Matthieu Chevallier sur BVoltaire
13.297.760. Un record historique de voix enregistrées pour le Rassemblement national lors de ce second tour de l’élection présidentielle ; plus de 2,5 millions de plus qu’en 2017. Si ce résultat est encore éloigné de la majorité, il constitue pour autant une nette amélioration dans un contexte médiatique particulièrement hostile : tous les journaux, de Mediapart au Monde, en passant par Marianne, La Croix ou Libération ont pris fait et cause pour Macron en vue du second tour. Un pays où l’ensemble de la presse subventionnée par de l’argent public prend position pour le même candidat devrait d’ailleurs faire réfléchir.
Comme si cela n’était pas suffisant, un certain nombre de personnalités connues ont cru de bon ton d’appeler leurs fans à voter pour Emmanuel Macron. Une façon de montrer patte blanche, sans doute, et de témoigner de non-accointance avec l’infréquentable « extrême droite ».
C’est ainsi que la cinquantaine de sportifs, dont le célèbre rugbyman Antoine Dupont ou encore le joueur de basketball Tony Parker, avaient appelé à voter pour Emmanuel Macron à l’issue du premier tour (Le Parisien, 12 avril), expliquant que « défendre les valeurs sportives, c’est refuser l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite ». On les préfère sur les terrains de sport qu’en politique.
L’ancien joueur d’équipe de France de rugby Frédéric Michalak, qui avait signé la tribune dans Le Parisien, a rajouté une couche, le 21 avril, en injuriant le RN d’un « Honte à vous » sur Twitter à cause de la volonté de Marine Le Pen d’interdire le voile dans l’espace public, car sa propre sœur en porte un.
D’autres, à l’instar de l’avocat Alain Jakubowicz, président d’honneur de la LICRA, a ressorti les vieilles marottes que l’on agitait déjà face à Jean-Marie Le Pen, en faisant un parallèle ignoble entre la Shoah et l’enjeu du vote de ce second tour. « En déposant notre bulletin de vote dans l’urne, souvenons-nous que c’est aujourd’hui la journée nationale du souvenir de la déportation. »
Il y a aussi une ribambelle d’humoristes, de comédiens, de réalisateurs ou d’écrivains qui, ayant voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour, se sont scandalisés du second tour Macron-Le Pen, comparant ce choix comme celui entre la peste et le choléra, tout en affirmant qu’il leur était impossible de voter pour « l’extrême droite ». « Macron ne me satisfait pas du tout, mais l'autre (Marine Le Pen), c'est de la folie d'oublier à ce point son programme bourré de choses invraisemblables », expliquait le comédien Jacques Weber au Parisien, le 14 avril. L’actrice Romane Bohringer a expliqué, quant à elle, sur Instagram, qu’« on n’“essaie” pas Marine Le Pen ! On n’essaie pas le fascisme, aussi déguisé, aussi masqué soit-il. On ne se livre pas aux forces obscures », avant de parler de « dégâts incommensurables, irréversibles » si elle était élue.
Imaginons que des personnalités prennent, à l'inverse, fait et cause pour la candidate du Rassemblement national. Qu'adviendrait il ? Évincée de « Touche pas à mon poste ! », Delphine Wespiser en a fait les frais : « Je devais faire toute la semaine, donc, concrètement, je perds des émissions et donc je perds de l’argent. Et ce que je perds, c’est le prix de la liberté. Aujourd’hui, si je suis sanctionnée et si je perds de l’argent par rapport à ça, c’est le prix de la liberté. »