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Sachez-le et faites-le savoir : Emmanuel Macron et Valérie Pécresse c’est « bonnet blanc et blanc bonnet ».

Le rêve passe (Edouard Detaille, 1888)

Vous aurez remarqué que les médias officiels n’ont véritablement adoubé que deux candidats dans la course à l’élection présidentielle d’avril prochain : Emmanuel Macron le président sortant, qui a clairement leur préférence, et son outsider officielle dans la bonne vieille tradition de l’alternance au sein exclusif de… l’entre-soi, Valérie Pécresse ! La gauche est aux abonnés absents depuis le meurtre rituel de François Hollande par son vizir et les outrances des écologistes ne sont plus en odeur de sainteté. Quant à la droite, la vraie bien sûr, elle leur donne des sueurs froide tant ils redoutent de perdre leurs sinécures politiques si elle arrivait au pouvoir.

Désignée par les adhérents Les Républicains (LR) pour porter les couleurs de la fausse droite à la présidentielle de 2022, la présidente de la région Ile-de-France est, de tous les adversaires du chef de l’Etat, celle qui lui ressemble le plus : elle a suivi un parcours d’excellence, parle plusieurs langues, veut, comme lui, attirer les talents sur la scène européenne et internationale, son nom est clairement identifié parce que, sur le grand marché de l’attractivité, l’Ile-de-France pèse lourd.

Leur compatibilité, voire leur similitude, est telle que l’ancienne juppéiste a longtemps été considérée comme une possible prise de guerre et une éventuelle postulante à Matignon. Mais la chiraquienne, un temps convertie au fillonisme, prétend vouloir bouter hors de France « le progressisme » que veut incarner Emmanuel Macron. Elle souhaite recoller les morceaux d’une droite parlementaire qui s’est sentie injustement dépossédée de sa victoire en 2017. Le tout avec ce zeste de fierté qu’autorise son genre : si elle était élue, ne serait-elle pas la première présidente de la République française ?

L’irruption dans la campagne de ce clone censeur a pour effet de dynamiser la phase du bilan dans laquelle étaient entrées les troupes d’Emmanuel Macron, sans grand écho médiatique jusqu’à présent. Il ne s’agit plus de défendre, mesure après mesure, les acquis du quinquennat mais de prouver que « le dépassement » du clivage gauche-droite, le fameux « en même temps« ,présenté en 2017 comme le moyen de faire sauter les verrous, n’est pas qu’un feu de paille.

La candidate attaque certes avec vigueur. Elle qualifie le quinquennat de « presque rien », pointe la réforme avortée des retraites, décrit le président sortant comme un séducteur, animé du seul souci de « plaire » et peut-être pire… de se plaire à la façon de Narcisse. Elle lui oppose sa volonté de « faire » autour d’un projet libéral consistant, comme en 2017, à réduire la dette, reculer l’âge de départ à la retraite, tailler dans les effectifs de la fonction publique. En défense, les macronistes peinent à stabiliser leur « progressisme ». Quatre ans après son avènement, cette idéologie fondée sur le dépassement a surtout servi à accompagner les virages du quinquennat. La propension d’Emmanuel Macron à utiliser, en fin de mandat, l’arme budgétaire et la dette pour éteindre les départs d’incendies sociaux accrédite la thèse de l’opportunisme plutôt que celle de l’opiniâtre transformation du pays, qui était la promesse centrale de 2017.

Mais que pèsent ces arguments à côté du tableau dressé par Eric Zemmour, dimanche 5 décembre à Villepinte ?

« La personne, Emmanuel Macron, ne nous intéresse pas, parce qu’elle est fondamentalement inintéressante. Trouvez-moi un seul Français dans le pays qui puisse expliquer la pensée d’Emmanuel Macron. Il n’y en a aucun, pas même lui. Personne ne sait qui il est, parce qu’il n’est personne…. Emmanuel Macron, c’est le grand vide; c’est un adolescent qui se cherche...« 

Certes, s’agissant de la dette, passée de 98,3 % à 115 % de la richesse nationale, Valérie Pécresse n’y va pas de main morte. Elle fait du président sortant un irresponsable qui « crame la caisse » et fragilise le pays. D’où la réplique des macronistes portée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui vient des rangs de la droite mais assume d’avoir, à la faveur de la crise sanitaire, entrepris sa mue idéologique. L’enjeu, plaide-t-il, n’est plus de libéraliser à tous crins mais de protéger et d’armer le pays face à un monde de plus en plus menaçant. La candidate se trouve renvoyée à un monde révolu au point que sa prétention à restaurer le fillonisme passerait presque pour de l’anachronisme.

Une pierre dans le jardin de Valérie Pécresse, renvoyée à son bilan d’ancienne ministre du budget de Nicolas Sarkozy, lorsque, confrontée en 2011 et 2012, à la crise des dettes souveraines elle avait assumé la rigueur : « 30 milliards d’euros de dettes en plus, 0 % de croissance et 11 % de chômage », a asséné Bruno Le Maire. Le contexte européen était, il est vrai, radicalement différent. A la merci d’attaques spéculatives, la France avait dû se placer sous la protection du bouclier allemand. La mutualisation des dettes européennes obtenue sous ce quinquennat a provisoirement changé la donne. Il n’en demeure pas moins vrai que le déséquilibre franco-allemand s’est creusé et que la dette reste un boulet pour l’avenir.

« Le courage de dire, la volonté de faire » est le troisième credo de Valérie Pécresse, qui reprend à son compte le mantra de Nicolas Sarkozy : « Tout dire avant pour tout faire après. » L’affirmation repose sur la conviction que l’élection présidentielle est le levier du changement parce qu’elle donne au nouvel élu la légitimité de faire. Mais Eric Zemmour ne dit pas autre chose !

Hélas, l’histoire montre que la suite ne garantit pas pour autant le plein succès de la thèse : dans notre pays l’élan de la présidentielle se brise très vite, les résistances s’organisent, de nouveaux sujets émergent. La droite a, à son passif, tellement d’engagements non tenus que ses affirmations péremptoires sont devenues suspectes. Mais celles d’Emmanuel Macron et des siens ne valent guère mieux !

Reste enfin à définir ce qu’est une bonne réforme : celle qui fait descendre les syndicats dans la rue ou celle qui conforte le modèle français ? L’état délabré de trois services publics essentiels – l’hôpital, la justice, l’éducation nationale – renvoie dos à dos la droite à la vision trop strictement comptable qu’elle a déployée lorsqu’elle était aux affaires et les bricolages de La République en Marche qui n’a pas pour autant démontré sa capacité de rénovation.

Et si les Français mettaient enfin un grand coup de pied dans cette fourmilière pour mettre fin à toutes ces impostures?

Le 9 décembre 2021.

Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/

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