Cinq individus viennent d’être arrêtés, dont deux déjà incarcérés depuis juin et juillet pour d’autres faits, et déférés devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Ils sont âgés de 18 à 20 ans et s’étaient fait une spécialité de cambrioler les EHPAD de région parisienne. Une quinzaine d’établissements en Seine-Saint-Denis, en Essonne, dans les Hauts-de-Seine, dans l’Oise, le Val-d’Oise, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne, cela, en moins de cinq mois, pour un butin de 193.370 euros. Après s’être introduits de nuit dans le bureau du directeur, ils emportaient les coffres-forts des résidents contenant bijoux, argent liquide, carnets de chèques, ordonnances, papiers, etc. Mais comme le confie l’un des enquêteurs au Parisien, le « préjudice immatériel [est] bien plus important, lié au traumatisme subi par les résidents, particulièrement vulnérables ».
Empathie, respect des anciens ? C'est quoi, ça ?
C’était, jusqu’au début de ce siècle, un tabou : sauf à de très rares exceptions près, on ne s’en prenait pas aux tout-petits ni aux personnes âgées. Le tabou est tombé : aujourd’hui, on vole et on viole dans les crèches comme dans les EHPAD.
Ici un marginal, là un alcoolique ou un camé, ailleurs des dealers et des individus « en situation de rupture anthropologique », comme on dit pudiquement pour désigner les mœurs d’un autre monde… les faits divers se succèdent, révélant la profonde transformation de notre société, maintenant livrée aux barbares avec la complicité d’un État qui s’obstine à le nier.
En 2020, déjà, BV alertait. Iris Bridier s’interrogeait : « Les personnes âgées sont-elles maltraitées, en EHPAD ? » Elle dénonçait la déshumanisation honteuse en période de Covid-19, les abandons, les scandales dans certains établissements, et pointait les difficultés de recrutement pour ces métiers qui demandent beaucoup d’humanité. Un an et demi plus tard, c’est Gabrielle Cluzel qui se penchait sur le scandale ORPEA, dénonçant la maltraitance en EHPAD « aggravée par la gestion inhumaine de la crise sanitaire ».
Jean Castex, le Premier ministre d’alors, et Brigitte Bourguignon, son ministre délégué chargé de l’Autonomie, annonçaient de grands changements. En cinq années de pouvoir, ils n’avaient pas eu le temps de se pencher sur la question, occupés qu’ils étaient par l’allongement des délais de l’IVG et l’extension de la PMA « à toutes z’et tous », rappelait-elle.
Des chiffres volontairement minorés
À la fin de cette même année 2022, Mediapart publiait sur son site une enquête dévoilant « des centaines de cas de viols et violences sexuelles en EHPAD ». À partir des témoignages de familles, de salariés et de syndicalistes, les enquêtrices avaient remonté la piste d'« une centaine de victimes de ces crimes judiciarisés » depuis 2013. On souligne bien « judiciarisés », et comme l’écrivait alors la revue Notre temps, reprenant les chiffres, « leur nombre serait bien plus important, toutes les agressions n'étant pas nécessairement caractérisées, du fait de l'incapacité des victimes – souffrant souvent de troubles de la mémoire – de témoigner. Mais aussi en raison de l'absence de signalement à la Justice par certaines directions ou encore de l'inertie des agences régionales de santé. » Lesquelles ARS sont aujourd'hui accusées de fermer également les yeux sur l’exploitation sexuelle des mineurs qui leur sont confiés…
On constate, dans l’enquête, qu’aucune région n’est épargnée : Ain, Yvelines, Bouches-du-Rhône, Tarn, Creuse, Hérault, Deux-Sèvres, Martinique, Isère, Loire-Atlantique… partout « des faits ont été jugés, d'autres vont l'être ». On relève que, dans 46 % des cas, les auteurs de violences sexuelles appartiennent au personnel, les agresseurs s’attaquant de préférence à des femmes « ayant des troubles cognitifs, des handicaps physiques et psychologiques, comme Alzheimer ». D'autant plus facile que « la plupart d'entre elles sont en veuvage, plus isolées, avec une visite de la famille de temps en temps et des difficultés à communiquer », ce qui ne fait qu’ajouter à l’ignominie des actes.
Les choses ont-elles évolué, depuis cette tardive prise de conscience ? Pas en bien, comme l’écrivait ici Clémence de Longraye, en novembre dernier. Rien n’échappe à la barbarie. « Hôpitaux, EHPAD, domicile… : ces sanctuaires sont devenus des lieux d’agressions », écrivait-elle, rapportant des faits divers tragiques jugés ce même jour devant les tribunaux de Paris et Toulouse - deux femmes violées, sur leur lit d’hôpital, par des migrants sous OQTF.
C’est parce que l’idéologie du « vivre ensemble » et la lâcheté règnent au sommet de l’État qu’une chape de plomb pèse sur ces crimes odieux. Or, dans le monde toujours plus décivilisé où nous vivons, les personnes vulnérables sont devenues des cibles privilégiées. À l’agression physique qu’elles subissent s’ajoute, à l’évidence, la volonté de les souiller, d’annihiler en elles et à travers elles ce qui témoigne de notre Histoire de France, de notre civilisation chrétienne, de nos mœurs et d’un temps où la civilité était encore une vertu. Aujourd’hui, le mot lui-même est inconnu de la plupart…