Peluche française contre peluche chinoise
Mais pour les PME ou les TPE françaises susceptibles de proposer leurs produits de qualité dans de bonnes conditions, cela s’est révélé bien moins aisé. « C’était compliqué de répondre aux appels d’offre pendant le Covid », regrette, auprès de BV, Alexandra Broussaud, dont l’entreprise textile, à Limoges, aurait aimé être de la partie. De même, Éric Baudry, patron du groupe Intuis, spécialiste du confort thermique et dont les produits sont certifiés Origine France Garantie, déplore « de ne pas avoir pu postuler. Nous aurions pu fournir des pompes à chaleur pour le village », nous confie-t-il. Le président de l’association Origine France, Gilles Attaf, nous rappelle que cela fait sept ans que les Jeux ont été attribués à Paris. « On aurait pu s’organiser pour que les PME puissent se positionner et que cela entre dans le cadre de la réindustrialisation de notre pays. » Et de donner l’exemple de la mascotte Phryge, faite à 80 % en Chine, la production bretonne des peluches Doudou & Cie étant marginale. « Pour prouver la capacité de l’industrie française à faire une mascotte, nous avons monté le projet Cocorifeu, une peluche 100 % française fabriquée par la coopérative solidaire Thiers Entreprise », poursuit Gilles Attaf. « On nous a refusé d’être associés aux JO. Mais avec ses airs de phénix, nous espérons qu’elle symbolise la renaissance industrielle française » conclut-il.
ans pis pour les PME suspectées, à mots couverts, de ne pas avoir la capacité de livrer en temps et en heure. On a été moins regardant sur les grosses dépenses. Résultat : la facture est bien plus salée qu’annoncé. Le budget est passé de 6,2 milliards, dans le dossier de candidature (qui a pu croire à ce chiffre alors que cela avait coûté respectivement 11 et 12 milliards à Londres et à Tokyo ?), à 11,8 milliards aux dernières estimations. On suppose que le Comité d’organisation des Jeux olympiques (COJO) n’avait pas budgété le 1,4 milliard d’assainissement du fleuve en décidant d’inscrire les épreuves de triathlon au cœur de Paris au lieu d’un bord de mer. Pourvu qu’aucune pluie ne lave le pavé parisien pendant les JO et ne déverse de l’eau sale le jour des épreuves…
Une piscine olympique à la jauge... trop petite !
Construire une piscine olympique en Seine-Saint-Denis est une belle idée. Les Jeux sont aussi l’occasion d’améliorer les équipements d’un quartier. Cependant, quand l’investissement passe de 70 à 90 millions d’argent public, soit 30 % d’augmentation, auxquels il faut ajouter, comme le rappelle Contribuables associés, un chemin piétonnier et cycliste au dessus de l’autoroute A1 à 84 millions, a-t-on le droit de s’interroger sur la rentabilité de cette structure ? D’autant que seules les épreuves de plongeon et de natation artistique pourront s’y dérouler, car la jauge de spectateurs y est insuffisante, selon les règles internationales de natation. Ce qui a contraint la France à construire une piscine éphémère dans le stade de la Défense Arena. Contribuables associés relève aussi la construction, pour un million, d’une chaussée provisoire au village olympique. Elle sera détruite et remplacée par une voirie durable plus tard. Une broutille.
Gageons que ces fameux « peines-à-jouir » d’Hidalgo se trompent en estimant autour de 5,3 milliards les recettes générées par les Jeux, au lieu des 8,1 milliards estimés au départ, et que l’afflux de touristes attendu sera au rendez-vous, car malgré les extravagances écolo de la mairie, Paris fait encore rêver.