De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
Comme il était prévisible, le fameux « barrage à l’extrême droite » a fort bien fonctionné et la victoire d’Emmanuel Macron est nette: 58,5 % des voix. Bien sûr, il est aussi possible de regarder le « verre à moitié plein » et de constater que Marine Le Pen a réuni un nombre record de suffrages (13,3 millions, loin devant les 10,6 millions qu’elle avait réunis au deuxième tour de 2017).
On peut aussi constater que la victoire d’Emmanuel Macron est une victoire par défaut. D’abord parce que moins de 18,2 % des inscrits l’ont choisi au premier tour. Ensuite, et peut-être surtout, parce que, malgré le « front républicain», seuls 43,6% des inscrits ont voté pour lui au deuxième tour, plus de 16 millions d’électeurs refusant de choisir. C’est dire que la colère est profonde dans le pays. Les atteintes sans précédent aux libertés et la crise des gilets jaunes, sans parler des « petites phrases » insultantes, ont fait leur œuvre.
La campagne, quant à elle, n’a rien résolu, puisque ni le bilan, ni le projet n’ont été sérieusement discutés. Par conséquent, tout laisse à craindre que cette colère, qui n’a pas pu s’exprimer par le vote, s’exprime différemment. Pour le moment, je vois deux possibilités et aucune n’est vraiment réjouissante.
La première possibilité serait que cette colère s’exprime aux législatives. C’est ce que tous les opposants espèrent. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire électorale ne leur laisse guère de raison de l’espérer. Il n’y a, à ma connaissance, pas un seul exemple, depuis 1965 et la première élection présidentielle au suffrage universel direct, d’élections législatives effectuées après une élection présidentielle qui aurait permis « d’équilibrer les pouvoirs ». Au demeurant, c’est assez logique: cela n’aurait guère de sens d’élire un président et, dans la foulée, une majorité parlementaire qui lui soit opposée. Mais, à supposer que cela soit possible, je ne crois pas que ce serait une bonne nouvelle: la seule opposition qui serait en mesure de profiter de ce vote de
rejet serait l’extrême gauche. Selon toute vraisemblance, il y aura en effet une assez large union de la gauche – alors que les droites seront divisées. Rappelons qu’en 2017, au premier tour des législatives, le RN avait recueilli un peu moins de 3 millions de voix, soit moins de 39 % de ce qu’avait réuni Marine Le Pen à la présidentielle. La seule façon pour résister au courant est d’être implanté localement et d’être uni, ce qui sera le cas d’une bonne partie des candidats de gauche et de très peu de candidats de droite.
L’autre possibilité, ce sont les émeutes «anti-fascistes» à la première occasion (probablement la réforme des retraites). Dans les deux cas, le plus vraisemblable est donc que l’extrême gauche constitue l’opposition la plus forte et la plus cohérente de ce quinquennat. Et, sans même s’interroger sur la suite des événements, les déclarations d’Emmanuel Macron, dans l’entre-deux tours et dès sa réélection, sont parfaitement explicites: il va mener une politique de gauche.
Peut-être serait-il salutaire que la droite cesse de rêver à l’homme providentiel, s’enracine localement, abandonne les anathèmes contre le voisin le plus proche. Faute de quoi, en 2027, les mêmes causes produisant les mêmes effets, dans une France encore plus ensauvagée, encore plus islamisée, encore plus endettée, encore plus désindustrialisée, nous aurons de nouveau la victoire du candidat social-démocrate, voire celle de l’extrême gauche. En attendant la ruine et la disparition de notre civilisation que méprisent nos oligarques et que haïssent les envahisseurs.
https://www.lesalonbeige.fr/la-colere-qui-na-pas-pu-sexprimer-par-le-vote-sexprimera-differemment/