Le législateur italien pro-migrants Aboubakar Soumahoro a décidé de se retirer de son groupe parlementaire, l’Alliance des Verts et de la Gauche (Alleanza Verdi Sinistra), en raison des enquêtes en cours contre sa femme et sa belle-mère pour fraude fiscale et mauvais traitement de migrants.
Les enquêtes visent les coopératives de la femme et de la belle-mère de M. Soumahoro, qui auraient fourni des contrats irréguliers, n’auraient pas payé les employés, auraient fraudé le fisc et auraient laissé vivre des migrants dans des conditions précaires dans des installations financées par des fonds publics.
« Avec la plus grande liberté, Aboubakar Soumahoro nous a informés de sa décision de se retirer du groupe parlementaire Alleanza Verdi Sinistra », ont annoncé Angelo Bonelli, Nicola Fratoianni et Luana Zanella, représentants des partis Europe verte-Les Verts (Europa Verde), la Gauche italienne (Sinistra Italiana) et l’Alliance.
« Nous respectons ce choix […] même s’il n’est pas exigé », ont-ils ajouté après avoir demandé des éclaircissements au député et ancien syndicaliste d’origine ivoirienne dès que le scandale a éclaté. M. Bonelli s’était dit « bouleversé » par cette annonce.
Les coopératives Karibu et Consorzio Aid s’occupent des « services d’accueil et d’intégration sur le territoire des demandeurs d’asile, des réfugiés politiques et des immigrés dans le cadre du projet d’accueil généralisé Sprar (Système de protection des demandeurs d’asile et des réfugiés) ».
L’enquête fait suite aux dénonciations d’une trentaine d’anciens pensionnaires des structures gérées par les coopératives, dont certains mineurs, auprès de la presse et du syndicat concerné.
Les anciens pensionnaires ont fait état de « conditions de vie inacceptables » en raison de mauvaises conditions d’hygiène, du manque d’électricité, de vêtements, de nourriture et d’eau, et de l’absence d’argent de poche, qui aurait dû s’élever à 10 euros par jour. Karibu et Consorzio Aid ont déclaré qu’ils attendaient les versements des autorités locales.
L’opinion publique italienne n’a pas réagi à la légère aux allégations formulées à l’encontre des coopératives liées à l’épouse et à la belle-mère de M. Soumahoro, d’autant que son épouse affiche depuis longtemps son style de vie extravagant sur les réseaux sociaux.
M. Soumahoro lui-même a publié une vidéo sur Facebook pour répondre à la controverse.
« Ma vie a été caractérisée par la lutte contre toutes les formes d’exploitation. Vous voulez ma mort. Je me suis toujours battu », a-t-il déclaré dans la vidéo.
M. Soumahoro s’est également présenté le premier jour de travail à la Chambre des députés avec des bottes pleines de boue, « un symbole des souffrances et des espoirs du pays réel qui entre dans la Chambre avec moi pour légiférer — en mémoire de ceux qui sont morts au travail, de ceux qui sont discriminés et de ceux qui ont faim », a-t-il déclaré.