Tout ça pour ça… Tout ce cirque médiatique pour en arriver, à peu de chose près, à reconnaître que le professeur Raoult n’avait commis aucune faute médicale. Tout ce scandale pour prendre la mesure des manipulations imposées par les censeurs médiatiques officiels (qui se gardent bien d’ailleurs de publier les motivations du Conseil de l’ordre des médecins à l’égard du praticien controversé)… Et pourtant.
Quatre jours après avoir infligé un blâme au professeur Didier Raoult, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses (IHU) Méditerranée Infection de Marseille, la chambre disciplinaire du conseil de l’ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine a rendu publiques les motivations de sa sanction, mardi 7 décembre.
Un jugement qui rejette les plus sévères accusations visant le microbiologiste marseillais – celles de « charlatanisme » et de « mise en danger » des patients –, mais punit simplement son manque de confraternité, ses certitudes un peu trop affichées sur l’efficacité d’un traitement « insuffisamment éprouvé » selon les juges, et sa communication agressive envers les autres médecins. TOUT ÇA POUR ÇA ! Mais souvenez-vous que nous fûmes, dès le mois de février 2020, de ceux qui refusaient de blâmer le professeur Raoult pour ses recherches sur l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2020/02/27/rares-sont-ceux-qui-vous-en-parlent-encore-et-pourtant/ ou encore https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2020/03/18/retour-sur-linteret-de-la-chloroquine-dans-le-traitement-du-covid-19/ mais aussi https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2020/06/04/hydroxychloroquine-letude-foireuse-et-meme-tres-foireuse-publiee-dans-the-lancet/ ).
Réunie le 5 novembre à Bordeaux, la chambre disciplinaire avait été saisie par le conseil des Bouches-du-Rhône et le Conseil national de l’ordre des médecins respectivement en octobre et décembre 2020, en plein cœur de la polémique liée à l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19. Deux plaintes émanant manifestement de mauvais coucheurs, jaloux de leur confrère. L’étude des deux plaintes, réunies en une seule audience, a été délocalisée en Nouvelle-Aquitaine pour échapper au microcosme marseillais et aux potentielles tensions liées à la popularité locale de Didier Raoult.
Le juge professionnel et les huit médecins formant la chambre ont rejeté en bloc les arguments de Fabrice Di Vizio, l’avocat du professeur Raoult, demandant l’irrecevabilité des plaintes. Ils ont, en revanche, fait un tri dans les accusations portées contre le microbiologiste.
Ainsi, ils ne relèvent aucune faute déontologique dans la prescription de l’hydroxychloroquine et considèrent que le professeur Raoult n’a pas méconnu le code de la santé publique et son obligation de « tenir compte des avantages, des inconvénients et des conséquences des différentes investigations et thérapeutiques possibles » en administrant cette molécule en 2020 aux patients.
A l’époque, rappellent les juges, « il n’existait pas de données scientifiques acquises concernant le traitement du Covid-19 », et les prescriptions du professeur Raoult pouvaient « apparaître alors comme appropriées, équilibrées et mesurées dans leurs conséquences ».
A ce sujet, la chambre souligne qu’« aucun des patients traités avec son protocole n’a porté plainte contre [Didier Raoult] ». Un argument développé à l’audience par le professeur marseillais, dont la présence devant la chambre, comparée à l’absence des plaignants, méfiants et sans doute honteux, a, semble-t-il, pesé.
Les juges écartent aussi toute entorse à l’article R. 4127-39, qui qualifie le « charlatanisme ». Ils estiment que le professeur « ne peut être regardé comme ayant conseillé ou prescrit un remède ou un procédé illusoire » et qu’aucun élément produit à l’audience ne prouve qu’il aurait manqué « à une information loyale, claire et appropriée » de ses patients.
Même sort pour une autre lourde accusation : celle d’avoir mis en danger ses patients. « Le professeur Raoult n’a fait courir aucun risque injustifié en prescrivant l’hydroxychloroquine aux doses habituellement préconisées pour les traitements pour lesquels elle est régulièrement utilisée depuis plusieurs années », souligne le rapport des juges.
Si, selon la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins de Nouvelle-Aquitaine, le professeur Raoult n’a enfreint aucune règle déontologique en proposant, en 2020, son protocole aux patients frappés par le Covid-19, utilisant la liberté de prescription inscrite au code de la santé publique, elle reproche uniquement au directeur de l’IHU Méditerranée Infection d’avoir usé d’une communication trop tranchée au sujet de l’hydroxychloroquine.
« Au travers de différents médias, et notamment de sa propre chaîne YouTube, le professeur Raoult a donné des informations qui ne s’appuyaient sur aucune donnée confirmée sans faire preuve de la prudence nécessaire, alors qu’ont existé très rapidement de profondes incertitudes sur les traitements appropriés du Covid-19 », rappellent les juges. Ils estiment également que Didier Raoult n’a pas eu suffisamment « le souci de la répercussion de ses propos et de ses prises de position (…) alors qu’il savait le crédit qu’une frange de la population lui accordait ».
Le professeur est également sanctionné pour avoir enfreint l’article 4127-14 du code de la santé publique, qui dispose qu’un médecin ne doit pas divulguer auprès de ses pairs « un procédé nouveau de traitement insuffisamment éprouvé sans accompagner [sa] communication des réserves qui s’imposent ».
Autre erreur, la diffusion de ce traitement dans le grand public, en affirmant sa validité, « ne pouvait pas seulement reposer sur une étude observationnelle personnelle et sur quelques études étrangères alors que la communauté internationale s’interrogeait sur la pertinence des conclusions des abondants travaux de recherche effectués ou en cours ».
Finalement, le microbiologiste marseillais est surtout tancé sur la forme de sa communication. Ses propos et sa manière « peu correcte, discourtoise, voire agressive » de s’adresser à des médecins comme à des non-médecins sont jugés comme « de nature à déconsidérer la profession de médecin » ! Et sa qualité de professeur des universités, que Didier Raoult mettait régulièrement en avant jusqu’à sa mise en retraite le 31 août 2021 pour justifier sa liberté de parole, ne lui permettait pas, selon la chambre disciplinaire, de s’affranchir des dispositions concernant tous les médecins.
Après ce blâme, Didier Raoult garde encore la possibilité de faire appel, mais son avocat Fabrice Di Vizio assure qu’il « ne le prévoit pas ». « Notre objectif est d’apaiser la situation, et non pas d’aller à la guerre. Cependant, nous ne manquerons pas de relever appel si jamais l’ordre des médecins voulait, de son côté, réattaquer le professeur Raoult », prévient-il. Le Conseil national de l’ordre des médecins a fait savoir de son côté qu’il se réunirait jeudi 9 décembre pour débattre d’un « éventuel appel ».
Bonne chance, les gars !
Le 10 décembre 2021.
Pour le CER, Hippocrate, Conseiller à la santé publique.