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La République de Genève de Calvin : une dictature religieuse et morale

Jean Calvin

Jean Calvin

Courant radical du Protestantisme, le Calvinisme s'est érigé en véritable système politico-religieux qui fit de 1541 (Arrivée au pouvoir de Jean Calvin à Genève) à 1564 (Date de sa mort à Genève) pas moins de 2300 condamnations au bûcher... soit plus que la totalité des condamnations de toute l'Europe toutes périodes confondues !

La Foi de Calvin devient un courant majoritaire en Ecosse et aux Pays-bas, fit main basse sur le Protestantisme français en 1559 pour ensuite déclencher les trois premières Guerres de religions. Chassés d'Ecosse et en compagnie d'un autre courant radical, le Puritanisme anglais, les adeptes de ce courant protestant radical iront fonder les Etats Unis d'Amérique. D'autres venant des Pays-bas iront fonder l'Afrique du sud... et y installeront l'Apartheid.

Plus qu'un simple prédicateur chrétien, Jean Calvin fut un théoricien du protestantisme qui mit en oeuvre durant 23 ans un projet politico-religieux radical que nous connaissons en France sous le terme de "Huguenot".

On retrouvera son héritage idéologique dans la pensée des "Lumières" (Notamment chez Jean Jacques Rousseau) et dans le Libéralisme protestant qui fonda l'économie Nord américaine telle que nous la connaissons actuellement avec le Mondialisme.

Loin d'être un modèle de tolérance où les religions peuvent coexister, le modèle de théocratie proposé par Jean Calvin s'avère être une dictature religieuse qui n'admet pas la pluralité d'opinions (Lire l'article Quand Jean Calvin persécutait ses opposants)

Implanté en France par plaques (Souvent sous l'effet de la conversion du Seigneur), on peut comprendre l'opposition des catholiques notamment quand commença la crise iconoclaste qui ravagea les églises (Les protestants n'admettent pas le culte des saints et des images).

Que penser de la politique d'apaisement et de tolérance de Catherine de Médicis durant toute la première partie des Guerres de religions? Proposer la coexistence à un parti Huguenot qui prône l'exclusivité des consciences n'est-il pas un rêve fou qui conduisit à 8 guerres civiles successives (Lire l'article Les Guerres de religions : 40 ans de guerres civiles en France).

La République de Genève de Calvin

Au début du 16e siècle, Genève est une ville de la taille de Bâle avec ses 10 000 habitants, deux fois plus grande que Zurich. Elle dépend du Saint-Empire romain germanique, mais plus directement du duc de Savoie et d’un prince-évêque proche de sa maison.

Afin de s'affranchir de cette autorité, la Bourgeoisie cherche appui auprès des Confédérés, plus particulièrement de Berne, de Fribourg, puis de Bâle.

Soutenu par des marchands étrangers et des groupes de réfugiés de Lyon ou d’Italie, Guillaume Farel y prêche la Réforme pour le compte de Berne dès 1532. En 1534, trois syndics élus sur quatre y sont déjà luthériens.

Le 8 août 1535, le peuple – petites gens et bourgeois réunis – détruit les « images impies » à la cathédrale. La messe est suspendue, les biens de l’Église saisis et les congrégations catholiques expulsées. Le Conseil général de la Ville prend l'engagement de "Vivre selon l'Evangile".

Jean Calvin, Français natif de Noyon en Picardie, s'installe pour la première fois à Genève le 5 septembre 1536. Genève est déjà un minuscule état souverain indépendant semblable aux enclaves de huguenots français, bohémiens ou hongrois avec leur farouche esprit de résistance.

Jean Calvin sera l'homme providentiel pour renforcer la cohésion de Genève autour d'un projet politico-religieux radical et bâtir un consensus idéologique durable capable de recueillir l'assentiment populaire.

Calvin sera bannit de Genève en 1538 : Sa volonté d'exiger que toute la population suive sa foi réformée avait suscité de très fortes résistances. Mais c'est à propos de l'alignement de la liturgie sur celle de Berne que se fera la rupture. Les prédicateurs français refuseront de s'y soumettre.

En 1540, les élections donnent la majorité aux partisans du réformateur banni, tandis que les factions opposées en viennent aux mains. C’est dans ces conditions que Calvin est supplié de revenir.

Il va alors pouvoir mettre en oeuvre en toute liberté son projet politico-religieux et exiger que toute la population s'y soumette.

Jean Calvin mourut le 27 mai 1564 à l'âge de 54 ans. Il fut mis en terre le lendemain dans une tombe anonyme afin d'éviter qu'un culte des saints de développe.

La mise en place de la théocratie calviniste

Dès son retour à Genève en 1541, Jean Calvin s'attaque à mettre en place son projet de théocratie en participant à l'élaboration de ses lois. Il commence d'abord par les Ordonnances ecclésiastiques qui vont régir l'organisation de l'Eglise et en définir son fonctionnement : Le Baptême ; la Cène ; le mariage ; l'inhumation et le catéchisme. 

En principe, le pouvoir temporel se réserve la haute main sur les décisions les plus importantes, en particulier l’excommunication, qui est du ressort de l’ordre des anciens (ou consistoire), formé d’une vingtaine de membres et nommé par le Petit Conseil.

En 1543, Calvin participe à la compilation des Édits politiques qui règlent la voirie et la police, les offices municipaux – du sonneur de cloches au veilleur de nuit –, les lois somptuaires et le droit matrimonial.

Ils fixent aussi l’architecture du pouvoir oligarchique. Ainsi, le Petit Conseil (ou Seigneurie) recrute ses membres par cooptation, désigne ceux du Conseil des Deux-Cents (Grand Conseil) et propose les candidats aux charges de syndics, parmi lesquels le Grand Conseil retient huit papables, dont quatre sont finalement élus par le Conseil général. Ce dernier réunit deux fois par an l’ensemble des citoyens de sexe masculin (fils de bourgeois, nés à Genève) pour adopter les lois que les autres conseils proposent.

L’éducation doit former des chrétiens qui craignent et servent Dieu. Calvin se méfie des enfants et des adolescents, qu’il traite de « petites ordures » ou de « merdailles », parce qu’ils refusent souvent de se soumettre à l’autorité du chef de famille. Il faut donc instruire les jeunes « tant en bonnes mœurs que bonne doctrine » dans des écoles – il en existe six en 1546 – et au collège de Rive, fondé en 1536, que dirige Sébastien Castellion jusqu’en 1542. Il y règne un ordre austère, fondé sur la hiérarchie et l’émulation : dans chaque classe, les élèves sont regroupés par dix avec un décurion à leur tête, désigné par le maître, chargé d’aider ses camarades et de faire régner la discipline. En 1559, ce niveau élémentaire est complété par l’Académie de Genève, où seront formés les pasteurs, grâce notamment au recrutement de professeurs démissionnaires de l’Académie de Lausanne, dont Théodore de Bèze.

Calvin choisit ses ministres en fonction de leur adhésion à sa doctrine : la médiocrité est jugée préférable à l’ambition (sur 31 pasteurs en exercice de 1538 à 1546, 9 sont démis et 5 démissionnent).

Construire le Nouveau chrétien

Les habitants de Genève ont brisé les chaînes qui les liaient au duc de Savoie pour être entravés par celles de Jean Calvin.

Le prédicateur français affirme que l'Homme est "Complètement insignifiant", que sa seule chance de salut repose dans le Christ et celle de la société "Dans les Elus choisis pour exécuter les desseins de Dieu". C'est la Prédestination intégrale, spécificité du protestantisme qui va changer sur le long terme la société occidentale.

La Cité respire à l'heure de la Foi protestante : Prêches quotidiens pour tout le monde tous les jours à heure fixe ; sermons et lectures de la bible tous les dimanche sans pouvoir y échapper ; la Cène quatre fois l'an ; confessions publiques pour mieux se repentir face à la société ; mémorisation des psaumes que l'on chante au temple, dans la rue ou au travail. La nouvelle Eglise de Calvin veut ériger la Loi de Dieu en idéal quotidien.

Ne reconnaissant pas le culte des saints, le consistoire exige à partir de 1546 de changer tous les prénoms. Une vraie révolution culturelle ! L'Etat civil montre qu'avant la Réforme, 45% des prénoms donnés étaient ceux de saint ou sainte.... en 1550-1560, il n'y en a plus que  moins de 2%.

La police des âmes, des esprits et des corps veille

C'est sans précédent par l'ampleur et la férocité de l'application. On retrouve cette caractéristique dans un autre courant radical protestant : le puritanisme anglais. 

On est très loin des sermons dominicaux et des bulles papales rappelant un certain nombre de principes moraux. Répétitions si fréquentes que ça démontre que leur application n'était pas effective.

La police des âmes veille à l'encadrement strict du mariage ; lutte contre la paillardise et la fornication ; condamne l'adultère, l'infanticide et la sodomie.

Dans les années 1560, le taux de naissances avant mariage ou illégitimes sont dans la République de Genève parmi les plus bas d'Europe.

Une censure des écrits implacable

Les livres et écrits qui circulent ou sont imprimés à Genève font enfin l’objet d’un contrôle sévère, en particulier lorsqu’ils mettent en cause le Conseil ou le consistoire.

En 1559, Calvin fait brûler l’Amadis de Gaule, un roman de chevalerie considéré comme un modèle par Cervantès, qu’il présume corrompre la jeunesse. En 1563, c’est le tour du livre de Jean Morely, qui préconise le gouvernement démocratique de l’État et de l’Église.

On est loin du modèle de tolérance et de liberté qu'on nous présente être de règle dans les états protestants !

Une morale publique digne des puritains

La morale publique va s'étayer et être mise sous une surveillance strict. Règlementation des hôtelleries, des tavernes et des bains publics. Répression de la vente à la criée, de l'obscénité, de l'ivresse publique, des danses et des chansons paillardes. Dénonciation du luxe et de la coquetterie. Interdiction du jeu et de la prostitution... etc.

Les fêtes religieuses chômées sont supprimées... l'oisiveté du Peuple n'étant pas souhaitable ! On retrouvera ce thème de " l'oisiveté du Peuple qui lui laisse la latitude de penser" chez les philosophes des "Lumières".

La pression morale est inouïe. Elle se fait par les confessions publiques et par un second moyen digne d'un pays de l'est : les inspections des dizeniers.

Les quartiers de Genève sont découpés en paquets de dix familles surveillées par un dizenier, représentant officiel du consistoire. Chaque année, les dizeniers visitent  chaque maison pour en interroger les habitants. La plupart des historiens affirment qu'une famille sur quinze est alors convoquée devant le consistoire pour y justifier de leur conduite.

La Florence de Savonarole, et de sa dictature morale, avait montré à la fin du 15e siècle le chemin d'une certaine rigueur morale strict servant à discipliner le Peuple. La Genève de Calvin va en devenir la championne à partir de 1541. Elle sera largement dépassée par le puritanisme des premiers états d'Amérique du nord qui auront leurs périodes d'hystéries collectives conduisant à la chasse aux sorcières.

La femme calviniste n'est pas l'égal de l'Homme

Sous la République de Genève de Calvin, l'adultère est sévèrement puni, mais le peines ne sont pas égale suivant que l'on soit homme ou femme.

Lorsque la femme est la seule mariée et que le "Scandale" est rendu publique, la femme est punie de mort. L'homme est fouetté puis banni. Par contre, lorsque seul l'homme est marié, il est sanctionné de douze jours de prison.

La femme n'a donc pas le même statut que l'homme. Si le divorce est très exceptionnellement accordé à l'homme, il est systématiquement refusé à la femme.

Il ne fait pas bon être homosexuel...

Les homosexuels  sont persécutés. "Dieu requiert ... qu'il n'y ait point de femmes semblables à des lansquenets; ... On doit lever la boue pour jeter sur telles vilaines, quand elles sont si audacieuses de pervertir ainsi l'ordre de la nature." prêche Calvin.

Cette période verra la multiplication des procès pour sodomie. La liste est longue ! En mars 1554, le dénommé Lambert Le Blanc est brûlé vif en compagnie de quatre de ses amis. En septembre, c'est le tour de cinq adolescents qui seront battus et brûlés en effigie. En janvier 1555, Mathieu Durand finit décapité puis livré aux flemmes. en 1562, c'est le tour de deux autres condamnés. En 1566, un collégien du piémont, Bartholomé Tecia, est dénoncé par un camarade (le jeune Agrippa d'Aubigné, pour avoir tenté de "Le bougrer". Il  subira la torture puis sera noyé dans le rhône.

... ni libertin

En 1547, Jacques Gruet est torturé et décapité. Libertin au sens moderne du terme, il revendique le droit à la paillardise.

Proche des ennemis politiques de Calvin parmi les vieux Genevois, il défend aussi des idées qui confinent à l’incroyance : pour lui, le monde n’a ni début ni fin, il n’y a rien après la mort, Jésus n’est pas le fils de Dieu et Dieu n’est rien.

... ni être opposant politique ou religieux

Pourtant, les poursuites les plus dramatiques visent des chrétiens « hérétiques », en désaccord avec Calvin. C’est le cas de Jérôme Bolsec, qui défend le libre arbitre et conteste la prédestination. Il est jeté en prison en 1551 pour s’être opposé publiquement à Farel, puis banni à l’issue d’un procès qui émeut l’opinion et ne fait pas l’unanimité des Églises de Suisse.

En effet, comment l’homme pourrait-il être responsable de sa condamnation s’il ne l’est pas de son salut ? Le Conseil devra descendre dans l’arène pour interdire toute critique de L’Institution de la religion chrétienne de Calvin.

Enfin, il ne se passe pas une année sans qu’un artisan, un boutiquier ou un prédicateur ne soit poursuivi pour anabaptisme, battu, banni et ses livres brûlés.

En 1553, le médecin et théologien aragonais Michel Servet, rescapé de l’inquisition catholique lyonnaise, de passage à Genève, est arrêté et jugé à la demande de Calvin pour ses positions sur la Trinité et le baptême. Il sera condamné au bûcher par la Seigneurie.

Plus de sorcières brûlées que durant tout le Moyen-Age

Calvin est hostile aux superstitions et réfute l'astrologie qui prétend prévoir l'avenir des hommes alors que seul Dieu le connait. C'est ainsi qu'il s'insurge contre Copernic et les "Esprits possédés par le Diable" qui croient que la terre tourne autour du Soleil.

Les victimes des persécutions de la République de Genève de Calvin seront des femmes marginalisées accusées de pactiser avec le Diable en personne. Elles seront toutes condamnées à mort après tortures.

L'hystérie gagnera Calvin durant la peste de 1544-1545. Il sera convaincu que des sorciers "Engraissent" les serrures des portes avec une pommade faite avec des cadavres de pestiférés. Les femmes condamnées auront la main droite coupée avant de finir sur le bûcher.

A titre d'exemple, dans la commune de Peney, sur quarante-trois personnes traduites en justice, trente-huit seront exécutées. Les campagnes seront particulièrement touchées par les chasses aux sorcières.

http://histoirerevisitee.over-blog.com/2015/05/la-republique-de-geneve-de-calvin-une-dictature-religieuse-et-morale.html

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