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13 juillet 1793 : assassinat de Marat, le faux ami du peuple

© Paris Musées CC
© Paris Musées CC
Marat, en voici, un nom synonyme de terreur et de folie sanguinaire. Cet homme prétendant être l’ami du peuple fut plutôt son fossoyeur, durant la Révolution française. Usant d'un talent d’orateur qui valait bien celui d'un certain Jean-Luc Mélenchon, il n’eut de cesse de haranguer les foules afin de mieux les contrôler, mais aussi de déchaîner les plus bas instincts de l’humanité sur ses ennemis. Cette folie ne prit fin que lorsque, d'une lame affûtée, la jeune Charlotte Corday tua Jean-Paul Marat, le 13 juillet 1793.

Au commencement était un médecin

Né en 1743 dans ce qui est aujourd'hui le canton de Neuchâtel, en Suisse, le jeune Marat, avant de devenir le révolutionnaire que nous connaissons, se tourne vers les sciences et la médecine. Diplômé, il s’installe en Angleterre afin d’exercer sa nouvelle profession, mais il s’investit aussi dans la politique parlementaire d’Albion. Revenu dans les frontières du royaume de France, Marat - comble d’ironie pour un futur républicain - se met en 1777 au service du frère du roi de France, le comte d’Artois, futur Charles X. Mais cela ne pouvait pas durer car Marat, fort de son expérience anglaise, voit en la Révolution de 1789 un espoir et l'occasion d'imaginer enfin un nouveau monde.

N’étant pas élu à la jeune Assemblée nationale, il ne se fait d'abord entendre qu’à travers ses déclarations dans la presse. Cette procédure l'incite à entamer une carrière de journaliste, d’agitateur public et de tribun du peuple.

Marat, « l’Ami du peuple »

Comme la Révolution à son début, Marat est au départ assez modéré dans ses propos. Il défend de justes principes d’égalité. Ainsi en 1790, il déclare : « Qu'aurons-nous gagné à détruire l'aristocratie des nobles, si elle est remplacée par l'aristocratie des riches ? » Bien vu ! Il soutient aussi la cause des personnes de couleur. Mais ses discours se radicalisent rapidement et Marat finit par appeler à l’insurrection dans les colonies puis dans les villes de France.

En 1792, après avoir été l’un des plus grands orateurs du Club des Cordeliers, il est élu député de la Seine dans le camp des Montagnards, les plus fervents adeptes de la Révolution. Désormais, dans les organes du pouvoir, Marat déchaîne sa haine. Indifférent aux massacres de Septembre, il continue à appeler au meurtre des ennemis de la Révolution. N’avait-il pas déjà déclaré, en 1790, dans les colonnes de son journal L'Ami du peuple, qu’« il y a une année, cinq ou six cents têtes abattues vous auraient rendus libres et heureux. Aujourd’hui, il en faudrait abattre dix mille. Sous quelques mois, peut-être, en abattrez-vous cent mille. »

Cependant, pour Marat, les monarchistes ne sont pas les seuls ennemis de la Révolution qui, tel Cronos, dévore ses propres enfants. Toute personne en contradiction avec lui devient un ennemi. Ainsi, la faction des Girondins opposée à celle des Montagnards finit-elle par être considérée par les meneurs de la Révolution comme trop modérée. Marat, usant des outils à sa disposition, ne cesse de les diaboliser : il les accuse de trahir les valeurs de la jeune République. Face à ces appels au meurtre incessants, le député girondin Pierre Vergnaud lance, à l'Assemblée nationale : « Donnez un verre de sang à ce cannibale : il a soif ! » Cette déclaration n’arrête pas pour autant le tranchant de la guillotine qui entraîne dans la mort la majorité des Girondins, en juin 1793.

Tuer Marat pour sauver la patrie

Paris purgé des Girondins qui la corrompaient, Marat s’attaque aux provinces où se sont réfugiés les rares survivants de ces révolutionnaires modérés. Tentant de rallier le peuple à leur cause, les Girondins poussent une jeune fille à agir. Faire « tomber la tête de Marat et la patrie est sauvée », lancent-ils. Charlotte Corday part à Paris en juillet 1793 et tente d’approcher sa future victime. Mais Marat reste cloîtré chez lui et n'apparaît plus en public. Il est, en effet, condamné à passer de longues heures dans sa baignoire afin de soulager, à l’aide de soufre, les terribles souffrances provoquées par une maladie de peau. Mais si son corps est tourmenté, son esprit n'a rien perdu de son appétit sanguinaire. L’Ami du peuple continue à écrire et à envoyer ses ordres à l'Assemblée. Charlotte Corday finit par prétexter une dénonciation qu’elle est prête à faire à Marat afin de l’approcher. Il accepte et la reçoit le 13 juillet. Instinctivement, la jeune fille frappe de sa lame sa victime, qui meurt dans l’instant.

Devenu martyr de la Révolution, Marat est panthéonisé en novembre 1793, avant que la Terreur ne soit enfin vaincue et que la France regarde d’un autre œil celui qui fut l’instigateur de nombreux excès révolutionnaires. Dépanthéonisé en 1795, son corps finit par disparaître dans la terre du cimetière Sainte-Geneviève à Paris. Les monuments en son honneur sont détruits. L’un de ses bustes est même jeté à la Seine par des enfants aux cris de « Marat, voilà ton panthéon ». Dans Paris circulent comme un dernier épitaphe les vers suivants : « Appui de l’assassin opprobre de la France, j’ai plongé le poignard au sein de l’innocence ; Par les grands forfaits je me suis fait un nom. Passant, les Jacobins m’ont mis au Panthéon. » Le sort des « amis du peuple », grands démagogues et orateurs enflammés, lorsqu'ils deviennent les bourreaux de la patrie, peut être cruel.

Eric de Mascureau

https://www.bvoltaire.fr/13-juillet-1793-assassinat-de-marat-le-faux-ami-du-peuple/

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