Conquise par la France en 1648, l’Alsace, qui faisait partie du Saint-Empire, développe une identité propre, à la fois germanique et française. En 1871, lorsque la France doit céder à l’Empire allemand l’Alsace et la Moselle (Traité de Francfort), les députés alsaciens-mosellans sont unanimement protestataires. Cependant, dès 1874 une revendication authentiquement autonomiste s’affirme et une conscience nationale se développe. C’est l’âge d’or du Reichsland Elsass-Lothringen.
En 1911, Berlin finit par accorder une constitution à l’Alsace-Lorraine avec un gouvernement régional et une assemblée : le Landtag. À la veille de la Grande Guerre, la mouvance francophile est laminée, ne représentant plus que 3% des votes.
Novembre 1918 : retour de la France jacobine et de son centralisme. L’autonomisme renaît et, dès 1928, les Alsaciens-Mosellans envoient une forte majorité de députés autonomistes à l’Assemblée Nationale. Paris réprime mais est contraint de lâcher du lest. L’Alsace-Moselle conserve ses droits particuliers. Même l’allemand sera ré-introduit à petite dose dans l’enseignement à partir de 1927.
Septembre 1939: «évacuation-transplantation» de 600 000 Alsaciens -Mosellans dans le Sud-Ouest. La répression s’abat sur les autonomistes.
Juin 1940 : Annexion de facto au IIIe Reich. L’Alsace est incorporée au pays de Bade pour former le Gau Oberrhein. L’autonomisme est proscrit. A partir d’août 1942, 135 000 Alsaciens-Mosellans sont incorporés de force.
1945 : Epuration sévère, elle durera 3 ans. Tout ce qu’il y a d’allemand est considéré comme nazi y compris la langue de Goethe.
2014 : Méga région ACAL et renaissance immédiate de l’autonomisme.
C’est toute cette histoire singulière et passionnante que l’auteur, très documenté, nous raconte dans un style vivant qu’on lit comme un roman.
Michel Krempper est issu d’une vieille famille alsacienne du Sundgau fondée après la Guerre de Trente ans (1618-1648) par un immigré de Suisse et une descendante d’un instigateur de la révolte paysanne du Bundschuh de 1525. Il a passé sa jeunesse à Mulhouse avant de rejoindre l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg puis de préparer une thèse de sciences économiques consacrée au développement régional. Artisan de la régionalisation des années 1960 au sein des Comités d’Expansion régionale aux côtés de Pierre Schneiter, ancien président (MRP) de l’Assemblée nationale alors président du Conseil National des économies régionales.
Corédacteur du rapport « Décoloniser la province » présenté par Michel Rocard (PSU) au colloque de Grenoble qui ouvrira la voie aux lois de décentralisation de 1982. Après une carrière professionnelle dans l’aménagement et l’équipement du territoire puis dans l’urbanisme et les transports publics, il se consacre à la recherche historique.
Suite à la décision de liquidation de la région Alsace et à sa fusion avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne au sein de la méga-région ALCA, qui le choque et qui voit monter lune contestation régionaliste puissante, opposée aux dispositions édictées par le pouvoir et résolue à défendre « bec et ongles » l’identité alsacienne, il entreprend de remonter « aux sources de l’autonomisme alsacien-mosellan » en s’intéressant plus particulièrement à la période 1871-1945.
Ci-dessous, un entretien qu’a donné l’auteur.
Aux sources de l’autonomisme Alsacien-Mosellan – Michel Krempper – Yoran Embanner – 20€
Photo : DR
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