La situation internationale étant évidemment très préoccupante, il s'ensuit un effet paradoxal : une masse de Français semble, dans les fluctuations de l'opinion en cas de conflit, envisager de se porter, par en effet de crainte animale, sur un Macron en quête de réélection. Enfin déclarée, sa candidature se voit sous-traitée par d'impudents propagandistes. Un Gabriel Attal soutient ainsi, contre toute vérité, que la France se porte à merveille, après 5 années de règne macronien, prolongeant le quinquennat calamiteux de Monsieur Patate alias François Hollande.
Non la France ne se porte pas bien, précisément parce qu'aucune des réformes structurelles n'a été accomplie, pas même celles sur lesquelles semblait s'être engagé le glorieux vainqueur de l'élection de 2017. Or, les remises en question deviennent, au fil des années, de plus en plus urgentes. Le "en même temps" et le "quoi qu'il en coûte" ont abouti, de plus, à l'aggravation d'une gabegie sociale et, corollaire, à l'alourdissement d'une fonction publique que l'on se proposait d'alléger.
Pour ne citer qu'un exemple, au contraire des promesses électorales, on notera l'apparition, enregistrée pendant le quinquennat, de quelque 117 000 postes de fonctionnaires supplémentaires. Or, ces chiffres ne se sont même pas retrouvés dans les effectifs hospitaliers. Ceux-ci sont assimilés à une troisième fonction publique depuis une novation statutaire d'origine communiste. Faisant passer de 2,1 millions à quelque 5 millions le nombre de fonctionnaires sous leurs divers statuts, cette réforme remonte au passage d'Anicet Le Pors dans les gouvernements Mauroy (1981-1984). Entre fin 2003 et fin 2017, les effectifs de l'hôpital passent de 1,2 million de salariés à 1,4 million de salariés, en hausse de 14 %. Or, c'est bien en décembre 2020, en pleine dramatisation de la crise du Covid, que le ministère de la Santé programme "à l'horizon 2027" une évolution déclinante.(1)⇓
Sortir la France de sa bureau-technocratie pseudo-gestionnaire paraît d'autant plus nécessaire que notre pays va devoir renforcer son potentiel militaire. Dans la campagne présidentielle deux candidats au moins l'ont courageusement souligné, – Éric Zemmour comme Valérie Pécresse, d'accord sur ce point – fixant aux alentours de 100 milliards dans les années à venir l'effort de défense supplémentaire : le premier évalue à 70 milliards par an, contre 41 aujourd'hui, le budget annuel qu'il juge nécessaire, la candidate LR estime de son côté à hauteur de 108 milliards le surcroît de dépenses indispensable dans les 5 ans à venir. Cet effort budgétaire dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire. On notera qu'il correspond à peu près au montant que, pour son pays, le chancelier Scholz a annoncé dans son discours du 27 février devant le Bundestag à Berlin.(2)⇓
Il faut certes saluer la convergence politico-militaire des deux pays, ainsi que leur rapprochement en cours avec la Pologne(3)⇓ .
Hélas, il existe une différence économique notable entre la France et l'Allemagne : elle tient au surendettement de l'État central parisien. Celui-ci ne supporte pas la comparaison avec la santé budgétaire de la République fédérale d'Allemagne, dont le principe a été réaffirmé par le ministre fédéral des Finances Christian Lindner dès son intronisation le 17 janvier : la zone euro doit revenir aux principes du pacte de stabilité convenu à Amsterdam en 1997 et que la France n'a jamais appliqué vraiment depuis maintenant 25 ans.
Le chaos actuel du monde ébranlera durablement les pays qui n'auront pas mis de l'ordre dans leurs finances.
Face aux incohérences et aux demi-mesures de la Macronie, on en arrive à un mot d'ordre bien connu des mères de famille : "Range ta chambre d'abord".
JG Malliarakis
Apostilles
- cf. Dossiers de la DREES n°69 décembre 2020⇑
- cf. "Guerre en Ukraine : en Allemagne, la révolution du chancelier Olaf Scholz sur la politique de défense."⇑
- cf. "Guerre en Ukraine : Berlin, Paris et Varsovie font front commun"
Les ministres des affaires étrangères des trois pays du triangle de Weimar se sont retrouvés à Lodz, en Pologne.⇑