Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Schengen : la libre circulation pour tous, surtout pour les migrants

Migrants

J-11 avant les élections européennes. La campagne bat son plein, les anathèmes sont jetés dans la presse, les candidats sont pris à partie sur leurs positions et les passages médiatiques des candidats rythment les derniers jours avant le scrutin. Au cœur des débats, l’immigration, et notamment le contrôle des frontières, s’est imposé comme l’un des thèmes majeurs de cette campagne, au grand dam de la gauche.

À droite, le constat d’une « Europe passoire » est partagé par tous les candidats. Contre le fléau de l’immigration illégale, le Rassemblement national, tout comme Reconquête, propose une refonte complète de l’espace Schengen, au sein duquel les citoyens européens - ainsi que les ressortissants de pays tiers, par la force des choses - peuvent circuler librement. Les Républicains, qui dénoncent eux aussi une faillite migratoire, appellent de leur côté à reprendre la « maîtrise » des frontières européennes.

Triple ou double frontière

« Il faut rétablir les frontières nationales. Il faut interdire la libre circulation des extra-Européens dans l’espace Schengen. » Ce 28 mai, sur Lyon Capitale, Agnès Marion, qui figure à la septième place de la liste de Marion Maréchal, résume rapidement l’une des propositions phares de Reconquête en matière d’immigration. Face au constat d’une Europe dépassée par les entrées illégales (+17 % en 2023), le parti d’Éric Zemmour propose la mise en place d’une « triple frontière ». Une frontière nationale, tout d’abord, avec le « rétablissement des frontières intérieures de l’Union européenne » et « la fin de la libre circulation pour les extra-Européens », une frontière européenne, ensuite, avec un blocus en Méditerranée, des contrôles de Frontex et des barrières physiques, et, enfin, une frontière au-delà de l’Union avec une coopération internationale. Sur ce sujet, Marion Maréchal rejoint le programme porté par Jordan Bardella qui entend, lui aussi, « réhabiliter la frontière comme outil de protection et de régulation ». Pour ce faire, le jeune président du RN entend instaurer « une double frontière ». C’est-à-dire « contrôler les frontières nationales et mettre en place une frontière aux portes de l’Europe en permettant à Frontex de renvoyer les migrants illégaux ». Le RN propose également de « restreindre la libre circulation de l’espace Schengen aux seuls ressortissants des pays membres ».

S’il partage et dénonce le même constat, François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains, préconise, quant à lui, la mise en place d’une « clause de sauvegarde » qui permettrait aux États membres de l’espace Schengen de rétablir un contrôle aux frontières intérieures de l’Union en cas d’urgence sans avoir à obtenir au préalable l’accord de la Commission européenne. Il est en effet nécessaire, à ce jour, pour rétablir de manière provisoire (période de 30 jours renouvelables) des contrôles uniquement en cas de menaces à l’ordre public ou à la sécurité.

Une Europe dépassée

Si les propositions, quoique semblables, diffèrent, les trois candidats partagent tous le même constat : l’espace Schengen, rêve des pères de l’Europe, est devenu un enfer pour les États membres et un paradis pour les clandestins. Comme l’explique le rapport de l’Observation de l’immigration et de la démographie à ce sujet, publié ce 28 mai, « la libre circulation étendue aux ressortissants des pays tiers et associée à une absence de vérifications aux frontières a rendu l’Europe plus vulnérable à la pression de l’immigration irrégulière »« Schengen amplifie les crises migratoires », s’alarment les auteurs de cette note. Ils prennent l’exemple d’un Algérien qui souhaite s’installer en France sans raison réelle permettant l’obtention d’un titre de séjour. Celui-ci dépose alors une demande de visa Schengen court séjour auprès de l’Hexagone. S’il est débouté, il n’a qu’à renouveler sa demande auprès de l’Espagne ou encore de l’Italie. Une fois obtenu, il entre légalement au sein de l’UE et pourra alors venir s’installer en France sans être contrôlé aux frontières et bénéficier alors des dispositions clémentes de l’accord franco-algérien pour obtenir un titre de séjour.

Déjà, en 2017, les députés s’inquiétaient des « lacunes graves de l’espace Schengen »« Une partie des migrants rebondiss[e]nt de pays en pays pour trouver un point de chute, une fois déboutés de leurs droits dans un État. […] Au total, 450.000 à 500.000 déboutés du droit d’asile circuleraient actuellement de pays en pays dans l’espace Schengen, à la recherche d’un point de chute »écrivaient les parlementaires. Ils prenaient l’exemple des « milliers d’Afghans présents en France » qui, « pour l’essentiel, [sont] des déboutés du droit d’asile en Allemagne ». Il y a urgence à agir, car sans contrôle, les pays membres de l’espace Schengen s’exposent à un risque sécuritaire non négligeable. Le Syrien qui a attaqué des enfants à Annecy en juin 2023 était passé par plusieurs pays européens…

Clémence de Longraye

https://www.bvoltaire.fr/schengen-la-libre-circulation-pour-tous-surtout-pour-les-migrants/

Les commentaires sont fermés.