Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Europe 1 sur la voie de CNews ? Le frémissement qui valide l’ancrage à droite

C’est un frémissement, mais il sera commenté comme une grande victoire dans les couloirs d’Europe 1, et pour cause. Selon le juge de paix Médiamétrie, qui a dévoilé ses résultats d'audience ce 16 novembre, la station du groupe Bolloré, qui partage désormais les mêmes locaux que la chaîne CNews dans le XVe arrondissement de Paris, est passée de 3,1 % de part d’audience, en septembre-octobre 2022, à 3,3 % sur la même période de 2023. Tombée très bas, la station qui affichait encore plus de 8 % d'audience en 2010 semble ainsi amorcer son redressement avec une équipe très largement renouvelée et, aux commandes de la matinale, le talentueux Dimitri Pavlenko, que BV recevait le 1er octobre 2022. C'est sa matinale qui tire l'audience vers le haut : le 7h-9h d'Europe 1 passe devant celui de RMC« Le positionnement est le bon, on a trouvé la formule », confie à BV un cadre de la rédaction. C'est la première fois depuis dix ans que le sondage de rentrée d'Europe 1 est supérieur à celui de l'année précédente.

Europe 1 a adopté une ligne éditoriale clairement marquée à droite et appuyée sur les visages et les thématiques de CNews. Se succèdent comme éditorialistes, le matin, des personnalités qui ne cachent pas leur sensibilité de droite, à l'image de Nicolas Bouzou (économie), Vincent Hervouët (international), Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro (politique), la journaliste intervieweuse de CNews Sonia Mabrouk ou l'humoriste Gaspard Proust. Dans la journée, Europe 1 mobilise Pascal Praud (de 11 à 13 heures) ou encore Laurence Ferrari (de 18 à 19 heures), tous deux largement présents à l'antenne de la chaîne d'information.

Il est encore un peu tôt pour crier victoire. N’empêche. Ce sursaut a de quoi inquiéter les innombrables critiques, à gauche, de cette « ligne Bolloré » sur laquelle aucun qualificatif n’était assez violent. À l’exemple de Mediapart, entre autresEurope 1 a-t-elle enclenché, enfin, la marche avant en retrouvant l’ancrage plutôt libéral qui fut le sien lors de sa création dans les années 1950.

L'exemple de CNews

Les dirigeants d’Europe 1 ont, bien sûr, l’incroyable succès de la chaîne voisine et cousine CNews. Face à une concurrence féroce de la part de BFM TV, leader du créneau, et de LCI, soutenue par la puissance du groupe TF1, CNews, qui s’appelle encore alors i>Télé, engage en 2016, sous la houlette de Serge Nedjar, une révolution radicale. La chaîne renouvelle ses équipes, adopte une ligne clairement à droite de l’échiquier politique, modifie son concept pour diffuser essentiellement des débats en plateau quand ses concurrentes misent sur l’information chaude, plus coûteuse. Résultat : la chute spectaculaire des audiences de CNews (qui tombent de 1 %, en moyenne, en 2015, à à 0,6 % en 2017) amorce un redressement qui n'a cessé d’accélérer depuis : 0,7 % en 2018, 0,8 % en 2019, 1,4 % en 2020, 2 % en 2021 et 2,1 % en 2022. Ce score sera vraisemblablement dépassé en 2023. CNews menace désormais clairement le leadership de BFM TV.

Reste, pour Europe 1, à confirmer sa hausse et son potentiel face à France Inter. Alors que, sur le terrain politique, la gauche traverse un moment délicat, la station publique la plus ancrée à gauche du paysage accroît encore sa domination en passant, sur un an, de 13,5 % à 13,7 % d'audience nationale, devant RTL qui s'érode (de 12,9 % à 12 %). Mais la matinale de France Inter, le moment clé du média, baisse et donne des signes de faiblesse. Les dirigeants d'Europe 1 considèrent que la station, dans sa nouvelle formule, est parfaitement positionnée pour capter le virage à droite de la société française. N'en déplaise aux médias de gauche.

Alix-Anne Léonard-Bélair

https://www.bvoltaire.fr/europe-1-sur-la-voie-de-cnews-le-fremissement-qui-valide-lancrage-a-droite/

Les commentaires sont fermés.