Après la visite conjointe à Tunis le 11 juin dernier du Premier ministre italien Giorgia Meloni, du Premier ministre néerlandais Marc Rutte et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen pour rencontrer le président tunisien Kaïs Saïed, c’était au tour du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin de traverser la Méditerranée voilà quelques jours.
En visite dimanche 18 et lundi 19 juin en Tunisie, Gérald Darmanin ne s’est pas rendu, lui non plus, les mains vides dans le pays du Maghreb. Il a annoncé le 19 juin que la France allait verser une aide de près de 26 millions d’euros à la Tunisie afin d’aider cette dernière à lutter contre l’immigration illégale en renforçant le contrôle de ses frontières. Lors de sa rencontre avec le président tunisien, le ministre de l’Intérieur a notamment « rappelé les liens solides d’amitié qui unissent nos deux pays et notre volonté de relever ensemble les défis sécuritaires et migratoires » :
La Tunisie, « garde-frontières » de l’Europe sans l’être vraiment…
Bien que ce transfert de fonds annoncé se fasse depuis la France vers la Tunisie, Gérald Darmanin a présenté cette dernière le 19 juin comme étant une « aide bilatérale dédiée aux questions migratoires ». Ces 25,8 millions d’euros crédités au budget tunisien aux frais des contribuables hexagonaux sont censés être utilisés pour acheter des équipements aux autorités et des formations aux policiers et garde-frontières tunisiens.
Lors de sa prise de parole à Tunis, le ministre de l’Intérieur a déclaré que cette dotation de moyens a pour objectif de « contenir le flux irrégulier de migrants et favoriser leur retour dans de bonnes conditions ».
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Par ailleurs, Gérald Darmanin, visiblement soucieux de ne pas froisser Kaïs Saied, a pris soin de préciser : « Ce n’est pas la vocation de la Tunisie d’être le garde-frontières de l’Europe. La Tunisie est la première victime de cette immigration irrégulière ». Pour le ministre français, c’est aux pays d’Afrique subsaharienne qu’il revient « de faire en sorte qu’il y ait un minimum de départs ». Mais croit-il vraiment lui-même à de telles déclarations ?
Des propos qui font suite à ceux du président tunisien le 10 juin dernier, lorsqu’il avait déclaré qu’il s’opposait à ce que son pays devienne « le garde-frontières » de l’Europe. Un point de vue réitéré le 12 juin par la voix d’un conseiller du président Kaïs Saïed, Walid Hajjem, suite à la visite de la délégation européenne le 11 juin. Walid Hajjem avait alors précisé que chaque dirigeant était libre de ses propos et de ses interprétations, mais qu’en ce qui concerne Kaïs Saïed, « les choses étaient très claires, pas question de jouer le rôle de gardien des frontières européennes ».
Pourtant, avec certaines zones du littoral tunisien situé à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa tandis que la Méditerranée centrale a été la route maritime la plus prisée des clandestins ces derniers mois, si ce n’est pas un « garde-frontière de l’Europe » qu’est venu chercher Gérald Darmanin à Tunis, cela s’en approche fortement…
Enfin, cette enveloppe française de près de 26 millions d’euros vient s’ajouter à une aide d’au moins 100 millions d’euros de la part de la Commission européenne annoncée lors de sa visite à Tunis le 11 juin par Ursula von der Leyen.
Côté italien, Rome s’est également engagée à aider financièrement la Tunisie à atteindre la stabilité. Le 7 juin dernier, Giorgia Meloni a annoncé que l’Italie comptait envoyer environ 750 millions de dollars d’aide à la Tunisie.
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