Jeune aumônier, Henri Grouès entre dans la Résistance en 1942. Il prend pour nom de guerre "abbé Pierre". Sauvetage d'enfants juifs, presse clandestine, filières d'évasion..., ses activités contre l'occupant furent multiples, même si elles sont moins connues que son engagement aux côtés des pauvres.
Henri Grouès, né le 5 août 1912 à Lyon, entre à 19 ans chez les Capucins au couvent de Notre-Dame de Bon Secours à Saint-Etienne (Loire), puis celui de Crest (Drôme). Il est ordonné prêtre en août 1938. Son tempérament le conduit à choisir le clergé séculier. Il est nommé vicaire de la paroisse Saint-Joseph à Grenoble l'année suivante, avant d'être mobilisé comme sous-officier en Alsace au 28e groupe sanitaire divisionnaire (GSD).
Atteint d'une pleurésie, il est hospitalisé au moment de la défaite en mai 1940. Il devient aumônier de l'hôpital de La Mure (Isère) en octobre 1940, puis d'un orphelinat à la Côte-Saint-André. A l'été 1942, il rejoint la Résistance et prend pour nom "abbé Pierre". Il participe, en Chartreuse, à la création d'un maquis qui sera déplacé en 1943 dans le Vercors, à Voreppe et Sornin, puis à Malleval, où, le 29 janvier 1944, la plupart sont massacrés par les Allemands.
Vicaire à la cathédrale Notre-Dame de Grenoble, il recueille des enfants juifs dont les familles ont été arrêtées lors des rafles des Juifs étrangers en zone Sud, en août 1942. Il fabrique des faux papiers et réalise un journal clandestin, l'Union Patriotique Indépendante. Il met aussi en place des filières d'évasion par la Suisse. Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1943, il réussit à exfiltrer vers ce pays Jacques de Gaulle (1893-1946), l'un des trois frères du chef de la France Libre, gravement malade et recherché par la Gestapo.
Il imprime également à son domicile et distribue, sous le titre Résistance, des tracts faisant connaître les textes principaux des positions spirituelles de la Résistance. En novembre 1942, au moment du débarquement allié en AFN, aidé d'un groupe de jeunes ouvriers de son quartier, et en liaison avec l'autorité militaire, il enlève des stocks d'effets (chaussures, literie, etc...) des casernes et les met en lieu sûr en prévision de leur utilisation par l'Armée Secrète.
Après l'instauration du Service du Travail Obligatoire (STO) en février 1943, l'abbé Pierre vient en aide aux réfractaires en leur fournissant des cartes d'identité, de ravitaillement, de travail...
En août 1943, menacé d'arrestation par la Gestapo, il quitte Grenoble pour Lyon. Il travaille en contact avec l'état-major secret de la 4e Région. En février 1944, il rejoint Paris où il œuvre avec le Centre d'information et de documentation qui devient l'Agence de documentation et d'information du Conseil National de la Résistance. Il est alors l'abbé Georges Houdin.
Arrêté en mai 1944 par les Allemands à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), il s'évade et passe le 26 mai la frontière espagnole avant de rejoindre, via Gibraltar, les Forces Françaises du général de Gaulle à Alger le 16 juin, sous le nom de Sir Harry Barlow.
Le 9 août, il s'engage et est nommé aumônier sur le Jean Bart à Casablanca. D'août 1944 à janvier 1945, il accomplit auprès des milieux marocains un important travail d'information. La même année, il est nommé aumônier honoraire de la marine à Paris.
Les services accomplis dans la Résistance par l'abbé Pierre sont reconnus par le certificat d'appartenance aux Forces Françaises de l'Intérieur (modèle national) n° 1075/BR-FFCI/FI-Sp du 23 mars 1948, établi au titre de l'état-major régional Armée Secrète Région I pour la période du 15 mars 1943 au 26 mai 1944.
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