Dans un contexte où les policiers sont souvent décriés et stigmatisés, certains donateurs ont choisi de s'exprimer, faisant partie de leur sympathie ; car oui, la police est, encore, en majorité appréciée en France.
« Donner, c’est dire à la famille "vous n’êtes pas seuls" »
Dans les colonnes de L’Obs, plusieurs donateurs de la cagnotte ont été interrogés. Parmi eux, le témoignage de Sylvie est particulièrement parlant. Son mari, lui aussi policier, a été jadis percuté par un chauffard ; celui-ci n’a jamais été retrouvé. Elle confie : « Nous n’avons reçu aucun soutien de la part de l’institution, il s’est fait renverser comme une merde et zéro soutien. Et moi non plus ! […] Pour moi, c’est un peu un don à moi-même. Donner, c’est dire à la famille "vous n’êtes pas seuls". »
Parmi les autres donateurs, Slimane, auteur d’un don de dix euros, dénonce « des conditions de travail épouvantables » envers les policiers. Bertrand, fils d'un gendarme, explique, dans Le Figaro, voir dans cette cagnotte une façon pacifique de faire entendre sa voix : « J'ai 59 ans, je fais partie de ces vieilles générations qui ne reconnaissent plus la France telle qu'elle était. La seule voix qu'il nous reste, c'est ce genre d'action. »
« Nous, Français, nous n’en pouvons plus »
Notons également que les donateurs de la cagnotte en soutien à la famille du policier sont issus de divers horizons politiques. Guillaume, qui se dit opposé aux « extrêmes », souligne les épreuves endurées par les policiers et les commerçants : « OK, le policier a fait une connerie, c’est terrible, mais il faut voir ce que les mecs se prennent dans la gueule. Et puis, il y a eu tellement de débordements. Les commerçants qui ont eu leurs vitrines cassées ont payé un lourd tribut. J’ai aussi donné par rapport à eux. » Marie, une ancienne conseillère municipale du Parti radical de gauche, déclare : « Évidemment, il aurait dû obtempérer, le policier a bien fait de tirer. »
Dans un tweet récent, Jean Messiha montre la photo d'une carte assortie d’un chèque de cinq euros en soutien à la cagnotte du policier. Il y est écrit : « En soutien à la police, et toutes les forces de l’ordre. Nous, Français, nous n’en pouvons plus (de cette racaille) ! Merci d’œuvrer pour nous. » Signé les Français et la France.
Contacté par BV, Jean Messiha, à l’initiative de la cagnotte, explique qu’il a reçu beaucoup de témoignages touchants. Au vu de la somme d’argent récolté, il conclut : « C'est comme si, à travers la cagnotte, il y avait une forme d'insurrection d'une France silencieuse. Depuis quarante ans, les Français sont sommés de ne s'émouvoir que de tout ce qui ne les concerne que de manière lointaine, les émotions concernant ce qui est strictement français étant criminalisées » et « In fine, en sourdine, la cagnotte est un soutien à la police, aux forces de l'ordre et à ceux victimes d'insécurité. » Des témoignages, en effet, symptomatiques d'une réalité souvent occultée : celle du profond attachement des Français envers leurs forces de l'ordre.
Félix Perrollaz