L'autre groupe, les Iraniens “occidentaux”, passa par le Caucase, donc à l'ouest de la Caspienne. Il était notamment composé des Mèdes et des Perses. Au IXe siècle avant notre ère les annales assyriennes les mentionnent. Les Mèdes s'installent au nord-ouest de l'actuel Iran, les Perses au sud-ouest. En 737-736, les Assyriens lancent un raid contre les Mèdes, dans la région de Téhéran, mais ils n'occupent pas le pays. De 615 à 610, les Mèdes détruisent le puissant empire assyrien. Un peu plus d'un demi-siècle plus tard, les Perses imposent leur hégémonie aux Mèdes. En 539, leur roi, Cyrus II le Grand (559-530), s'empare de Babylone. Il constitue alors l'empire achéménide qui, durant deux siècles, s'étendit de la Méditerranée à l'Indus, de la Grèce et de l'Égypte à l'Inde et à la frontière ouest de la Chine.
Croquis d'un bas-relief persan de Persépolis capitale de l'Empire à l'effigie d'un roi perse. Les traits de ces visages montrent très nettement une ascendance européenne toute proche. Le souvenir des conquérants aryens marquent encore et toujours le subconscient iranien, en dépit des mixages de population et de l'islamisation.
Nous allons terminer cette partie par une rapide chronologie.
• Du VIe siècle au IVe siècle avant notre ère : règne de la dynastie achéménide, empire perse.
• De 334 à 324 avant notre ère, conquêtes d'Alexandre le Grand.
• Du IIIe siècle au IIe siècle, toujours avant notre ère, dynastie d'origine grecque, les Séleucides (364-312 av. JC). Celle-ci, dès la seconde moitié du IIIe siècle, est peu à peu supplantée par les Arsacides (v. 250 av. JC - 226 ap. JC), dynastie parthe, donc par des Iraniens orientaux.
• Au IIIe siècle de notre ère, les Arsacides sont éliminés par une dynastie perse, les Sassanides (226 à 651 ap. JC). Ceux-ci règnent jusqu'au milieu du VIIe siècle de notre ère, période de la conquête musulmane [bataille de Qadissiya en 636]. Remarquons que celle-ci met un siècle pour dominer l'ancien empire sassanide.
• Mentionnons enfin qu'au milieu du VIIIe siècle, le califat passe aux Abbassides. Cette prise du pouvoir fut la conséquence d'une révolte iranienne. Elle marque le début d'une renaissance iranienne.
II. Deux aspects du monde iranien
Nous allons maintenant examiner deux aspects de la société de l'Iran pré-islamique en mettant l'accent sur les transformations qui les ont affectées, mais aussi les permanences. En premier la religion, puis l'idéologie tripartie.
La religion dans l'ancien Iran :
La religion de l'ancien Iran était le mazdéisme. Son nom provient de son dieu principal, Ahura Mazda, ce qui signifie “Seigneur Sage”. Les Iraniens eux-mêmes se proclamaient “adorateurs de Mazda”. La “Bible” des mazdéens est l'Avesta, ce qui signifierait “Fondement”.
Cependant, il n'y a pas un mazdéisme, mais plusieurs. En effet, certains honorent également une divinité tutélaire supplémentaire comme Mithra [1] ou Anâhitâ [2]. À cela s'ajoutent différents courants théologiques. Le plus prestigieux, et le mieux connu, est celui issu de Zarathushtra.
Zarathushtra, que les Grecs ont appelé Zoroastre, est né dans l'est du domaine iranien, sans doute dans la région de Bactres, aujourd'hui partagée entre l'Afghanistan et l'Union Soviétique. Actuellement, on admet en général qu'il a dû vivre entre le Xe et le VIIIe siècle avant notre ère [3]. Sa réforme a cheminé lentement. Elle s'est peu à peu imposée au début de notre ère [4] et elle triomphe sous les Sassanides, donc à partir du IIIe siècle. Mais cela n'a pas empêché d'autres courants de se développer, avec parfois même l'appui momentané du shâh comme ce fut le cas pour le manichéisme et le mazdakisme. Ces courants perdurèrent sous l'islam à tel point que mille ans après les débuts de l'islamisation, on en dénombrait plus d'une dizaine.
Souvent présenté comme emblème zoroastrien (faravahar ou farohar, génie ailé, proche par bien des aspects du daïmôn grec, intermédiaire entre humain et divin) symbolisant Ahura Mazda, ce motif (restauré ici dans sa polychromie), ornant les monuments de Persépolis et les tombeaux des rois, représente très certainement originellement le xvaranah (génie tutélaire des rois ou de l'empire, khurrah en perse, ou en forme parsi farrah) portant l'anneau d'investiture. Concernant le Grand Dieu, des sources littéraires grecques comme Hérodote ou Xénophon évoquent un char sacré traîné par des chevaux blancs qui accompagne l'armée mais qui, significativement vide, symbolise la présence invisible du dieu. Il est tout à fait envisageable qu'il fut à cette époque considéré comme irreprésentable. C'est peut-être sous l'influence gréco-romaine que l'on retrouve des représentations anthropomorphiques du dieu sur les bas-reliefs sassanides de Naqsh-e Rostam ou de Taq-e Bostam.
À suivre