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Non, le Pouvoir ne fera pas taire la révolte des Français

Faire taire : l’obsession de la Macronie. Claquemurée dans ses croyances progressistes, la caste ne souffre aucune contrariété. A entendre ses membres, les sifflets qui ont couvert le 8 septembre le bref discours d’Emmanuel Macron en ouverture de la Coupe du monde de rugby ne furent qu’un tumulte obscène de supporters mal léchés. Karl Olive, député Renaissance, s’est précipité après la profanation pour réclamer à l’avenir des « lois d’exception » destinées à éteindre ces injures faites au président.

C’est dans cette même perspective d’une aseptisation de la parole que Thierry Breton, commissaire européen, s’est félicité d’avoir imposé sur les réseaux sociaux, depuis le 25 août, un mécanisme européen qui permet d’effacer les « propos haineux » ou qui « appellent à la révolte ». Le gouvernement rêvait depuis longtemps de cette mise au pas de l’Internet. Le 24 juillet, sur TF1, Macron appelait encore de ses vœux l’instauration d’un « ordre public numérique ». Or rien n’est plus dangereux pour la démocratie que cette traque lancée par le système à l’opinion éruptive et à ses gros mots. Quand les supporteurs de rugby choisissent, par leur bronca, de faire  connaître au monde le rejet que leur inspire le chef de l’Etat, ils expriment une colère populaire qui doit être entendue.

Le Pouvoir doit se faire une raison : il ne réussira pas à étouffer la révolte des gens, dans l’expression de leur rupture avec les dirigeants politiques. Tout ce que l’Etat entreprendra en ce sens ne fera qu’accentuer sa pente liberticide justifiant les insurrections en retour. La dérive illibérale est entamée. A l’ordre hygiéniste, qui a imposé par la peur du Covid le scandaleux passe sanitaire et le détestable contrôle social, a succédé un amas d’autres interdits moraux ou sécuritaires. S’ils prospèrent dans l’indifférence générale, ils n’en restent pas moins des atteintes aux libertés individuelles. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, est en pointe dans ce confinent des esprits. C’est lui qui a entrepris d’interdire discrétionnairement certaines manifestations ou associations. Il y a pris goût, avec l’appui du chef de l’Etat. Macron, cet été, en appelait à « l’ordre, l’ordre, l’ordre », en prenant le risque de se perdre dans un despotisme de tyranneau énervé. A l’issue de son huis-clos du 30 août, à Saint-Denis, avec les partis représentés à l’Assemblée, le président s’est félicité de l’unanimité sur sa position dans le conflit ukrainien. Pourtant rien n’est plus terrifiant que cette pensée unique sur un dossier complexe. Quant la Macronie répète à l’envi, experts à l’appui : « Il n’y a pas d’alternative »,  en plaidant pour un troisième mandat, elle rend envisageable la perspective totalitaire.

Plus les libertés sont attaquées par le pouvoir, plus il jure les défendre. (La suite sur Causeur d’octobre)

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