Une femme révoltée et engagée
Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748 à Montauban, grandit dans une famille bourgeoise. À seulement 17 ans, elle est contrainte par ses parents de se marier avec un homme qu'elle ne connaît pas, une union imposée qui suscite chez elle un sentiment de révolte. Cependant, ce mariage malheureux prend fin rapidement avec le décès de son époux, lui offrant une liberté inattendue qu'elle décide de préserver. Refusant de se remarier, elle se rend à Paris en 1770 pour commencer une nouvelle vie. Dans la capitale, elle adopte un nouveau nom, Olympe de Gouges, et choisit la plume pour exprimer ses idées. Inspirée par le courant des Lumières, elle défend des motivations d'égalité et de justice sociale. Sa « renaissance » en tant qu'Olympe marque son engagement pour un monde meilleur. Elle fréquente ainsi les salons intellectuels de Paris, où elle exprime des idées audacieuses sur l'égalité et la condition féminine. Elle critique aussi vivement le rôle limité des femmes dans la société, qui les réduit généralement au simple statut de mères et d'épouses.
En 1788, elle s'attaque à un autre sujet brûlant : l'esclavage. Dans son ouvrage Réflexions sur l'homme nègre, elle plaide pour les droits des esclaves en dénonçant les abus du commerce triangulaire et s'attirant l'hostilité de ceux qui ont bâti leur fortune et leur pouvoir sur cet odieux négoce. Ce nouvel engagement renforce son image de femme engagée et rebelle, refusant de se conformer aux attentes de son époque.
Emportée par la tempête révolutionnaire
Lorsque la Révolution éclate, Olympe y voit un espoir de changement et peut-être le moyen d’établir cette égalité tant recherchée. Cependant, elle se rend vite compte que les femmes restent exclues de cette nouvelle société. Voyant l’absence des femmes en 1789 dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle rédige en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Olympe désire aussi plus de représentativité des femmes dans les organes du pouvoir, et notamment à l’Assemblée. Elle déclare ainsi que si « la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». Ces revendications, radicales pour l'époque, provoquent l'indignation de nombreux révolutionnaires, qui y voient une menace pour l'ordre public et pour la nouvelle société qu'ils veulent établir.
En 1792, elle s'oppose aux excès de la Révolution, notamment aux massacres de Septembre, dénonçant ces violences en affirmant que « le sang même des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement la révolution ». Son opposition aux méthodes meurtrières la pousse à critiquer le Comité de salut public et les dirigeants révolutionnaires, dont Robespierre. Pour cela, Olympe n’hésite pas à prendre la plume pour accuser l’Incorruptible de vouloir instaurer une dictature. Ces prises de position, perçues par les autorités révolutionnaires comme trop modérées et hostiles aux intérêts de la République, lui valent d'être arrêtée le 20 juillet 1793.
Après plusieurs mois de détention, elle est traduite devant le Tribunal révolutionnaire, qui la condamne à mort. Le 3 novembre 1793, Olympe de Gouges est conduite à l'échafaud et déclare : « Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort. »
Olympe de Gouges disparaît ainsi, victime de la Terreur et de son refus de se plier aux dogmes de son temps. Elle laisse derrière elle une œuvre inestimable, qui rappelle l'importance de la liberté d'expression et de l'engagement pour la justice. En son temps, elle fut souvent incomprise, jugée tour à tour comme trop radicale ou trop modérée, mais elle reste aujourd'hui une figure emblématique de la lutte pour les droits des femmes et de la résistance face à l'injustice.