Le malaise vient surtout de l’attitude de Salamé, désinvolte et voyeuriste. Le 28 juillet, elle recevait la judokate Amandine Buchard. Celle-ci témoigne des sacrifices auxquels consentent, dès l’adolescence, les sportifs de haut niveau. Salamé attire l’attention des téléspectateurs sur la défaite d’une Japonaise, d’un ton dramatique : « Elle s’appelle Uta Abe, elle a été éliminée en 8e de finale, regardez le désespoir. » Buchard témoigne que cette consœur est détruite par la défaite. Enchaînement de Salamé, légère : « Ça l’a détruit[e], mais nous, on retient votre sourire, votre victoire et votre médaille. Remontrez-la-nous ! » Exit le désespoir d’Uta Abe.
Une ola pour la mère endeuillée
Dans ce genre pathétique sans pathos, Salamé a donné toute sa mesure en recevant Stéphane Landois, médaillé avec le cheval sur lequel Thaïs Méheust avait subi un accident mortel. Salamé y met le ton et les détails : « Il y a cinq ans, elle le montait et il y a eu un accident. Elle est morte sur le coup, écrasée par le cheval. » Laurent Luyat demande à Landois : « Vous avez senti sa présence sur le cheval ? » Un peu de paranormal ferait monter l’audience.
Mieux : Salamé a sous la main la mère de Thaïs, Corinne Méheust. « Je voudrais que vous lui fassiez une ola », demande-t-elle à son public. La mère endeuillée entre, sous la ola, donc. Une manifestation d’enthousiasme… Salamé n’y va pas par quatre chemins : « C’était le rêve de votre fille […] d’avoir une médaille avec son cheval. Quand elle meurt, qu’est-ce qui se passe dans votre tête pour vous dire : je veux que son cheval, qui est responsable, d’une certaine manière, de sa mort, aille aux Jeux sans elle ? » La délicatesse est restée au box.
Les sous-doués aux JO
Restant digne, Mme Méheust répond que sa fille n’aurait pas aimé qu’on rende le cheval responsable de l’accident. Nous touchons là l’autre critique à l’égard de Léa Salamé : elle ne semble pas y connaître grand-chose en sport, équestre ou autre. De trop nombreux invités n’ont d’ailleurs rien de sportif et semblent en promotion.
Quels jeux ! aura ainsi permis à Anne Hidalgo d’assurer qu’elle a dépollué la Seine. Au militant animaliste Hugo Clément de demander la libération du défenseur des baleines Paul Watson. Au comique Jean-Luc Lemoine, qu’on a connu mieux inspiré, de vanter platement la cérémonie d’ouverture. Où sont les sportifs ? Le parasitisme est total. En duplex alors qu’elle vient de remporter une médaille de bronze, la judokate Clarisse Agbegnenou se trouve éclipsée par JoeyStarr, triste sire, et Claudia Tagbo, piètre comédienne, qui, sous prétexte de la féliciter, se tapent l’incruste et lui volent la vedette.
La caste de la télé publique
Le spécialiste média Clément Garin avoue ne pas comprendre la ligne éditoriale de cette émission, imposée aux équipes de journalistes sportifs de la chaîne par leur patronne Delphine Ernotte, eux aussi éclipsés malgré leur compétence. Médias citoyens voit dans la dramatisation systématique de Léa Salamé une dérive à la Cyril Hanouna (l’autodérision et l’anticonformisme en moins, corrigera-t-on) et l’illustration du « système de castes » de la télé publique « où seuls les amis, les influenceurs et les activistes se trouvent privilégiés ». Et en effet : l’émission est coproduite par Léa Salamé et Winter Productions, une société qui appartient au journaliste militant écologiste Hugo Clément, déjà cité et qui était donc invité… chez lui. Bienvenue dans le petit univers de gauche de l’audiovisuel public. Mais tout le monde sait que le problème, à la télé, c’est C8 et CNews.