Europe 1 a adopté une ligne éditoriale clairement marquée à droite et appuyée sur les visages et les thématiques de CNews. Se succèdent comme éditorialistes, le matin, des personnalités qui ne cachent pas leur sensibilité de droite, à l'image de Nicolas Bouzou (économie), Vincent Hervouët (international), Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro (politique), la journaliste intervieweuse de CNews Sonia Mabrouk ou l'humoriste Gaspard Proust. Dans la journée, Europe 1 mobilise Pascal Praud (de 11 à 13 heures) ou encore Laurence Ferrari (de 18 à 19 heures), tous deux largement présents à l'antenne de la chaîne d'information.
Il est encore un peu tôt pour crier victoire. N’empêche. Ce sursaut a de quoi inquiéter les innombrables critiques, à gauche, de cette « ligne Bolloré » sur laquelle aucun qualificatif n’était assez violent. À l’exemple de Mediapart, entre autres. Europe 1 a-t-elle enclenché, enfin, la marche avant en retrouvant l’ancrage plutôt libéral qui fut le sien lors de sa création dans les années 1950.
L'exemple de CNews
Les dirigeants d’Europe 1 ont, bien sûr, l’incroyable succès de la chaîne voisine et cousine CNews. Face à une concurrence féroce de la part de BFM TV, leader du créneau, et de LCI, soutenue par la puissance du groupe TF1, CNews, qui s’appelle encore alors i>Télé, engage en 2016, sous la houlette de Serge Nedjar, une révolution radicale. La chaîne renouvelle ses équipes, adopte une ligne clairement à droite de l’échiquier politique, modifie son concept pour diffuser essentiellement des débats en plateau quand ses concurrentes misent sur l’information chaude, plus coûteuse. Résultat : la chute spectaculaire des audiences de CNews (qui tombent de 1 %, en moyenne, en 2015, à à 0,6 % en 2017) amorce un redressement qui n'a cessé d’accélérer depuis : 0,7 % en 2018, 0,8 % en 2019, 1,4 % en 2020, 2 % en 2021 et 2,1 % en 2022. Ce score sera vraisemblablement dépassé en 2023. CNews menace désormais clairement le leadership de BFM TV.
Reste, pour Europe 1, à confirmer sa hausse et son potentiel face à France Inter. Alors que, sur le terrain politique, la gauche traverse un moment délicat, la station publique la plus ancrée à gauche du paysage accroît encore sa domination en passant, sur un an, de 13,5 % à 13,7 % d'audience nationale, devant RTL qui s'érode (de 12,9 % à 12 %). Mais la matinale de France Inter, le moment clé du média, baisse et donne des signes de faiblesse. Les dirigeants d'Europe 1 considèrent que la station, dans sa nouvelle formule, est parfaitement positionnée pour capter le virage à droite de la société française. N'en déplaise aux médias de gauche.
Alix-Anne Léonard-Bélair
https://www.bvoltaire.fr/europe-1-sur-la-voie-de-cnews-le-fremissement-qui-valide-lancrage-a-droite/