En ce premier tiers du vingt-et-unième siècle, la France apparaît comme un objet tout à fait étrange du point de vue de l’analyse politique, sociale et économique. Elle constitue en effet tout à la fois un pays socialiste, ultralibéral et totalitaire.
- La France pays socialiste
De nombreux points de vue, nous allons en dresser la liste, la France peut être considérée comme un pays socialiste.
Le premier signe de cette situation est le nombre considérable des structures publiques. Il existe tout d’abord un grand nombre de services publics, qui revêtent différents statuts : sécurité sociale, hôpitaux, écoles, organismes d’HLM… A côté de ces structures à la légitimité incontestable, il en existe également de nombreuses autres dont la justification est plus douteuse. Il faut citer ainsi les nombreux niveaux d’administration et notamment les multiples couches du mille-feuilles territorial (communes, communauté de communes et d’agglomérations ou communautés urbaines, départements, régions) : cet empilement est une source de double-emplois, de gâchis, de dépenses de structures, d’emplois surnuméraires et d’opacité. On peut relever également l’existence des multiples commissions, comités, conseils et autres hautes autorités qui gravitent dans la périphérie de l’administration. Le caractère surdimensionné des structures politiques nationales est également à signaler : par exemple le nombre de députés est de 577 (contre 435 membres de la chambre des représentants aux Etats-Unis, 5 fois plus peuplé), 348 sénateurs (100 aux Etats-Unis). Se trouve ainsi vérifiées les analyses des théoriciens libéraux, comme F. Hayek. Lorsque la sphère publique est trop importante, elle est entourée d’une couche épaisse de mauvaise graisse : gravite dans sa périphérie toute une série de structures qui prolifèrent et vivent comme des parasites.
Deuxième signe de l’existence d’un système socialiste : le nombre énorme de fonctionnaires et agents publics. Le nombre des fonctionnaires et agents de la fonction publique d’Etat, territoriale et hospitalière est de 5,7 millions. Il faut ajouter les 165 000 salariés de la sécurité sociale (voir ici), ainsi que les 1,2 million d’emplois dans le secteur associatif non marchand, qui vit des subventions des pouvoirs publics (en particulier dans le secteur de l’action sociale ; voir ici). Enfin parmi les 760 000 salariés des entreprises publiques, une partie bénéficient d’un statut fortement protecteur, proche par plusieurs aspects de celui des fonctionnaires (SNCF, EDF… ; voir ici). Le total de tous ces emplois financés sur fonds publics représente une proportion considérable (plus du quart) des 27 millions d’emplois salariés (voir ici). Un certain nombre de ces emplois sont des emplois surnuméraires, créés pour limiter artificiellement le chômage. C’est notamment pourquoi les effectifs de la fonction publique territoriale ont été fortement augmentés dans les années 1980 et 1990. Ces emplois de complaisance relèvent souvent de la logique du clientélisme local. Il est notoire par exemple qu’une partie des emplois locaux correspondent à des horaires de travail très faibles et à un absentéisme élevé. Parmi les emplois créés pour faire baisser artificiellement le chômage, on peut également citer les « emplois aidés » : ces emplois sont environ 40 000, dans la fonction publique, en particulier dans la fonction publique territoriale (voir ici) ; en comptant les emplois du secteur marchand, les bénéficiaires de contrats aidés étaient 182 000 en 2020 (voir ici).
La présence de syndicats artificiellement soutenus par les pouvoirs publics constitue un autre signe de l’existence d’un système socialiste. Les syndicats en France sont subventionnés en particulier par le système de la gestion soi-disant paritaire de la sécurité sociale, qui permet aux appareils syndicaux de disposer d’emplois fictifs payés par la sécurité sociale. Très peu présents dans les entreprises, les syndicats français sont en revanche très implantés dans la fonction publique et dans le secteur public (SNCF, EDF…) où, à l’abri de statuts protecteurs, ils développent une action hyper-corporative, à coups de grèves à répétition, préjudiciable à l’intérêt général.
Quatrième signe. Toutes une série de secteurs sont fortement subventionnés : l’agriculture, la culture, la presse, le milieu associatif… Le principe même des subventions n’est sans doute pas contestable, cet outil constituant l’un des leviers de toute action publique. Mais l’ampleur des subventions est telle qu’elle entraîne manifestement des abus. Par exemple la presque totalité de la presse subventionnée est vouée au soutien actif du Système. Par exemple le niveau de subventions distribuées par le ministère de la culture permet la multiplication de productions « culturelles » de qualité médiocre. Par exemple encore, les subventions à l’agriculture sont captées pour une bonne partie par l’agriculture industrielle et capitalistique…
Autre signe de l’existence d’un système socialiste : la politique d’indemnisation du chômage est extrêmement sociale. Elle est tellement généreuse et large qu’elle finance en réalité un assistanat massif. Le nombre de chômeurs, au sens du BIT, est actuellement de 2,2 millions (voir ici). En outre environ 1 million de personnes sont inscrites à Pôle emploi sans correspondre aux critères BIT, le plus souvent parce qu’elles ont occupé un emploi à temps partiel dans les semaines précédent leur inscription. Il existe également ce que l’INSEE appelle un « halo autour du chômage », composé de personnes qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas immédiatement disponibles ou ne font pas de recherche d’emploi : ce halo est de près de 2 millions de personnes (voir ici). Il faut ajouter enfin au moins un million de personnes qui ne souhaitent pas travailler (sur les 2 millions de titulaires du RSA, seuls 40 % sont inscrits à Pôle emploi ; voir ici). Au total, ce sont au moins 6 millions de personnes d’âge actif qui n’occupent pas d’emploi.
On peut également mentionner l’augmentation spectaculaire du nombre des étudiants (3 millions de personnes inscrites actuellement dans l’enseignement supérieur contre 1,1 million en 1980). Ce triplement a permis de faire baisser artificiellement le chômage. Une partie des étudiants occupent un emploi à temps partiel mais ils ne sont qu’une minorité. Cette augmentation considérable des étudiants est d’autant plus contestable qu’une part considérable d’entre eux n’obtiendront pas d’emploi correspondant à leur qualification à l’issue de leurs études (40 % des inscrits à l’université la quitteront sans aucun diplôme). Pourtant les emplois non pourvus se comptent par centaines de milliers. Le gouvernement les estime à près de 400 000 (voir ici). Selon d’autres sources le nombre serait très supérieur. On se trouve donc manifestement en présence d’une situation du travail particulièrement malsaine, où se combinent assistanat massif et emplois non pourvus (voir cette chronique).
L’une des preuves les plus évidentes de ce que la France est un pays socialiste est le niveau des dépenses publiques (53 % du PIB) et celui des impôts, taxes et cotisations sociales (ou « prélèvements obligatoires »). Le taux de prélèvement obligatoire est d’environ 45 % du PIB, l’un des plus élevés du monde (45,6 % en 2020 selon l’UE, en deuxième position derrière seulement le Danemark mais devant les pays pourtant ultra sociaux que sont la Suède et la Norvège ; voir tableau page 193). Ce taux est considérablement plus élevé que dans les pays libéraux, tels que le Royaume-Uni (où le taux est de 33 %) ou les Etats-Unis (27 %) : mais il également bien plus élevé qu’en Allemagne (40 %), pays pourtant social, où les syndicats sont puissants et qui est souvent gouverné par les sociaux-démocrates (voir ici).
Ce taux record de prélèvements obligatoires était inférieur à 35 % jusqu’au milieu des années soixante-dix. Il n’a cessé d’augmenter depuis, pour financer les différents postes de dépenses que nous évoquions plus haut : la multiplication des structures publiques ; la multiplication du nombre de fonctionnaires, notamment pour diminuer artificiellement le chômage ; la multiplication du nombre des étudiants ; le financement du chômage et de l’assistanat. Ajoutons bien sûr le financement de l’immigration, qui est sans doute l’un des gouffres principaux. Le niveau extrêmement élevé des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires résulte d’une part de ces différentes dépenses et d’autre part d’une politique massive de redistribution et de « réduction des inégalités » (voir cette chronique).
C’est là un autre signe du fait que la France est un pays socialiste : une politique intensive de redistribution et de « réduction des inégalités » est en effet mise en œuvre. L’ampleur de cette politique est l’une des explications des taux records de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires. Tandis qu’une partie de la population est lourdement prélevée, une autre bénéficie de la redistribution : redistribution monétaire (ce sont les prestations sociales diverses qui sont fonction du revenu et versées en argent) et non monétaire (sous forme de gratuité des services publics en fonction du revenu). L’INSEE indique ainsi que 60 % des ménages sont des bénéficiaires nets du système de prélèvements et de redistribution, c’est-à-dire qu’ils reçoivent davantage qu’ils ne paient (voir ici). Au contraire les classes moyennes et aisées sont contributeurs nets : c’est ainsi que seuls 45 % des foyers paient un impôt sur le revenu (voir ici). Pour ces classes moyennes et aisées, le taux de prélèvement obligatoire peut être beaucoup plus élevé que le taux moyen de 45 % : pour les hauts salaires, il peut dépasser 70 %, si l’on additionne charges sociales, impôt sur le revenus, TVA et différentes taxes. Rappelons à ce propos que les charges sociales représentent la moitié du coût total salarial (la distinction artificielle entre cotisations dites « salariées » et « employeurs » dissimulant cette réalité) : le salaire versé au salarié n’est que la moitié du coût salarial, l’autre moitié finançant la sécurité sociale. Au total les différents moyens d’intervention de la puissance publique (prélèvements, redistribution, services publics) conduisent à une considérable redistribution. C’est ce que confirme une récente étude de l’INSEE (mars 2023). Selon cette étude, avant redistribution, les écarts de revenus « primaires » (c’est-à-dire les revenus du travail et de la propriété) sont de 1 à 22 entre les pauvres (5,9 millions de personnes) et la classe supérieure (6,8 millions de personnes, soit environ 10 % de la population totale). Après redistribution monétaire (prélèvements d’une part, prestations monétaires d’autre part) et après prise en compte des transferts non monétaires (transferts en nature et bénéfice des services publics collectifs, par exemple la gratuité des services publics ou du logement HLM pour les titulaires de revenus faibles) les écarts de niveau de vie ne sont plus que de 1 à 3 (3,2 exactement ; voir ici, notamment le tableau de la p. 14) ! L’incroyable ampleur du prélèvement socio-fiscal et la puissance de la machine à redistribuer nous paraissent la preuve la plus nette de ce que la France est un pays socialiste.
Dernier signe et non le moindre : le thème de l’égalité est en France omniprésent. Il est dominant dans les discours de tous les secteurs de la société, comme dans les discours de tous les partis politiques. Il est l’objectif de toutes les politiques publiques. La réduction des inégalités et la redistribution est l’objectif premier des politiques fiscales et sociales, comme nous le venons de le voir au paragraphe précédent. Mais toutes les autres politiques publiques sont, elles-aussi, dominées par l’objectif d’égalité. La politique de logement par exemple a pour objectif de réduire les inégalités en permettant aux milieux défavorisés non seulement d’accéder au logement (système des HLM) mais aussi aux villes et aux quartiers « favorisés » (loi SRU). De même encore il est admis par tous ou presque que l’école doit avant tout se fixer un objectif de réduction de « l’inégalité des chances » (pour notre part nous considérons au contraire qu’un des rôles majeurs de l’école est de faire en sorte que, dans l’intérêt général, les meilleurs puissent atteindre le plus haut niveau d’instruction et de compétence possible).
On notera enfin que l’ampleur de la redistribution opérée par le système socio-fiscal que nous avons évoquée plus avant n’est pas encore suffisante pour les progressistes, qui dominent presque tous les secteurs d’influence (école, université, culture, médias…) : ils ne cessent de dénoncer les inégalités et d’en appeler à un renforcement toujours plus marqué des politiques d’égalité. On voit là se manifester la branche égalitariste ou communiste du progressisme.
- La France pays ultralibéral
La France est donc un pays socialiste. Mais elle est pourtant également, de façon paradoxale, un pays très libéral et même, sous différents aspects, ultralibéral.
Il faut d’abord souligner ce point essentiel : la partie supérieure de la société française échappe pour une bonne part aux mécanismes socialistes que nous venons de décrire, en particulier au système de prélèvement et de redistribution. Celui-ci pèse à plein sur ce qu’il est convenu d’appeler la classe moyenne, c’est-à-dire la majorité des salariés, qui supporte l’essentiel de la charge. Les riches en revanche parviennent à éviter les taux de prélèvements les plus élevés. Les principales techniques sont les suivantes. La première consiste à tirer parti de la taxation moindre existant dans de nombreux pays étrangers : par la domiciliation fiscale à l’étranger, par l’ouverture de comptes non déclarés, dans des pays fiscalement accommodants ou même dans des paradis fiscaux. La seconde technique consiste à tirer parti du système des sociétés : la création de sociétés permet de placer des éléments de train de vie (maisons, voitures…) comme des charges de la société dont on est propriétaire. Un autre avantage dont bénéficient les propriétaires de sociétés est que les bénéfices des sociétés sont taxés à un taux très inférieur au taux de l’impôt sur le revenu (le taux de l’impôt sur les sociétés est 25 %, contre 41 et 45 % pour les taux des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu). Troisième avantage dont bénéficie la classe supérieure : celle-ci détient un patrimoine élevé, sous forme immobilière ou mobilière. Or les revenus tirés du patrimoine sous forme mobilière (actions et obligations) ne sont pas taxés en fonction du barème de l’impôt sur le revenu : ils donnent lieu à un « prélèvement forfaitaire unique » (PFU) dont le taux, de 12,8 %, est très inférieur aux taux des tranches supérieures du barème (41 et 45 % comme nous l’avons vu plus haut ; voir ici) : les revenus du patrimoine sont donc nettement moins taxés que les revenus du travail. Autrement dit, le prélèvement socio fiscal pèse surtout sur la classe moyenne : la classe supérieure, elle, échappe au système socialiste.
Pour les riches, la France est donc un pays libéral et la présidence d’E. Macron a renforcé le phénomène (voir cette chronique). Cependant, de différents points de vue, il s’agit également d’un pays ultra libéral. L’Etat obèse que nous avons décrit dans la première partie est également un Etat aboulique : il n’empêche pas les comportements antisociaux de se multiplier. Comme nous allons le voir maintenant, les prédateurs s’ébattent en France en liberté.
On relèvera d’abord que l’Etat est inefficace face aux fraudes, qui sont de toute évidence massives : fraudes aux prestations sociales, fraudes des entreprises utilisant des salariés non déclarés, non respect des règles protégeant les consommateurs ou l’environnement. Les services parasitaires de l’administration, comme on l’a dit plus haut, sont nombreux : en revanche la France est caractérisée par les moyens insuffisants des différents services de contrôle.
Dans le même registre, l’Etat, en France comme dans les autres pays européens, se montre tout à fait complaisant vis-à-vis des systèmes d’invasion fiscale et des paradis fiscaux. Les pays européens ne mettent aucunement en cause l’existence des paradis fiscaux existant en Europe. Par exemple l’Etat français met des fonctionnaires à disposition de l’Etat monégasque.
Autre marque d’ultra-libéralisme, personne ne rend jamais de compte au sein de l’administration de l’Etat. Les rapports de la cour des comptes font état de multiples turpitudes commises au sein de la sphère publique : mais ils ne mettent jamais en cause un ou des responsables de façon nominative. C’est ainsi que les erreurs aux conséquences les plus graves n’aboutissent jamais à désigner des responsables : chacun poursuit sa carrière sans encombre. On pense par exemple à la politique catastrophique de forte réduction du numérus clausus des nouveaux médecins formés chaque année, qui a été menée entre 1980 et 2017 (voir ici). Dans le domaine de la justice pénale, autre exemple, les jugements qui conduisent à la remise en liberté de criminels qui ensuite récidivent n’entraînent jamais la mise en cause des magistrats coupables.
La France est également ultralibérale et laxiste vis-à-vis des lobbys et de la corruption. Les lobbys sont omniprésents auprès des cercles politiques en France aussi bien que dans les instances de l’Union européenne. Par exemple le lobby pharmaceutique obtient chaque année la mise sur le marché de dizaines de médicaments de plus en plus coûteux alors que leur plus-value thérapeutique est faible ou inexistante. Par exemple le lobby de l’agriculture intensive parvient à conserver la possibilité d’utiliser des produits chimiques pourtant de toute évidence nocifs pour la santé. Par exemple le lobby de l’industrie des éoliennes a réussi en quelques années à circonvenir toute la classe dirigeante, ce qui lui permet désormais de multiplier les chantiers d’implantation. Dans le même registre, on relève une présence croissante des cabinets de consultants au sein de la sphère publique, qui viennent concurrencer ou doublonner les services administratifs. Cette immixtion des cabinets de consultants, dans le domaine informatique avant tout mais également de façon croissante dans les domaines de l’administration générale, entraîne une situation d’interpénétration et de confusion des intérêts publics et privés. L’affaire McKinsey constitue une illustration parlante de cette situation. Il semble bien que ce cabinet de consultants ait participé gratuitement à la campagne d’E. Macron en 2017, avant de bénéficier en échange de nombreux contrats une fois E. Macron parvenu au pouvoir (bien entendu cette affaire n’a donné lieu à aucune poursuite ni enquête). Dans la même logique, le recrutement croissant de contractuels, qui représentent désormais 21% des effectifs des agents publics, permet de s’abstraire des règles de recrutement par concours, lesquelles sont précisément destinées à empêcher le favoritisme, le clientélisme et la corruption des recrutements (voir ici). La corruption elle-même est manifestement fortement présente en France, aussi bien au sein de la sphère politique nationale et locale, au sein des administrations et au sein des entreprises. Selon l’ONG Transparency International, dans la liste des pays les moins corrompus, la France n’occupe que la 22e position, derrière la plupart des pays européens (voir ici).
Dans le domaine du travail, on constate la coexistence de systèmes contraires. Il existe d’une part les secteurs ultra protégés que sont la fonction publique ou les entreprises à statut. La plupart des emplois du secteur privé sont protégés par un droit du travail très protecteur (on citera par exemple la situation des cadres licenciés à l’amiable, qui peuvent bénéficier d’indemnités conventionnelles plantureuses). Mais le marché du travail comporte également des secteurs régis par l’ultralibéralisme : l’emploi d’immigrés irréguliers permet aux entreprises de pratiquer à leur égard des conditions d’emploi et de rémunérations dégradées. Le système de sous-traitance en cascade permet l’emploi d’irréguliers, tout en diluant la responsabilité : on constate ainsi que des chantiers effectués dans le cadre de marchés publics donnent lieu à l’emploi de nombreux irréguliers (par exemple un chantier comme celui de l’EPR). L’ultralibéralisme donne sa pleine mesure avec le système la fausse sous-traitance, qui voit le travailleur pseudo indépendant supporter tous les risques d’une activité à son compte alors qu’il est en réalité dans la dépendance totale du donneur d’ordres. L’uberisation, c’est-à-dire un système d’emploi de faux indépendants qui ne bénéficient pas des protections dues aux salariés, s’est fortement développé grâce à E. Macron.
Dans le même registre que celui du travail irrégulier, il faut également mentionner l’existence du système du travail détaché : il permet à des entreprises d’intervenir en France par exemple en employant des salariés d’autres pays européens, polonais par exemple. Les salaires et les conditions d’emploi doivent en principe correspondre aux lois françaises, pour ce qui est du niveau du SMIC en particulier : en revanche les charges sociales acquittées par l’entreprise sont celles pratiquées dans le pays d’origine. Les charges payées en Pologne, par exemple, étant nettement plus faibles qu’en France, l’emploi de travailleurs détachés est particulièrement avantageux, ce qui explique le succès de cette technique, autorisée depuis telle date : il existe actuellement en France environ 200 000 travailleurs détachés (voir ici).
La France est également caractérisée depuis une quarantaine d’années par un important système d’assistanat, comme nous l’avons déjà relevé dans la partie précédente. Ce système a été mis en place dans le cadre de la politique de traitement social du chômage, le chômage massif étant apparu au milieu des années soixante-dix. Le RMI, devenu depuis RSA, a été mis en place en 1991. Grâce au RSA, aux indemnités chômage non dégressives et de longue durée (jusqu’à 2 ans et même 3 ans après 50 ans), toute une partie de la population s’est installée dans l’inactivité volontaire. C’est ainsi par exemple, comme nous l’avons signalé dans la première partie, seuls 40 % des titulaires du RSA sont inscrits à Pôle emploi. Comme nous le disions dans la partie précédente, on peut estimer la population sans emploi à environ 5 millions de personnes, qui vivent aux crochets du reste de la société. Il faut souligner le fait que l’assistanat peut être considérée comme un mesure socialiste mais tout aussi bien comme une mesure ultralibérale, ce qui explique que nous y revenions ici. Les théoriciens du libéralisme ont souligné depuis longtemps, en effet, l’intérêt des systèmes de revenu minimum, qui permet d’une part de solvabiliser la partie inactive de la population, qui peut ainsi consommer et acheter une partie de la production, et d’autre part de contrôler la population en question, en évitant sa révolte ou la délinquance qui naîtrait d’une absence de tout revenu.
Il faut également relever que dans le domaine de la santé, la France revêt de façon croissante les caractéristiques des pays les plus libéraux : dans le contexte de la pénurie médicale, de la liberté d’installation des médecins et des déserts médicaux qui en résultent, la médecine de qualité, c’est à dire le suivi médical et l’accès aux soins dans des délais faibles, est de plus en plus fréquemment réservée à la partie aisée de la population. De façon générale l’état des services publics (santé, école, transports publics, patrimoine architectural) tend vers la situation des pays libéraux, en dépit de l’énormité des dépenses publiques.
Dernier élément, essentiel, qui montre que l’Etat en France peut être considéré comme ultralibéral : l’Etat en France est inefficace voire inactif face à la délinquance. Il est inefficace d’abord vis-à-vis des grands trafiquants. Des témoignages autorisés ainsi que des enquêtes journalistiques montrent que les réseaux mafieux sont en train de prendre racine, en France comme en Belgique et aux Pays-Bas. La délinquance courante, elle-aussi, est très peu réprimée : la loi pénale et l’appareil judiciaire sont en effet délibérément laxistes. C’est ainsi qu’un délinquant ne court que peu de risques d’effectuer un séjour en prison. S’il est incarcéré, l’emprisonnement sera de courte durée. Chaque année 1 million de délinquants sont identifiés par la police : seuls 80 000 entrent en prison, pour un séjour qui sera de 9,6 mois en moyenne. Autrement dit, en France, la plupart des délinquants sont en liberté. Le principal fondement de ce laxisme légal et judiciaire est l’idéologie. Les conceptions progressistes partagées par presque toute la classe supérieure débouchent sur le laxisme. Une partie des progressistes sont libéraux, voire libertaires : la liberté individuelle est considérée comme un absolu. Cet état d’esprit conduit à n’exercer une répression qu’avec une grande réticence. Une autre partie des progressistes sont égalitaristes. Cette seconde façon de voir débouche également sur le laxisme, les délinquants étant considérés avant toute chose comme des victimes d’une société inégalitaire et injuste (voir cette chronique).
La dernière preuve la plus frappante sans doute de ce que la France est également un pays ultralibéral est la façon dont sont administrées les frontières : les frontières sont des passoires et on entre en France comme dans un moulin.
Ultralibéral par de nombreux aspects, comme nous venons de le voir, la France est également un pays gouverné par les conceptions libertaires. L’individualisme est l’idéologie de la classe supérieure : la révolution libertaire de 1968 a diffusé ses conceptions individualistes et libertaires dans toute la société française. Les lois libérales et libertaires en matière de mœurs se sont ainsi additionnées depuis la fin des années soixante-dix (divorce, contraception, avortement, mariage homo, PMA…). De nouveaux chantiers libertaires sont constamment ouverts : GPA, suicide assisté, projets transhumanistes notamment dans le domaine des manipulations génétiques. Au-delà de ces différentes réformes la société française a été transformée en profondeur : multiplication des divorces, quasi disparition de la pratique religieuse catholique… Résumons d’un mot. Du point de vue des mœurs et des comportements, la société française est désormais largement conforme à l’idéologie de sa classe supérieure : elle est devenue libérale-libertaire.
- La France pays totalitaire
Nous l’avons montré dans de précédentes chroniques (voir notamment celle-ci). La France présente tout ou partie des attributs d’un système totalitaire.
Première caractéristique de ce système totalitaire : l’idéologie occupe une place centrale. Partagée par la classe supérieure et par une bonne partie des autres classes sociales, c’est l’idéologie progressiste ou moderne ou des lumières Elle repose sur les piliers suivants : l’individu est le centre de la société. Il est libre et égal aux autres en droits. La société est matérialiste et rejette la religion. Elle est progressiste et rejette toute tradition. Elle est universaliste : les valeurs humanistes sont universelles. Cette idéologie inspire les principales politiques mises en œuvre ces dernières décennies, notamment les politiques libertaires (au nom de la liberté) et les politiques de promotion des minorités (au nom de la liberté et de l’égalité des individus). Le but ultime apparaît comme la quintessence de l’idéologie : il s’agit d’imposer un « monde nouveau » et un « homme nouveau », individu totalement libre de toute appartenance, sans origine, sans territoire, sans race et sans sexe, un individu sans identité et dès lors interchangeable.
Cette idéologie et la politique qui en découle font l’objet d’une propagande intensive et omniprésente. Tous les secteurs d’influence de la société sont mobilisés comme vecteurs de la propagande du Système : médias au premier rang, mais aussi publicité, cinéma, école, université, édition, culture…
L’expression des opinions contraires est entravée voire interdite. La loi interdit ainsi l’expression de la haine fondée sur la race ou le sexe : toute contestation des lois concernant l’immigration ou des différentes minorités est considérée comme haineuse et de ce fait proscrite. L’appareil judiciaire assure la mise en œuvre de cette interdiction. Les opposants sont mis à l’écart par l’appareil médiatique. Ils sont harcelés et pourchassés judiciairement. Les organisations les plus hostiles au Système sont dissoutes (à l’instar des Identitaires). Ce harcèlement politico-judiciaire est complété par une mise à l’écart médiatique de l’extrême-droite. Ce harcèlement a conduit le principal parti d’extrême droite à adopter une stratégie de dédiabolisation, à s’aligner sur les positions républicaines standard et à choisir de mettre au second plan le thème de l’immigration au profit du souverainisme ou du pouvoir d’achat. Cette stratégie de dédiabolisation l’a rendu inoffensif : il joue désormais le rôle d’opposant officiel, préposé au second tour pour y être largement battu.
Pour assurer son pouvoir, le Système fait peser une lourde férule sur la population française de souche. Cette-ci fait l’objet d’un matraquage socio-fiscal, comme nous l’avons vu plus haut, qui est destiné à financer les dépenses du Système mais également à casser psychologiquement le cœur de la population française. La pseudo politique de sécurité routière, avec son parc de radars et son déluge d’amendes et de retrait de permis, participe à cette entreprise de démoralisation (voir cette chronique). C’est avec le même objectif que le Système laisse se développer une délinquance élevée, alors qu’il serait tout à fait possible d’y mettre fin (voir cette chronique). Par tous ces moyens il s’agit de placer la population de souche dans un état d’inquiétude et de démoralisation, afin de tuer dans l’œuf toute idée de résistance.
Pour parfaire l’entreprise de démoralisation, le Système recourt à haute dose à l’arbitraire et à la technique du deux-poids-deux-mesures. Le Système met à jour à intervalles réguliers des complots d’extrême-droite, ou les suscite. Dans le même temps il laisse depuis quarante ans agir les casseurs et antifas dans l’impunité. Les opposants sont condamnés sur le fondement de l’appel à la haine contre les immigrés. Dans le même la haine de la France et des Français véhiculée par l’extrême-gauche a libre cours. De même sur les réseaux sociaux, les comptes d’extrême droite sont régulièrement fermés tandis que la haine raciste des immigrés se répand librement. Les églises catholiques sont régulièrement vandalisées, sans réaction des pouvoirs publics. Au contraire les tags qui ont été tracés sur les murs de deux ou trois mosquées ont fait l’objet de déclarations tonitruantes des médias et de la classe politique. Le deux poids deux mesures apparaît ces jours-ci en pleine lumière. Alors que des centaines de policiers ont été blessés par les émeutiers, deux policiers ont été incarcérés, celui qui a tiré sur le jeune délinquant Nahel Marzouk à Nanterre, et un policier de la BAC à Marseille, avant même qu’une enquête et un procès soient venus établir les responsabilités et la réalité des éventuels abus. Le deux-poids-deux-mesures s’exerce également à plein dans le domaine financier : comme nous l’avons vu plus haut, les Français moyens de souche font l’objet d’un racket socio-fiscal tandis que les immigrés ne paient pas et reçoivent. Cet arbitraire joue un rôle important dans l’entreprise de démoralisation qui vise à assurer l’emprise du Système sur des Français docile et craintifs : l’arbitraire fait prendre conscience les Français que non seulement l’Etat et les pouvoirs publics ne les protégeront mais qu’ils sont au contraire pour eux des ennemis.
Dernière caractéristique du Système totalitaire, l’une des plus décisives : le Système impose à la population depuis soixante ans maintenant une politique d’ouverture des frontières et d’invasion migratoire. Cette politique est contraire aux vœux de la grande majorité de la population : les enquêtes d’opinion année après année depuis quarante ans montrent que 60 à 70 % des Français souhaiteraient l’arrêt de l’immigration. L’état d’esprit de la population ne fait nullement varier le Système. Non seulement il poursuit la politique d’invasion, mais il entend imposer la présence immigrée à toute la population, par le biais de la politique SRU, de la politique de répartition sur le territoire des demandeurs d’asile et des bénéficiaires de HLM, de la politique de mixité scolaire obligatoire. Aucun segment de la société et aucun point du territoire ne doit pouvoir échapper au vivre ensemble avec les immigrés : on a là la marque d’un Système totalitaire, dont la détermination ne se dément à aucun moment.
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Comme nous le disions en commençant, la France apparaît aujourd’hui comme un objet politique tout à fait inédit. Les différentes caractéristiques du Système aujourd’hui en place semblent au premier abord incohérentes entre elles, l’ultra libéralisme y voisinant avec le socialisme, le libéralisme libéral-libertaire avec le totalitarisme. Or ces caractéristiques en principe contradictoires composent un ensemble en réalité tout à fait cohérent et rationnel. Ces différents aspects du Système à l’œuvre participent tous en effet de la même entreprise et visent le même objectif : il s’agit de détruire la civilisation européenne et les peuples européens originels, au profit d’un monde nouveau, sans frontières, sans identité, sans races.
C’est ainsi que le socialisme détruit les forces vives de la société française : il décourage le travail des Français de souche et subventionne les immigrés, pour les faire venir en masse et leur permettre de s’implanter. L’ultra libéralisme, lui, laisse la population de souche sans protection, au profit de l’hyperclasse et de ceux qui viennent détruire et remplacer. Le totalitarisme, enfin, a pour fonction d’imposer la politique d’invasion et d’éliminer les oppositions.
Terminons en indiquant que pour notre part nous souhaiterions, cela va sans dire, des politiques inverses de celles que nous venons de décrire. Une politique publique sociale, mais non socialiste. Un Etat amaigri, mais renforcé et musclé dans ses missions légitimes, concentré au service de l’intérêt général, efficace contre les prédateurs et les envahisseurs. Un Etat fort, enfin, et non pas totalitaire.
Le Système mis en place se révèle décidément diabolique. De quelque côté qu’il se tourne, le Français moyen de souche se heurte à un ennemi. Ecrasé par les prélèvements confiscatoires opérés par l’Etat socialiste, il est appauvri, diminué, inquiété. Abandonné par l’Etat ultralibéral face aux prédateurs et aux envahisseurs, il est saisi d’un sentiment d’insécurité polymorphe et globale. Il sait que toute entreprise de révolte ou même de contestation entraînera la réaction violente de l’Etat totalitaire, menaces, mise à l’écart, sanctions, poursuites, harcèlement. Le Français moyen, le Français de souche européenne, le Blanc, est aujourd’hui seul. Il est méprisé. Il est abandonné. Il est livré.