine étrangère. Qualitativement, une population apporte des idées, des concepts et et des valeurs totalement différents de ceux de l’ancienne civilisation judéo-chrétienne. Politiquement, nous avons l’idée que l’État encourage ce Grand Remplacement ou, du moins, le tolère. Et là-dedans, il y a de la réalité mais également de l’intox.
De ce point de vue là, je fais un travail scientifique d’analyse pour montrer qu’il y a des choses exactes dans la notion de Grand Remplacement, mais ce n’est pas à partir d’une situation d’aujourd’hui qu’on peut faire des prévisions sur 30 ou 50 ans. De façon générale, tous les prévisionnistes se sont trompés et, aujourd’hui, personne n’est capable de dire si la transition démographique observée dans les pays du Maghreb va toucher l’Afrique subsaharienne. Personne ne peut dire quel est l’impact des migrations climatiques. Il y a trop de variables pour pouvoir en tirer des conséquences. Quand on dit que le Grand Remplacement est un constat, je dirais que c’est une thèse, et peut-être même une hypothèse.
Jean Bexon