Gaëtan de Capèle
Ce sont des questions que l’on pensait ne jamais avoir à poser. Aura-t-on de l’électricité à Noël ? Pourra-t-on se chauffer correctement cet hiver ? Les entreprises seront-elles en mesure de faire tourner leurs usines ? Il y a encore peu, nous disposions avec le nucléaire d’une énergie abondante et bon marché, peu carbonée de surcroît. Une combinaison miraculeuse réconciliant intérêts économiques et préoccupations environnementales. On a beau connaître la suite de l’histoire, l’irresponsabilité en politique reste parfois un mystère insondable. Comment, sous la pression d’une bruyante minorité idéologisée, et moyennant de petits accords politiques sans lendemain avec des personnalités aussi considérables que Cécile Duflot, François Hollande a-t-il pu décider de troquer l’atome contre du vent ?
Fessenheim fermée, EDF aux abois, prix ahurissants... en dix ans, notre paradis énergétique s’est transformé en enfer, largement du fait de notre masochisme.
Nous payons aujourd’hui la facture de cette inconséquence. De boucliers tarifaires en cuirasses anti-inflation, l’État a déjà commencé à se saigner de 24 milliards d’euros pour ne pas ressusciter les « gilets jaunes ». Le gouvernement prend moins de gants avec les entreprises - menacées de rationnement, voire de sanctions - qui n’occupent pas les ronds-points. Mais elles subissent elles aussi la double peine : des prix insoutenables sur fond de risque de pénurie. De leur capacité à absorber le choc dépendent la croissance, l’emploi et les finances publiques. L’enjeu pour notre économie vaut davantage qu’une polémique étriquée sur les « superprofits ».
La meilleure énergie étant celle que l’on ne consomme pas, les entreprises, comme les particuliers, ont à l’évidence des progrès à accomplir pour devenir plus sobres. Dans leur propre intérêt, elles s’y astreignent déjà largement pour accroître leur compétitivité. De même prennent-elles leurs dispositions pour passer l’hiver au mieux. La France étant la France, la tentation est grande d’apposer une nouvelle couche de réglementation pour imposer la marche à suivre. C’est tout sauf ce dont elles ont besoin
Source Figaro 3/9/2022
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/09/03/double-peine-6399246.html