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Tyrans d’Afrique : les mystères du despotisme postcolonial (Vincent Hugeux)

Vincent Hugeux a passé plus de trois décennies à traiter les sujets africains pour différents médias. Il enseigne aussi à Sciences-Po et avait déjà publié chez Perrin un ouvrage historique consacré aux Reines d’Afrique. C’est à nouveau chez Perrin qu’il vient de signer Tyrans d’Afrique.

Plusieurs nations africaines ont soufflé les 60 bougies de leur indépendance. Mais qu’ont-elles à célébrer ? Dès les premières heures du nouvel âge sont apparus de nouveaux fléaux. A commencer par l’insatiable appétit de pouvoir de chaque Caligula subsaharien, toujours prêt à jeter opposants et rivaux au fond d’un puits, d’un cachot, d’une fosse commune, à moins qu’il ne les ait livrés à la torture, à la potence, au peloton ou aux crocodiles. Il faut aussi parler des faveurs accordées à l’ethnie du chef ou de la “privatisation de la mangeoire” par la famille présidentielle et son clan.

Ce livre nous fait (re)découvrir une galerie de personnages sanguinaires, cruels, sadiques. Egocrates africains, bouffons despotes, versatiles imprévisibles, caricatures vivantes rassemblant tous les défauts des hommes détenant le pouvoir qui rend fou. On sourit à la lecture des foucades et de la vanité puérile d’un Bokassa. Mais que dire des lubies et de la brutalité d’un Amin Dada ou d’un Robert Mugabe ? Les tyrans africains qui nous sont présentés ont été capables de tous les excès : cupidité illimitée, accaparement sordide des proies sexuelles y compris les femmes de leurs ministres, prétentions messianiques, violences extrêmes et même cannibalisme pour certains !

Cet ouvrage souligne aussi qu’on ne peut pas comprendre l’Afrique et ses tyrans sans tenir en compte que la nuit venue ceux-ci s’en remettent souvent aux présages d’un marabout ou à des rites de sorcellerie. Le livre rappelle qu’il fut un temps où trouver un féticheur à Brazzaville pendant le Congrès du Parti congolais du travail, formation convertie à la logomachie marxiste-léniniste, relevait de l’exploit. Logique : toute la corporation hantait alors les couloirs de la réunion, louant ses services aux apparatchiks avides de se blinder contre une éventuelle disgrâce. Comme bien d’autres de ses homologues africains, le Camerounais Paul Biya quémandait tour à tour les conseils d’un prêtre catholique, d’un sorcier vaudou, d’un occultiste rosicrucien et d’un rabbin kabbaliste.

L’Afrique est capable de tous les syncrétismes entre les croyances les plus opposées et les plus improbables. On y passe de la magie au christianisme, du christianisme à l’islam, de l’islam à la franc-maçonnerie…

Au final, tout le discours anti-colonialiste vient se fracasser contre cette terrible réalité : les Africains n’ont jamais tant été asservis que par d’autres Africains.

Tyrans d’Afrique, Vincent Hugeux, éditions Perrin, 416 pages, 23 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

https://www.medias-presse.info/tyrans-dafrique-les-mysteres-du-despotisme-postcolonial-vincent-hugeux/141949/

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