Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Pape Paul III interdit l’esclavage des indiens dans le Nouveau Monde

Paul III & l'interdiction de l'esclavage des indiens

Alors que l’esclavage et le trafic humain reprend avec force en Libye avec la bienveillance de certains chrétiens européens, il est bon de se souvenir de l’action du pape Paul III qui interdit l’esclavagisme naissant dans le nouveau Monde suivant ainsi les pas d’Isabelle la Catholique.

Face à l’opinion de certains colonisateurs du Nouveau Monde, selon laquelle il est juste de réduire les Indiens en esclavage sous prétexte de l’incapacité de leur nature, le pape Paul III comprend qu’il est temps de confirmer avec force les positions prises par Isabelle la Catholique et la couronne espagnole. Dès 1492, cinq juifs convertis au Catholicisme (Luis de Torres, Marco Bernai, Alonso de la Calle et Gabriel Sanchez) avaient convaincu Christophe Colomb de capturer cinq cents Indiens et de les vendre comme esclaves à Séville. Isabelle la Catholique avait alors condamné fermement cette pratique, punit ces agissements et interdit l’esclavage des indiens. Comme le soulignera Jean-Paul II en 1992 : « La reine Isabelle avait désiré sincèrement que ses fils, les Indiens – comme elle les appelait- soient reconnus et traités comme des êtres humains avec la dignité d’enfants de Dieu, et comme des hommes libres, à l’égal des autres citoyens de ses royaumes. »

En 1530, renouvelant l’interdiction d’Isabelle la Catholique (Décédée en 1504), Charles Quint promulgue un édit interdisant de réduire les Indiens en esclavage et de les priver de leurs biens.

Le 29 mai 1537, le pape Paul III adresse au cardinal Jean de Tavera, archevêque de Tolède, la lettre Pastorale officium, qui approuve l’édit espagnol et va même, au nom de l’Église, beaucoup plus loin puisqu’elle menace d’excommunication les contrevenants. Peine conséquente à l’époque qui interdisait à tout chrétien de fréquenter une personne excommuniée. C’était la mort sociale temporaire !

Entre temps, Charles Quint abroge partiellement, en 1534, son édit de 1530… Le mécontentement du gouvernement espagnol, et les pressions qu’il exerce conduise le pape Paul III à retirer par une nouvelle lettre, le 19 juin 1538, sa menace d’excommunication envers les esclavagistes.

L’excommunication est levée mais pas l’interdiction de l’esclavage des indiens. Deux textes vont alors préciser la pensée du Pape et de l’Eglise :

  • Une nouvelle lettre à l’archevêque de Tolède, le 2 Juin 1537, qui, cette fois, est adressée à tous les chrétiens, Veritas ipsa ;
  • Le 9 juin 1537, la bulle Sublimis Deus

La bulle Sublimis Deus est restée célèbre pour l’engagement de l’Eglise catholique contre l’esclavagisme. Paul III use d’un langage très direct : c’est « l’Ennemi de la race humaine » qui a inspiré à « ses satellites » l’idée que « Les Indiens de l’ouest et du sud et tous les autres peuples dont Nous avons eu connaissance récente devraient être traités comme des brutes imbéciles, créées pour notre service, prétendant d’autre part qu’ils sont incapables de recevoir la foi catholique ».

Conforté dans la foi et l’espérance par les témoignages venus à lui du Nouveau Monde, le pape l’affirme sans ambages : « Les Indiens sont de vrais hommes et […] et ils sont non seulement capables de comprendre la foi catholique, mais aussi, d’après nos informations, désireux de la recevoir. »

« Quoi qu'il puisse avoir été dit ou être dit de contraire, les dits Indiens et tous les autres peuples qui peuvent être plus tard découverts par les Chrétiens, ne peuvent en aucun cas être privés de leur liberté ou de la possession de leurs biens, même s'ils demeurent en dehors de la foi de Jésus-Christ ; et qu'ils peuvent et devraient, librement et légitimement, jouir de la liberté et de la possession de leurs biens, et qu'ils ne devraient en aucun cas être réduits en esclavage ; si cela arrivait malgré tout, cet esclavage serait considéré nul et non avenu. »

II fallait cette singulière audace de la foi pour soutenir un tel texte, alors même que certains catholiques s’autorisaient à soumettre, sans trop d’états d’âme et d’ailleurs souvent de bonne foi, les populations du Nouveau Monde…

Cette bulle pontificale pèsera lourdement dans la controverse de Valladolid, grand colloque fait à la demande de Charles Quint afin qu’  « il se traite et parle de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par lui, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience ». On officialisera, entre autre, que les Amérindiens ont un statut égal à celui des Blancs malgré la pratique institutionnelle du sacrifice humain.

Membre d’une famille ambitieuse et puissante, fort libertin de mœurs durant la première partie de sa vie, amateur d’art et de luxe et pratiquant sans vergogne un népotisme prononcé, Alexandre Farnèse en devenant Paul III n’oublie certes pas son amour de la Renaissance italienne. Mais ses actes sont désormais, et d’abord, ceux du gardien de l’essentiel : avant la confirmation de la Compagnie de Jésus en 1540 et la convocation du concile de Trente en 1545, c’est la bulle Sublimis Deus qui ouvre les grands actes de son pontificat. C’est-à-dire la confirmation de l’éminente dignité de tous les humbles, au-delà comme en deçà des mers.

Louis XIV suivra son chemin en interdisant l’esclavage en Nouvelle France et en Louisiane. Toutefois, il aura un moment de faiblesse en donnant en 1712 l’autorisation au financier Antoine Crozat « d’importer un bateau d’esclaves par an ». C’est dur de résister à ceux à qui on doit de l’argent !

Lire le texte de la bulle Sublimis Deus

http://histoirerevisitee.over-blog.com/2018/10/le-pape-paul-iii-interdit-l-esclavage-des-indiens-dans-le-nouveau-monde.html

Les commentaires sont fermés.