Souvent entendons-nous les officiels et les prébendiers de l'État central parisien se gargariser, en prétendant que la république hexagonale qu'ils régentent serait "le pays de la liberté".
Il est vrai qu'en 1789, les révolutionnaires jacobins firent voter par l'Assemblée constituante, avec l'accord du bon roi Louis XVI, une ambitieuse "déclaration des droits de l'homme et du citoyen". Elle tendait à systématiser la Charte des Droits adoptée, par l'Angleterre, un siècle plus tôt plus tôt, et grosso modo appliquée depuis en Grande-Bretagne puis, sous une forme un peu plus doctrinaire, par la révolution américaine.
La différence de taille entre "le" pays de la liberté et ses prédécessurs, reste malheureusement que, malgré ses prétentions universelles la "Déclaration" française fut très rapidement démentie dans les faits, et continue de subir les distorsions les plus unilatérales.
Au hasard, prenons l'article 10 de "notre" fameuse Déclaration : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi." Ce grand principe a bien sûr été violé, en particulier à l'encontre des catholiques dès que fut votée en juillet 1790 la constitution civile du clergé, décret de l'assemblée auquel le roi tenta de résister, et dont l'application fut la cause la plus déterminante de la guerre civile dans les provinces de l'ouest.[1]
Mais aujourd'hui. Oui les opinions les plus folles peuvent s'exprimer librement en France… dès lors qu'elles ne déplaisent pas à la gauche… laquelle s'érige elle-même en gardienne du progrès et de la culture. La gauche qui a décidé une fois pour toutes que la droite française était la plus bête du monde puisque Guy Mollet, une valeur sûre, prétendit un jour l'avoir constaté, etc.
Gare à quiconque entreprend de maintenir ou de développer une presse et des moyens d'information échappant, tels Cnews ou Valeurs actuelles" aux mots d'ordre de l'intelligentsia.
Gare aux méchants étrangers, de vox en Espagne aux gouvernement polonais, qui de plus en plus nombreux en Europe osent s'écarter, d'une doxa conçue par des technocrates hexagonaux, comme le furent successivement le traité de Maastricht signé en 1991, œuvre de Jacques Delors et Pascal Lamy, le traité de Nice, œuvre d'Alain Juppé et Jacques Toubon suivi de la "Déclaration sur l’avenir de l'Union" sur laquelle on fait reposer, depuis 2001, tout l'édifice idéologique des pseudo-valeurs inclusives, etc.
Gare à quiconque contrevient aux mots d'ordre, surtout lorsqu'il, ou elle, vient d'un pays aussi lointain que l'Italie.
Béatrice Venezi, directrice d'orchestre de talent est en train de l'apprendre à ses dépens.
Son crime, sa faute : être sympathisante de Fratelli d'Italia, le parti de droite auquel les électeurs transalpins ont librement, démocratiquement, donné leur préférence en 2022.
Elle était invitée à Nice en décembre prochain. Elle y avait déjà dirigé un concert en 2022 – concert qui, faut-il le souligner, n'a pourtant provoqué aucun trouble. Il est prévu qu’elle y revienne à la fin de cette année diriger du 21 au 29 décembre l’Orchestre philharmonique de Nice dans le ballet Giselle d’Adolphe Adam, ainsi que le concert du nouvel an le 1er janvier 2024. Mais onze (11) associations et organisations syndicales s’élèvent contre cette invitation d’une proche de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni. Pour les signataires d’un communiqué commun – parmi lesquels le Planning familial des Alpes-Maritimes et le parti Europe-Écologie-Les-Verts –, ce serait "donner un blanc-seing au néofascisme italien" : "Dans un contexte de banalisation de l’extrême droite et du fascisme, l’invitation faite constitue un geste politique que nous contestons et dénonçons fermement." Etc.
Béatrice Venezi a été appelée comme conseillère musique de Gennaro Sangiulian ministre de la Culture de son pays.
Quelle horreur, n'est-ce pas, "au pays de la liberté" ?
JG Malliarakis
À lire en relation avec cette chronique
- On lira à ce sujet "Les Chouans" (1793-1799) Tome III de L'Histoire de la Vendée militaire qui vient d'être réimprimé.⇑