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La société française profondément divisée

La société française est profondément fracturée. L’élection de 2022 vient apporter une nouvelle illustration de cette division béante et sans doute irrémédiable, à la foi sociologique, géographique et idéologique.

  • Une fracture sociologique

Houellebecq a présenté les choses de façon simple : en 2022 les riches ont choisi Macron, les pauvres Le Pen, ceux qui ne sont ni l’un ni l’autre Mélenchon. Quelques précisions et nuances peuvent être apportées à cette analyse globalement pertinente. L’électorat de Macron est constitué en toute logique des CSP +. Il comprend également une grande partie des retraités, qui ont voulu maintenir un certain statu quo en votant en terrain connu.

Avides de stabilité, les retraités sont manifestement allergiques à des candidatures du type Zemmour ou Le Pen, qui représentent pour eux le saut dans l’inconnu et le risque du chaos : ils votent donc Macron, dont la politique pourtant risque de leur porter préjudice à brève échéance (baisse probable des pensions de retraite, insécurité, fréquentation inévitable de l’immigration envahissante, source de stress et de désagréments divers. Ajoutons que l’attitude de nombreux retraités boomers n’est pas dénuée d’une part de cynisme : « Après moi le déluge »…

Les profs et les fonctionnaires ont voté Mélenchon. De même pour les étudiants, travaillés par cinquante ans de propagande de gauche à l’éducation nationale et dans les universités : quand les bourgeois votent Macron, leurs enfants étudiants choisissent Mélenchon. Les immigrés eux-aussi, bien sûr, ont voté au premier tour pour l’islamo-gauchiste Mélenchon.

L’électorat de Zemmour a été celui de la Manif pour tous : c’est la bourgeoisie de droite catholique qui constituait une partie de l’électorat Fillon (voir cette chronique). Quant à l’électorat Le Pen, les milieux populaires de souche en constituent le cœur.

  • Une fracture géographique

Le clivage sociologique se double d’un clivage géographique, qui comprend plusieurs facettes. Une opposition entre les métropoles d’une part et la France périphérique des petites villes et les campagnes d’autre part. Une opposition entre régions attractives et celles qui sont à l’écart des flux économiques et touristiques. Une opposition entre l’est et l’ouest, où l’immigration est restée jusqu’à présent limitée, même si les choses sont en train de changer rapidement. Pour simplifier on peut dire que les habitants des métropoles situées à proximité de la côte atlantique ont toutes les chances d’avoir voté Macron au second tour ; ceux des petites villes de la partie est ont souvent voté Le Pen.

  • Une fracture idéologique

Sur le plan des idées, trois blocs divisent les Français de souche européenne. Le premier est celui des progressistes qui professent la religion de l’égalité. Ils constituent l’extrême-gauche, successeurs des communistes. Le second est celui des progressistes libéraux-libertaires, dont la religion est celle de l’individu-roi et de sa liberté. Ce second camp réunit la partie libérale de la droite et de la gauche. Il détient le pouvoir et constitue le Système. Les partisans d’un maintien de l’identité française et européenne constituent le troisième bloc : c’est celui que les deux autres camps qualifient d’extrême-droite. La fracture idéologique est la plus béante de toutes : entre ces trois blocs, la détestation est réciproque et absolue.

Le Système présente les deux extrêmes, de gauche et de droite, comme se rejoignant et il prétend les rejeter l’une et l’autre avec la même énergie. En réalité les adeptes du culte de l’égalité et les libéraux-libertaires divergent certes radicalement sur le terrain économique et social mais ils ont en commun deux points essentiels : le progressisme et le mondialisme. En outre, même s’ils ne participent pas au pouvoir politique et économique, les zélateurs de la religion égalitaire occupent des positions de pouvoir clés au sein de la société française : médias, éducation, université, fonction publique, monde culturel et intellectuel. De ce fait ils parviennent à peser fortement sur les politiques suivies : ils sont à l’origine en particulier de toutes les mesures égalitaires et de redistribution qui font de la France le pays le plus imposé et le plus socialisé du monde (selon les chiffres de l’OCDE, la France détient en effet le record mondial des prélèvements obligatoires).

Précisons que ces clivages ne concernent que les Français qui ont un point de vue. Il faut aussi tenir compte de tous ceux, et ils sont nombreux, qui sont dépourvus d’idées précises ou indifférents à la chose publique. Ceux-là s’abstiennent, votent au hasard ou se rallient au courant le plus fort du moment.

La racine de la fracture idéologique est à l’évidence la révolution française. On retrouve aujourd’hui bien présentes les trois familles qui s’affrontaient alors, les libéraux, les extrémistes de l’égalité et les partisans de la société traditionnelle. Bien entendu chacune des familles a évolué, en relation avec les changements du monde. Aujourd’hui le point de clivage majeur n’est plus la religion catholique, encore moins la royauté : c’est l’immigration. Cependant les ressorts idéologiques à l’œuvre sont toujours les mêmes. Les deux familles du camp progressiste continuent leur entreprise séculaire de destruction de la société et de la civilisation françaises. Ils poursuivent également leur affrontement, au nom des deux concepts antagonistes que sont la liberté et l’égalité.

Face ce camp progressiste, celui des Français attachés à la conservation de certains éléments de la société traditionnelle subsiste. Ce camp « conservateur », cependant, ne cesse de perdre de l’importance. Son point de faiblesse majeur est qu’à la différence des deux autres, il n’a qu’une conscience floue de son identité.

L’élection de 2022 vient ainsi de montrer que les partisans d’un maintien de l’identité française sont sociologiquement et politiquement divisés. Pire, les résultats 2022 soulignent que ces Français « conservateurs » ou « identitaires » ne sont plus qu’une faible minorité. En prenant en compte le score de Le Pen au second tour, ils représentent 42 % des suffrages exprimés mais seulement 27 % des inscrits sur les listes électorales. Un quart des Français seulement, donc…

Ces clivages ne concernent, comme nous le disions plus haut, que les Français de souche européenne. Il faut bien entendu intégrer dans l’analyse le bloc des personnes originaires de l’immigration non européenne. Ce groupe est nombreux : sans doute entre 18 et 20 millions, soit presque le tiers de la population totale en métropole. Non seulement les immigrés sont très nombreux, mais ils bénéficient d’une forte dynamique démographique : leur nombre augmente d’au moins 500.000 par an, tandis que la population des Français de souche européenne tend, elle, à diminuer, compte-tenu de sa faible natalité. Dans ces conditions, il est devenu évident que le moment venu, d’ici vingt ou trente ans, ce bloc originaire de l’immigration non européenne prendra toute la place, rendant obsolètes les querelles franco-françaises. Pour l’instant les immigrés qui votent, apportent leur suffrage aux communistes, devenus sous la houlette de Mélenchon islamo-gauchistes. En témoigne le score de Mélenchon dans les endroits où les immigrés sont majoritaires. Au second tour une partie des immigrés ont voté Macron. Les immigrés ne sont cependant pour l’heure qu’une force politique périphérique : bientôt ils feront la décision.

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Aussi profondément divisée, la société française est bien entendu en situation de grande fragilité. L’invasion migratoire en cours va probablement mettre un point final, en France et plus généralement en Europe, au parcours de la civilisation européenne, entamé il y a mille ans.

Au nom de la liberté et de l’égalité, les progressistes veulent depuis deux cents ans détruire la société française, pour faire naître un homme nouveau et édifier un monde meilleur. En suscitant et en organisant, depuis cinquante ans, l’immigration non européenne, ils ont trouvé le moyen radical et sans doute définitif d’éradiquer le vieux monde.

Voir également ces chroniques :

Trois France désormais, qui se haïssent

Les nouveaux visages de l’anti-France

Deux cents ans de guerre civile française

https://leblogdepaysansavoyard.wordpress.com/2022/06/17/la-profonde-division-de-la-societe-francaise/

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