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Sur le nouveau Yalta

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En annonçant ce 11 février, anniversaire des accords de Yalta de 1945, l'évacuation hors d'Ukraine de leur personnel diplomatique, les dirigeants des États-Unis donnent à l'Europe libre un nouveau coup de semonce. Quelque 180 Américains et 560 Ukrainiens y travaillent très officiellement à leur ambassade à Kiev.

On apprend aussi que Washington a demandé aux militaires de la mission de surveillance auprès de l’OSCE, garante des accords d'Helsinki, de rentrer chez eux.

Si les dirigeants américains et atlantiques voulaient, par ce double message, donner à la Russie poutinienne un feu vert semblable à celui qu'ils avaient suggéré à Saddam Hussein pour envahir le Koweït en 1990, ils ne s'y prendraient pas autrement.

Se retirer d'Ukraine après toutes les garanties, purement verbales à ce jour, données à son gouvernement revient, pour nos protecteurs américains, à entériner la notion que ce pays, dont les frontières ont été dessinées puis retracées à Moscou depuis 1922, dont l'intégralité a été annoncées par les accords d'Helsinki signés en 1975, et dont l'indépendance résulte de l'éclatement même et de la faillite de l'URSS en 1991, ratifiée par référendum, peut être rétrocédé, contre son gré, dans une prétendue sphère d'influence moscovite. Erreur fatale, injustice flagrante à l'endroit de 44 millions d'hommes qui sont des Européens.

L'impression du retour à une division de notre Vieux continent se trouve conforté par le fait qu'au même moment Washington renforce sa présence en Roumanie et en Pologne, pays qui appartiennent au pacte atlantique, par l'envoi de 3 000 soldats supplémentaires, insuffisants certes, mais symboliques, face aux 106 000 ne position pour soutenir les rattachistes du Donbass.

Un tel concept de sphère d'influence nous ramène, que nous le voulions ou non, aux accords de Yalta et de Potsdam de 1945.

On croyait révolu le temps d'une guerre froide où les Occidentaux ne sont intervenus ni en faveur des insurgés de Budapest et de leur gouvernement légal en 1956, ni des Tchèques partisans de la troisième voie économique telle que définie par Ota Sik à Prague en 1968.(1)⇓

On a tenu pour minime une opération d'arrière garde telle que celle de Transnistrie en 1992. Nous n'avons pas voulu tenir compte des avertissements, pourtant très clairs, désormais donnés par Poutine en 2008 en Géorgie avec l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Nous avons cédé dans les faits, sinon dans les principes, selon la bonne vieille tradition française des radicaux-socialistes "appuyons-nous très fort sur les principes, ils finiront par céder", avec l'annexion de la Crimée

Ce qui encourage les dirigeants du nouveau bloc de l'est à intervenir c'est le sentiment de notre lâcheté et de la faiblesse de la présidence Biden. Soyons modestes nous-mêmes en tant que Français d'ailleurs : le matamore Sarkozy s'est retiré d'Afghanistan plusieurs années avant la débandade de Kaboul de 2021.

La seule riposte envisagée à ce jour semble se cantonner au gel du gazoduc Nordstream 2. Ne la négligeons pas, car plus de 50 % des recettes de l'État russe, qui permettent à l'ancien officier du KGB de payer ses fonctionnaires proviennent de la vente des hydrocarbures.

Mais nous craignons d'avoir froid cet hiver.

JG Malliarakis  

Apostilles

  1. Son livre fut édité, traduit en français, sous ce titre, aux PUF en 1978. On trouvera une notice bibliographique de la Revue économique sur le portail Persée.

https://www.insolent.fr/2022/02/sur-le-nouveau-yalta.html

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