Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Reportage exclusif] : Boulevard Voltaire a rencontré l’armée française en Roumanie, à 100 km de la frontière ukrainienne

tente-845x475.jpg

Sur la pointe orientale de la Roumanie, à quelques kilomètres de la ville balnéaire de Constanta, 500 soldats français ont été déployés en urgence sur une base militaire de l’OTAN édifiée par l’armée américaine en novembre. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte international ultra tendu alors que l’armée russe continue sa progression en Ukraine, Kiev étant totalement assiégée tandis que les grandes villes du sud tombent comme des dominos.

Naturellement, cette offensive russe inquiète les pays d’Europe de l’Est et semble raviver chez les populations locales les douloureux souvenirs de l’occupation soviétique et des crimes communistes. Estonie, Pologne ou encore Roumanie, les gouvernements et les populations de ces pays sont désireux d’un soutien militaire occidental plus affirmé, notamment dans le cadre de l’OTAN dont ils sont membres. Or, il se trouve que depuis le 1er janvier 2022, la France a pris pour un an la tête de la force militaire otanienne ayant le plus haut niveau de disponibilité tactique. Cette formation dite « VTJF », pour « Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation », a été mise en place dès 2014 suite à la guerre du Donbass. C’est pourquoi, au lendemain de l’attaque russe du 28 février 2022, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il enverrait un détachement militaire afin de renforcer notre alliance avec l’État roumain tout en rassurant la population locale.

Nous voilà donc, après plus de 25 heures de route à travers l’Europe, aux portes du camp militaire otanien de la VTJF. Arrivés seulement quelques jours après l’atterrissage du gros des troupes françaises, nous sommes accueillis par le lieutenant Claire (les militaires ne sont autorisés à donner que leur prénom), officier de communication du 1er RIMA. Avec un grand sourire, cette dernière vient nous chercher à l’entrée de la base, gardée par quelques militaires roumains, et nous conduit sur le campement français. Bien qu’encore gadouilleux, le terrain a été aménagé en zone habitable en l’espace d’une semaine tout au plus. Le lieutenant Claire nous explique : « On est parti de rien, c’était de la terre et de la caillasse quand on est arrivé ! » Tentes chauffées, générateurs électriques et connexion Wi-Fi, les troupes, aidées par une entreprise roumaine privée, ont fait de cet ancien terrain vague un solide camp militaire dont on envierait presque le confort.

©Geoffroy Antoine
©Geoffroy Antoine

Appelés à quitter la France « au sifflet », les soldats du 27e bataillon de chasseurs alpins et ceux du 4e chasseurs, deux régiments issus de l’armée de terre, ont été placés « en réserve » à moins d’une centaine de kilomètres de la frontière ukrainienne. Objectif : être opérationnels le plus rapidement possible en cas d’une escalade du conflit et du franchissement d’un point de non-retour. Exercices de tir, maniement d’armes lourdes, renforcement musculaire en salle de sport (américaine…), les soldats ont surtout été envoyés en Roumanie sans réels ordres de mission, le stationnement sur base risquant d’être leur quotidien pour les mois à venir. Ce qui est certain, c’est que le ministère des Armées (Florence Parly était, du reste, présente sur le camp la veille de notre arrivée) a transmis des éléments de langage clairs : on ne parle pas de « combat » et on ne désigne aucun « ennemi ». Et pourtant, impossible de ne pas penser aux batailles urbaines et autres tirs de missiles qui secouent l’Ukraine voisine. Lorsque l’on évoque le sujet, les réponses des militaires sont assez évasives, mais tous nous disent suivre l’actualité de très près et, à demi-mot, concèdent avoir conscience du risque énorme qui pèserait sur leurs vies si une guerre éclatait entre la Russie et l’OTAN.

Peu importe l’évolution de la situation ukrainienne, nos soldats déployés en Roumanie risquent d’y rester encore un bout de temps, aucune date retour ne leur ayant été donnée pour le moment. Nouveauté pour eux : être déployés sur un théâtre d’opération européen. Le lieutenant Augustin, fraîchement sorti de St-Cyr, nous confie : « Jusqu’ici, on était habitué au Sahel, avec la chaleur et toutes les conditions climatiques qui vont avec. C’est radicalement différent en Roumanie, on est arrivé sous la neige et la température atteint les -5 °C la nuit, ça nous permet de nous entraîner au déploiement en climat polaire. »

En conclusion, et sans juger de la pertinence du déploiement français aux portes de l’Ukraine et à quelques kilomètres de l’armée russe, il est à espérer que les récents événements fassent prendre conscience de l’importance de disposer d’une force militaire opérationnelle et déployable le plus rapidement possible. À l’heure actuelle, l’armée française est la plus à même de remplir cette tâche au sein de l’Union européenne mais l’enjeu des prochaines décennies, avec le marasme économique annoncé, sera de le rester.

©Geoffroy Antoine
©Geoffroy Antoine

(NDLR : Un reportage vidéo réalisé par nos reporters Geoffroy Antoine et Aymeric Couchourel sera prochainement publié sur notre chaine YouTube.)

Geoffroy Antoine

https://www.bvoltaire.fr/reportage-exclusif-bv-a-rencontre-larmee-francaise-en-roumanie-a-100km-de-la-frontiere-ukrainienne/

Les commentaires sont fermés.