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L’automobile française menacée de mort par Bruxelles

Photo Pexels Pixabay
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Renault, Dacia, Peugeot et Citroën sont en danger de mort. En mars dernier, Ursula von der Leyen annonçait renoncer, pour l’année 2025, aux énormes amendes qui auraient sinon frappé la plupart des constructeurs automobiles européens, incapables de respecter les objectifs intenables de « décarbonation » imposés par Bruxelles. Ce simple sursis, indispensable car sans lequel plusieurs marques se seraient alors retrouvées en péril de mort imminente, est cependant très insuffisant. D’abord parce qu’il n’est qu’un sursis, même s’il a été confirmé depuis par le vote, le 8 mai, par les députés européens, d’un assouplissement des règles imposées aux constructeurs automobiles en matière d'émissions de gaz carbonique (CO2) de leurs véhicules grand public et utilitaires légers neufs. Contestée par les écologistes, qui ont inspiré la politique du « tout électrique » dont toute la filière souffre aujourd’hui, cette mesure consiste juste à donner temporairement un peu d’air aux constructeurs en prenant en compte les émissions sur trois ans, de 2025 à 2027, et non sur la seule année 2025.

Un sursis indispensable mais bien insuffisant

Ce petit délai ne s’accompagne en effet d’aucune remise en cause de la politique européenne du tout électrique et d’aucune mesure permettant de protéger les constructeurs européens et français contre les autres menaces qui pèsent sur eux. À vouloir oublier que les véritables juges de paix sont les automobilistes, et que le tout électrique, pour la très grande majorité d’entre eux, ne répond pas à leur besoin, et surtout à leurs moyens, on se heurte inévitablement à la sanction des ventes. Celles de l’électrique ne décollent pas, et la France a d’ailleurs cessé, pour des raisons budgétaires, de les favoriser artificiellement par des primes. Mais au-delà, c’est le marché global qui s’effondre, en Europe, avec une nouvelle baisse de 7,3 % des ventes observée en juin. Nombre d’automobilistes renoncent à acheter neuf, préférant faire durer leur véhicule actuel, quand c’est possible, ou acheter une occasion, sinon.

Renault dans le doute, Stellantis dans le rouge

Les deux groupes français doivent par ailleurs faire face à des difficultés supplémentaires. Renault a dû, non sans mal, se désengager de son alliance avec le constructeur Nissan, au bord de la faillite. La marque au losange a beaucoup misé sur l’électrique, mais sur les créneaux d’entrée et de milieu de gamme, à fort volume, la concurrence chinoise commence à se faire sentir et constitue une réelle menace à long terme. Il faut ajouter à cela que la boulimie normative de Bruxelles a renchéri très fortement les coûts des voitures populaires. Une difficulté qui vaut aussi pour Stellantis (groupe franco-italo-américain où l’on trouve notamment Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler et Jeep), lequel doit de son côté faire face à une dette abyssale de 2,3 milliards d’euros, au premier semestre 2025. En cause, une hausse des coûts de fabrication, une baisse des ventes, mais aussi des problèmes de fiabilité très pénalisants : fragilité du moteur PureTech et vice de conception de l’airbag Takata ont conduit à des rappels en masse et généré une fuite de clientèle au profit de la concurrence. Et contrairement à Renault et Dacia, qui écoulent l’essentiel de leur production en Europe, Stellantis doit composer avec le marché américain. Or, une partie importante de ses ventes aux États-Unis est réalisée sur des modèles assemblés hors du pays, lesquels sont soumis actuellement à une surtaxe de 25 %, un peu moindre concernant le Mexique (15 %). En vigueur depuis avril dernier, ces droits de douane auraient déjà coûté à Stellantis environ 300 millions d’euros.

L'automobile française en panne : Bruxelles a perdu les clefs

Mais de toutes ces mauvaises nouvelles, la pire pour nos constructeurs est sans doute la menace mortelle que fait peser sur eux la persistance de Bruxelles a maintenir le cap suicidaire du tout électrique à l’horizon 2035. Car si Renault, Dacia, Peugeot et Citroën (comme plusieurs autres marques européennes) étaient parfaitement armées face à la concurrence chinoise, sur le marché du thermique, c’est tout l’inverse en électrique, face à des concurrents chinois qui ont depuis longtemps mis les moyens pour dominer le marché : ils sont, aujourd’hui, les premiers fabricants mondiaux de batterie, contrôlent 70 % de la production de terres rares permettant de les fabriquer et leurs voitures sont nettement moins chères que leurs concurrentes européennes, leur production étant abondamment aidée par Pékin.

Face au précipice, le point de non-retour approche, mais Bruxelles ne semble pas décidé à donner le coup de volant salvateur.

Etienne Lombard

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