Sous pression, la régie publicitaire qui exploite les espaces publicitaires pour la SNCF a déjà montré de premiers signes de capitulation. Elle a, ainsi, juré ne pas être au courant que la campagne en question visait à promouvoir des livres de Jordan Bardella et promis qu’elle s’assurerait que celle-ci est bien en accord avec ses règles en étudiant tous les visuels « dans leur intégralité, que ce soit les images ou les annotations ». « Les gares sont des lieux publics, il y a donc par exemple une obligation de neutralité politique qui s'applique », a d’ores et déjà averti Alessandra Lafay, directrice de la communication de Mediatransports, semblant déjà donner des gages aux syndicats.
L’hallali médiatique
L’indignation est la même, du côté des médias de gauche. « Vincent Bolloré dans ses œuvres », a ainsi raillé 20 Minutes. Selon le quotidien gratuit, c’est l’ensemble des médias du groupe détenu par l’entrepreneur breton qui auraient été « mis au service » de la promotion du chef du « principal parti d’extrême droite ». Vincent Bolloré mettrait « les bouchées doubles » pour promouvoir le livre de Jordan Bardella. Ni plus, ni moins.
Pour appuyer ses dires, 20 Minutes renvoie ses lecteurs à l'article d’un média ami et forcément recommandable, Libération. Ce dernier aurait mené l’enquête au sein de la maison Fayard, passée sous pavillon Bolloré il y a quelques mois, et assure que l’annonce de la sortie du livre de Jordan Bardella y aurait occasionné une « quasi-guerre civile ». « On vit un moment funeste », a même témoigné anonymement un employé, à deux doigts d’évoquer le bruit des bottes et les heures les plus sombres.
Mais au lieu de souligner l’intolérance de ces salariés qui refusent de publier un texte sur lequel ils sont en désaccord politique, Libération préfère incriminer leur direction. Un nom revient : celui de Lise Boëll. La presse en dresse un portrait glaçant. Elle serait « l’éditrice qui a fait d’Éric Zemmour un éditorialiste à succès », une « habituée des plateaux de CNews », un « épouvantail » qui assume une « ligne éditoriale identitaire »… Bref, une ennemie du camp du Bien. Le projet de publication du livre de Jordan Bardella serait son œuvre, actant un peu plus « la bollorisation à marche forcée » de la maison Fayard.
L’indignation à géométrie variable
Évidemment, les mêmes médias n’ont pas ce genre de pudeur de gazelle lorsque des auteurs de gauche ou d’extrême gauche parviennent à être publiés par de grandes maisons d’édition. Ni quand leurs productions sont massivement promues sur les antennes. On ne les a pas entendus s’indigner, par exemple, face à la campagne promotionnelle monstre dont ont pu bénéficier, ces derniers mois, les livres de Julia Cagé, Thomas Piketty ou Aurélien Bellanger. On ne les a pas vus dénoncer, non plus, l’espace médiatique accordé à Notre Histoire de France, cette série documentaire de France 2 qui se proposait de « déconstruire le roman national ». Au contraire. Toute la presse de gauche lui a réservé un accueil chaleureux. 20 Minutes était, d’ailleurs, partenaire de cette production très militante.
Il faut croire qu’un livre de droite n’aurait pas droit, par principe, à pareil traitement. Même lorsque son auteur est le patron du premier parti de France.