L’émission « 7 à 8 » du dimanche 20 février sur TF1 fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux. On y découvre, dans une école privée à Roubaix, qu'un enfant, le petit Nolan, est harcelé par ses camarades parce qu’il mange… des saucisses de Strasbourg. Il explique, la gorge serrée et les yeux embués : « Je mange du porc, du coup les autres me disent : je ne te touche pas, je ne touche pas ton assiette, je ne te regarde même pas, je ne te touche même pas. » Conclusion terrible de l’enfant qui en est tombé malade : « Donc, en fait, ils sont racistes ! »
Pendant ce temps, dans le petit théâtre de la gauche médiatique, on en est encore à discuter du vivre ensemble et de ce Grand Remplacement qui ne serait qu’une funeste théorie sortie tout en armes de cerveaux chafouins. Loin, bien loin de ces quartiers populaires du nord de la France, à la splendeur passée et où se déploie aujourd’hui ce fameux grand déclassement.
Cette triste scène ne doit pas occulter ce qu’est la réalité de l'école du petit Nolan. Une école bien spécifique où, en toute franchise, parents, enfants, enseignants et directeur ont accepté de parler. Le collège de la Cordée, dans ce quartier populaire de Roubaix, est un établissement hors contrat. Il ne reçoit donc aucune subvention de l’État. Il est financé, apprend-on dans le reportage, par du mécénat alimenté par des industriels de la région.
Déjà l’objet d’un reportage en septembre 2017 diffusé dans « Zone interdite », ce collège est dirigé par Niels Villemain, ancien DRH et ancien professeur d’histoire. Dans ce reportage, on le voyait expliquer à ses élèves, à très grande majorité étrangère, ce qu’est la France, pourquoi il faut l’aimer. Son objectif ? L’assimilation par le drapeau, la culture et l’école. On le voyait emmener ses élèves en sortie de classe sur les lieux des champs de bataille de la Somme, « dans l’objectif d’affermir leur désir d’être français », expliquait-il. Lors de cette sortie de classe, trois élèves musulmans s’écartaient ostensiblement du groupe, ne pouvant s’approcher trop près de la croix érigée sur le lieu du mémorial de la Grande Guerre : « La croix, elle nous fait trop mal, Monsieur », disaient-ils au directeur.
C’est déchirant : une parfaite représentation du choc de civilisations auquel nous sommes confrontés et dont on nous dit qu’il n’existe pas non plus.
Revenons au jeune Nolan. Niels Villemain n’entend pas se dérober : il convoque les élèves, dont le petit Nolan. Spontanément, une élève avoue : « C’est parce qu’il n’est pas de la même origine que la plupart d’entre nous. » Le directeur tique : « Origine ? » Réponse de l’élève : « Oui, origine, euh, religion. Lui, il mange du porc et donc je crois que c’est pour ça que les autres le critiquent. » Réponse du directeur : « Là, on est en France, on est dans un pays laïc, tout le monde peut pratiquer sa religion, donc on n’a pas de différence à faire en fonction des religions, on est sous le drapeau français […] L’objectif, c’est qu’on vive les uns avec les autres. »
Il confie ensuite au journaliste : « En début d’année, je pose la question, qui est français ici ? Je n’ai pas la moitié (des élèves) qui lève la main. Ils se regardent et ils disent : je suis marocain, je suis portugais, je suis musulman. Et je réponds : non, on va mettre les choses au clair. Vos parents sont venus ici pour s’enraciner. Donc vous êtes français. »
On ne peut que rester admiratif devant le courage, le sens du service et l’amour de la France de ce jeune directeur qui tente, vaille que vaille, de faire en sorte que ces enfants, dont 80 % sont d’origine et de culture arabo-musulmane, s’assimilent et apprennent à aimer la France. Les méthodes employées dans cette école, nous dit le reportage, sont celles « de l’école de 1950 ». Entendez école à l’ancienne, uniforme, vouvoiement de rigueur, petits effectifs. On tente de « ne rien laisser passer » en termes de discipline. Il est ici donné aux élèves tout ce que la France a produit de meilleur en matière de principes éducatifs et que l’Éducation nationale a depuis longtemps jeté aux orties.
Sans nul doute, cette générosité du corps enseignant est l’expression de cette foi chrétienne dont tous se revendiquent dans le reportage de « Zone interdite ». Là encore, le meilleur de la France d’avant. Mais, avouons-le, ce système s’apparente à une goutte d’eau dans une vague submersive.
On ne peut s’empêcher de penser que ce type d’école aurait eu une grande chance de changer le cours de la société française… il y a vingt ou trente ans. Aujourd’hui, il faudrait une rupture politique majeure et un changement radical, dès l’école, dès le plus jeune âge, pour sauver ce qui peut encore l’être.
Marie d'Armagnac