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Camille Étienne, nouvelle égérie de l’écologie radicale, évacue la démocratie

Avec la fraîcheur de son âge et l’aveuglement militant dont peut être capable la gauche écologiste, la jeune Camille Étienne, 24 ans, (re)pose ces jours-ci, dans les médias (dans L'ObsLe Monde, sur France Inter, dans « Quotidien » sur TMC), le triple questionnement fondamental des verts-rouges : l’écologie jusqu’où ? Les privations de libertés pour raisons d’écologie jusqu’où ? Le piétinement de la démocratie jusqu’où ?

Il faut évidemment faire la part de la jeunesse et de l’idéalisme palpable de la jeune femme qui signe Pour un soulèvement écologique, dépasser notre impuissance collective aux Éditions du Seuil. Mais cette pensée rejoint celle de toute une mouvance solidaire des manifestations de Sainte-Soline. Elle est caractéristique du piège dans lequel se jette une partie de la jeunesse avec la bénédiction de l’ultra-gauche et de mouvements comme Les Soulèvements de la Terre, que Darmanin veut dissoudre. Pour détruire ce qui reste de son industrie et de son agriculture, entre autres, la France ne va pas assez loin, pas assez vite, explique la jeune militante, qui fait le constat d’une « société où on ne peut pas agir ».

Camille Étienne invite donc tout simplement à « faire le deuil de l’illusion d’un consensus ». Expliquer, convaincre, c’est trop long, c’est trop dur, c’est trop fatigant. Inutile, donc, de s’encombrer avec les lents mouvements de l’opinion et les réflexes de bon sens des Français. Désormais, il y a « l’urgence climatique » qu’il faut avaler comme l’huile de foie de morue d’autrefois. Très vite, d’un coup et en fermant les yeux pour apaiser l’amertume de ce qui ressemble quand même pas mal à l’enterrement du progrès, d’une démarche intellectuelle éclairée et d’un minimum de pratique démocratique. Et zou ! puisqu’on vous dit que c’est bon pour vous. Foin du consensus, place à la propagande, à la dictature et à la force.

L'écologie d'abord, la démocratie après

Notre jeune auteur cite une étude menée par deux Américaines qui semblent redécouvrir le vieux Gramsci. « Elles regardent les mouvements sociaux qui ont obtenu des victoires, elles se rendent compte qu’on a besoin de 3,5 % en moyenne de la population pour bousculer un ordre établi. » Miracle, le journaliste d’Inter pose la question de bon sens : « Y compris contre la volonté de la majorité ? » La jeune femme jette un coup d’œil à ses notes et file en crabe : « On a absolument besoin d’un débat démocratique sur ces questions », explique-t-elle, mais aussi de tenir compte « des réalités établies qui encadrent cette démocratie : les limites de la biosphère, les limites planétaires, qu’on ne peut en rien négocier. Ce sont les seules réalités qu’on doit prendre en compte. » Diable ! Dès lors, que reste-t-il au débat ? La couleur du papier peint ? Les yeux pour pleurer ? La démocratie et la liberté passent après les dogmes rouges-verts. Et en rasant les murs, si possible. Le journaliste insiste : « Est-ce qu’au nom de ces réalités, on peut se passer de démocratie ? Sont-elles plus fortes que la démocratie ? » Ces réalités vertes, « elles l’encadrent et elles la permettent (la démocratie), c’est le terrain de jeu avec lequel on doit jouer », explique Camille Étienne. On a donc bien compris : l'écologie d'abord, la démocratie après.

Une manière de voir qui en rappelle une autre. « Tandis que l'État existe, pas de liberté, écrivait Lénine dans son livre L’État et la RévolutionQuand régnera la liberté, il n'y aura plus d'État. » On a vu. Tant que la planète est en danger, pas de liberté et pas de démocratie, expliquent nos despotes verts. Quand la planète sera sauvée, il n’y aura plus d’État, devenu inutile. On y croit.

Camille Étienne n’a rien inventé, Marine Tondelier est sur la même ligne à peu de choses près. Et Manon Aubry assumait clairement cette dictature nécessaire à l’écologie dans des tweets publiés en 2020 : « Une question mérite cependant qu’on s’y arrête, expliquait-elle : faut-il rejeter l’écologie du fait qu’elle implique la restriction de certaines libertés individuelles ? À mon sens, la réponse est clairement non. » Elle le justifiait par le « contrat social » et le caractère représentatif des institutions, évacuant l’hypothèse d’un peuple qui ne veut pas.

Or, Yann Barthès donne lui-même les chiffres : même les jeunes renâclent ! « 42 % des 16-24 ans sont climatosceptiques et 36 % des 18-24 ne pensent pas que le dérèglement climatique est d’origine humaine », constate-t-il. On vous le dit, ces Gaulois refusent d’obéir. Une solution : la privation du droit de vote. Et le knout !

Marc Baudriller

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