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MeToo dans la politique française : ça flingue chez les rouges, les Verts et les macronistes

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En lançant le mouvement #MeTooPolitique et en publiant une tribune dans Le Monde, la semaine dernière, 285 femmes de gauche entendent non pas laver leur linge sale en famille mais le déballer et l’exposer sur la place publique : « En avril 2022, nous choisirons le ou la présidente de la République. Trois candidats ou potentiellement candidats à l’Élysée sont déjà cités dans de nombreux témoignages d’agressions sexuelles. Cela ne les empêche pas, loin de là, de considérer qu’ils sont dignes d’occuper la magistrature suprême. C’est dire à quel point la condition des femmes et des victimes leur est indifférente. » Les trois candidats déclarés ou potentiels ? Fort obligeamment, Libération en donne les noms : François Asselineau, Jean Lassalle et Éric Zemmour.

L’enjeu est clair : peser sur la présidentielle et imposer cette « parole libérée » dans les débats et dans les engagements des candidats. « Il ne s’agit pas juste de témoigner », précise Alice Coffin, dans Le Monde« Il y a un enjeu électoral, avec les législatives et la présidentielle, on fait pression. » Parmi les signataires, on retrouve des figures bien connues du gaucho-féminisme : Manon Aubry, de La France insoumise, Delphine Batho, de Génération Écologie, Danièle Obono, qu’on ne présente plus, Caroline De Haas, Ninon Guinel, ancienne chef de cabinet de Grégory Doucet, Camille Naget (PCF), Audrey Pulvar, Laurence Rossignol ou Sandrine Rousseau.

L’article du Monde consacré aux coulisses de ce MeToo  explique que les protagonistes « espèrent – enfin – ébranler ce milieu souvent brutal et encore largement masculin qu’elles connaissent intimement ». Ainsi, un article de LyonMag nous apprend que « ce dimanche, dans l’émission C Politique, Ninon Guinel témoignait pour révéler qu’elle sera très prochainement auditionnée par  Écologie Les Verts. Car elle estime avoir été victime d’une agression sexuelle en 2015 commise par un membre du parti. » Linge sale en famille, décidément.

Dans le texte de la pétition, on peut lire ceci : « Au sein du Parlement, des mairies, des conseils départementaux et régionaux, des hommes mis en cause, parfois condamnés pour viol, pour agression sexuelle, pour atteinte sexuelle sur mineur·e, pour violences conjugales sont élus. » J’avoue avoir sursauté : être mis en cause et être condamné, ce n’est pas exactement la même chose, et mettre sur le même plan ces deux états de fait ouvre une porte décidément dangereuse dans notre  où le « tribunal médiatique » est omnipotent tout autant qu’arbitraire. Comme le rappelle Me Gilles-William Goldnadel sur Twitter : « Toutes les procédures sont longues et complexes. Rien ne saurait justifier qu’on jette publiquement en pâture le nom d’un éventuel innocent. Au moins avant sa mise en examen. »

Alors, bien sûr, on pense à Nicolas Hulot qui défraye aujourd’hui la chronique et qui, comme lorsqu’il fut mis en cause en 2018, a pris les devants d’un reportage qui est diffusé, ce jeudi, et dans lequel il serait accusé d’agressions sexuelles par plusieurs jeunes femmes. Sa défense sur BFM TV est assez étrange, à dire vrai : il dément les accusations portées contre lui dont on ne sait encore rien et, surtout, se dit « écœuré », se plaçant préventivement en victime d’une cabale médiatique. Sa chute est surtout politique : il réalise qu’il n’est plus un homme de pouvoir… Même Marlène Schiappa, qui avait vigoureusement pris sa défense en 2018 lorsqu’il fut accusé de turpitudes dans le journal Ebdo, en publiant un plaidoyer pro-Hulot – « un homme charmant, respectueux » – dans les colonnes du JDD, le 11 février 2018, semble prendre ses distances. À l’époque, Nicolas Hulot était ministre du gouvernement Philippe ; aujourd’hui, il ne l’est plus. Ce jeudi, sur BFM TV, Marlène Schiappa affirme : « J’ai entendu qu’il y a prescription, c’est au juge d’apprécier ou non s’il y a prescription […] nous avons fait voter quatre lois en quatre ans pour améliorer cela, pour allonger la prescription, pour que les femmes puissent parler jusqu’à trente ans après les crimes sexuels dont elles ont été victimes. » Ça ressemble à s’y méprendre à un baiser de Judas… Gabriel Attal, lui, déclare, en conférence de presse : « Je n’ai pas de commentaires à faire, il n’est plus membre du gouvernement. »

Pour l’ancien présentateur d’« Ushuaia », grisé par les honneurs, la roche Tarpéienne est près du Capitole. Aux yeux des Français, la vague de #MeTooPolitique qui s’annonce sur fond de  rouge-vert et qui entend mêler sans distinction les mis en cause et les coupables, dans ses rangs comme dans le camp d’en face, ne fait que dévoiler les bas-fonds marécageux des héritiers politiques de Mai 68. Certes, il était bien temps que cessent ces comportements déviants, violents et inadmissibles dans quelque domaine professionnel que ce soit, et l’on saura gré aux héritières libertaires de Mai 68, où la principale revendication était de ne rien interdire, mais surtout de jouir sans entraves, de corriger cette grande « libération sexuelle ». Elles avouent donc, implicitement, qu’elles sont les premières victimes de tout ce qu’elles ont ardemment revendiqué…

Marie d'Armagnac

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