Entretien avec l’abbé Nicolas du Chaxel de la FSP
La Congrégation pour le culte divin explicite le motu proprio du pape François, véritable enterrement du rite traditionnel de l’Eglise et mise au ban des fidèles qui refusent de passer sous les fourches caudines de Vatican II.
Traditionis Custodes, en juillet dernier, avait fait l’effet d’une bombe. Voilà le motu proprio explicité par un document de la Congrégation pour le culte divin : il interdit tous les sacrements dans le rite traditionnel, sauf l’Eucharistie sous mille conditions. Nous avons interrogé Nicolas du Chaxel, prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Après presque vingt ans de ministère dans six pays, il est en service en Suisse romande où l’accueil de l’évêque comme celui des chrétiens est d’une bienveillance sans faille.
— Monsieur l’abbé, comment comprenez-vous le document de la Congrégation pour le culte divin du 18 décembre : ne s’agit-il pas d’une déclaration de guerre totale contre le rite traditionnel ?
— Ce nouveau document Responsa ad dubia ne peut que choquer, et pas seulement ceux qui sont attachés aux rites anciens. Tout se passe comme si 1 500 ans de travail de l’Esprit Saint devaient trouver leur place dans des musées au titre de reliques vénérables mais dépassées. Je comprends ce document comme le motu proprio de l’été dernier. Il y a une suspicion d’hétérodoxie à l’encontre de ceux qui préfèrent les rites antiques. Cette suspicion jamais démontrée gouverne le contenu des différents documents ou de troublantes postures épiscopales depuis cet été. Les évêques qui savaient cette suspicion sans fondement sont pressés de s’aligner sur la politique unique.
— Pourquoi cet acharnement ? Le rite traditionnel progresse, certes, mais en quoi ceux qui y sont attachés ou le découvrent constitueraient-ils un danger pour l’Eglise ?
— Après un long temps de trajet, des sacrifices pour entendre la messe de toujours, une famille peut lire à son encontre : « Il s’agit d’une concession pour pourvoir à leur bien (en vue de l’usage commun de l’unique lex orandi du rite romain) et non d’une occasion de promouvoir le rite précédent » (Responsa). Contre le droit naturel le plus élémentaire, le bien spirituel de cette famille est maintenant décidé dans un bureau romain. Hier, ils étaient encouragés, aujourd’hui, il faut qu’ils soient « rectifiés » pour leur bien. Maintenant cette famille ne peut que comprendre que sa vie chrétienne est et a été d’une valeur douteuse. Ils auraient eu tort de faire baptiser leurs enfants selon le rite antique. Il est clair maintenant que leur « être catholique » fut toléré pour ne pas heurter leur mentalité « attardée ». Bref, on les infantilise pour les accuser d’infantilisme. Comme pour les prêtres, il va falloir les instruire. Il est difficile de savoir qui est ce « on » qui « veillera à accompagner ceux qui sont enracinés dans la forme antérieure de célébration vers une pleine compréhension de la valeur de la célébration dans la forme rituelle que nous a donnée la réforme du Concile Vatican II, à travers une formation appropriée qui permette de découvrir comment elle est le témoignage d’une foi inchangée, l’expression d’une ecclésiologie renouvelée et la source première de spiritualité pour la vie chrétienne » (Responsa).