Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La pédagogie de transgression

You are currently viewing Cellule Stratégie 6

Cellule Stratégie 6

La rubrique « Cellule Stratégie » présente des concepts de la stratégie politique du coup de force. Après le royalisme de témoignagele royalisme politique et le royalisme de complot, voici le concept de pédagogie de transgression de Michel Michel tiré de son Analyse sociologique du royalisme.

Par Michel Michel

Tant que durera la France et l’Église, la méditation sur son histoire produira des contre-révolutionnaires comme l’instinct de vie et parfois le goût de la contradiction produiront spontanément une pensée réactionnaire.

En revanche, la production d’un « royalisme politique » et plus encore d’un « royalisme de complot » est le fruit d’un travail organisé qui est la caractéristique de l’Action française.

C’est par un travail constant et organisé que l’on transforme des « Catholiques et Français toujours » en royalistes politiques en les sortant de leur position d’exil intérieur. Ces royalistes de valeurs, qui forment souvent les « gros bataillons » ou le « noyau dur » du mouvement sont rejoints, en fonction des crises résurgentes que traverse notre pays, par des « royalistes de raison » qui progressivement finissent par adopter, en partie ou totalement, les valeurs des royalistes de cœur et de tradition.

Et c’est au sein des royalistes politiques que pourra se déployer la pédagogie encore plus spécifique de l’Action française qui transformera un petit nombre d’entre eux en « royalistes de complot ».

Sans doute, ce processus en entonnoir dépend en grande part des circonstances et de la vocation propre à chacun. Peu ont vocation à devenir ce que Lénine appelait des « révolutionnaires professionnels » qu’il imaginait sur le modèle des jésuites…

Maurras appelait ce processus alchimique « la réforme intellectuelle et morale de quelques-uns » ; dans ce domaine, le nombre n’est pas une question essentielle. Car notre espérance d’une restauration de la monarchie tient à la capacité et au positionnement social qu’auront quelques acteurs d’exploiter une des inévitables crises qu’engendrent l’histoire et l’incapacité des institutions républicaines à y faire face.

Mais cette capacité ne s’improvise pas, elle se prépare :

  • intellectuellement,
  • psychologiquement,
  • et relationnellement (au moment de l’action, seuls les réseaux anciens sauront ne pas se faire infiltrer par les mythomanes ou les agents de la police).

Sans en faire un modèle, la « Cagoule » qui s’est organisée à la fin des années 1930, a produit des réseaux en position efficace durant la guerre, dans tous les camps, dans la résistance à Londres, à Vichy et dans le Paris de la collaboration ; et ces réseaux ont continué à être actifs jusqu’au sein de la présidence de Mitterrand.

Quelle régression ce serait pour le royalisme si ce travail de l’école d’Action française venait à disparaître, et si le royalisme se voyait réduit à une nostalgie, une protestation contre le monde moderne sans pouvoir avoir quelque prise sur cette modernité…

Puisqu’un changement de régime suppose nécessairement une rupture de légalité et la mise en action des rapports de forces, un arrière-fond de violence, au moins potentiel et symbolique, il faut bien que la pédagogie du coup d’État ne se contente pas de démontrer la supériorité de la monarchie sur la république, mais libère de la fascination qu’exerce spontanément toute légalité.

Qui sera capable de passer à l’acte libératoire s’il ne s’est pas préparé à ces transgressions nécessaires, non seulement par un travail intellectuel pour distinguer la légalité de Créon de la légitimité d’Antigone, mais aussi par des actes de courage qui manifestent que l’on n’est plus prisonnier de ces conformismes que l’Église appelle le « respect humain ».

« Vive les Camelots du Roi ; ce sont des gens qui se foutent des lois », dit la chanson ; « nous ne sommes pas des gens moraux » affirmaient les gens d’Action française. Certes, ces formules ne sont pas sans risque et d’abord de déchaîner le voyou qui sommeille. Mais le risque est encore plus grand, quand vient le moment de l’action d’être paralysé par des pseudo-principes moraux ou légaux qui viendront justifier l’inaction française.

Il faut du temps et des dispositifs pédagogiques pour se libérer des « grands principes » des idéologies dominantes, du « droitdel’hommisme » qui, de l’affaire Dreyfus jusqu’aux ligues anti-racistes inhibent toute réaction en faveur du bien commun de notre pays. Il faut du temps pour que s’installe un nouvel « habitus » capable de faire fi des convenances…

Pour autant, l’AF s’oppose au romantisme activiste (par exemple celui de certains disciples de Julius Evola qui prétendent chevaucher le tigre en accélérant le processus de décadence pour permettre un jour une réaction salvatrice) ; nous n’avons ni le désir, ni la naïveté de croire que nous pouvons créer des crises majeures, seules circonstances dans lesquelles un coup d’État est possible. C’est au contraire le régime républicain qui est le principal des facteurs qui engendrent les crises. Et le coup d’État que nous préparons apparaîtra alors comme la seule façon de dénouer les blocages de cette crise. Voilà qui devrait relativiser les scrupules moraux de beaucoup.

https://www.actionfrancaise.net/2024/11/18/cellule-strategie-6/

Les commentaires sont fermés.