La diplomatie n’est pas qu’une affaire de chancelleries et de protocoles feutrés. Karin Kneissl, ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères, incarne cette diplomatie de terrain, loin des postures médiatiques. Polyglotte, analyste incisive et experte en géopolitique, elle a tracé son propre chemin entre les capitales du monde, formant les générations futures tout en défiant les dogmes dominants. Son indépendance lui a valu des inimitiés féroces. Menacée, censurée, empêchée de travailler en Europe, elle a choisi de s’installer en Russie, où elle a fondé le centre G.O.R.K.I., un laboratoire d’idées géopolitiques. Son engagement en faveur du dialogue et de la souveraineté nationale dérange, tout comme sa critique sans concession des élites occidentales. Dans cet entretien-fleuve, Karin Kneissl revient sur la disparition de la diplomatie européenne, l’échec du multilatéralisme, l’hystérie antirusse et la crise du politique. Elle nous parle aussi d’endocrinologie, d’immigration et du basculement du monde vers un nouvel ordre. Une parole rare, tranchante et visionnaire.
Les diplomates ne sont pas toujours confinés dans des salles de conférence ou des ambassades. Femme politique sans jamais avoir été encartée dans un parti politique ni enchaînée au dogme d’une chapelle idéologique, Karin Kneissl est de la trempe des T. E. Lawrence, des Romain Gary et des Jean-François Deniau.
Elle naquit à Vienne et, après une enfance passée à esquiver la chaleur à Amman (son père était pilote pour le roi Hussein), elle a étudié le droit et les langues orientales à l’Université de Vienne avant de suivre le cycle international de l’ENA. En 1990, elle entame une carrière dans le service diplomatique autrichien qu’elle quittera en 1998. Elle se consacre alors au journalisme et à l’analyse indépendante (de l’ORF autrichienne à RT), puis à l’enseignement dans les universités et les académies militaires, pour y former l’esprit de la prochaine génération d’acteurs du pouvoir. Elle est l’auteur de douze livres et d’innombrables articles portant sur la géopolitique.
Nommée ministre-expert indépendant par le gouvernement Kurz-Strache, elle prend la direction des affaires étrangères de l’Autriche entre 2017 et 2019. Elle reprend son activité comme analyste et enseignante après l’implosion du gouvernement, mais fait face à une interdiction de travail et des menaces de mort. En septembre 2020, elle décide de quitter l’Autriche pour échapper à l’hostilité quotidienne. Après avoir papillonné entre la France et le Liban, elle s’installe en Russie en septembre 2023 où elle fonde le centre G.O.R.K.I. (Geopolitical Observatory for Russia’s Key Issues), un do-tank associé à l’Université de Saint-Pétersbourg.
Karin Kneissl, c’est une âme libre qui effraie les puissants… Et puis, elle a cette connexion avec la Russie qui rend folle l’élite globaliste. Ayant sa vie durant chevauché le tigre, il est logique qu’elle ait été nommée en septembre dernier ambassadrice pour la protection de la créature la plus majestueuse et la plus féroce de la nature : le tigre de l’Amour. Dans cet entretien, elle nous parle d’alliances improbables, de diplomatie en lambeaux, d’endocrinologie et surtout de l’avenir du monde.
ÉLÉMENTS : En 2020, vous prophétisiez la mort prochaine du grand art de la conversation diplomatique. En 2022, le président français Emmanuel Macron a supprimé purement et simplement le corps diplomatique, troquant expertise, art subtil de la négociation contre esbroufe médiatique et fait du Prince. Est-ce le signe d’un Occident basculant dans le règne de la polarisation et du coup de com’ ?
KARIN KNEISSL. Monsieur Macron a la manie d’éradiquer : il a également supprimé le corps préfectoral et l’ENA – il s’agissait là de sa petite concession aux Gilets jaunes. J’ai moi-même eu le privilège de faire l’ENA ; il y avait bien sûr du bon et du moins bon dans cette école, mais elle maintenait un esprit méritocratique inconnu dans de nombreux pays, dont le mien, où tout avancement dans la hiérarchie administrative se fait au travers des partis politiques. Monsieur Macron, c’est le tout communication, la production médiatique pure. Il joue au Président, mais il n’agit pas en tant que Président. Et sa crédibilité sur la scène internationale est proche de zéro ! Mais le déclin de la diplomatie est ancien : depuis 1918, elle est devenue une prérogative du cabinet du Président dans le cas de la France, du Chancelier ou du Premier ministre ailleurs. Les dossiers gérés par des diplomates non élus ont alors été usurpés par les politiques (Lloyd George, Clemenceau, Woodrow Wilson à l’époque) qui, de traité en traité (Versailles, Trianon et Sèvres), ont multiplié les erreurs qui conduiront à la seconde guerre mondiale.
L’art diplomatique requiert de la discrétion, un esprit curieux, un intérêt réel pour le pays dans lequel on travaille et un certain savoir vivre qui permet de créer du lien et de la confiance. Cela est impossible lorsque tout le pouvoir de décision en matière d’affaires étrangères est entre les mains de chefs d’État ou de gouvernement.
Voyez aussi comment a évolué l’Union européenne : avant le Traité de Lisbonne de 2009, les Conseils européens réunissaient encore des chefs de gouvernement accompagnés de leurs ministres des Affaires étrangères ; ces derniers pouvaient éclairer la décision politique par les réflexions, notes ou dépêches de leurs diplomates. Aujourd’hui, la décision émane directement du haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, en l’espèce Madame Kaja Kallas. Elle définit le calendrier sans le moindre débat et les diplomates nationaux ont perdu toute capacité d’influence. Il n’existe plus de structure où les ministères de Affaires étrangères auraient leur mot à dire. J’ai personnellement quitté le service diplomatique en 1998 en constatant que le rôle des diplomates était devenu inexistant face à l’alchimie personnelle pouvant exister entre les chefs d’État. Quand je suis devenue ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, je connaissais évidemment les limites de mon action, mais j’ai essayé de servir mon pays en me concentrant sur les intérêts de mon pays dans la marge de manœuvre de l’UE en faisant l’effort de lire le plus rarement passible les « speaking notes » émanant des services de communication de l’UE !
ÉLÉMENTS : Vous avez consacré un ouvrage au rôle de la testostérone dans les bouleversements politiques. Comment pensez-vous que l’on puisse relier l’action politique à l’endocrinologie ?
KARIN KNEISSL. Le rôle de latestostérone dans la politique m’a sauté aux yeux en 2011, au moment des événements de la place Tahrir au Caire. Il suffit de lire les courbes démographiques pour comprendre que la jeunesse dans les pays arabes est hautement inflammable. Sous cet aspect, les Printemps arabes évoquent les révolutions de 1848 en Europe, voire le contexte des Croisades. De grandes masses de jeunes hommes sans perspective de se créer un statut et qui ont cette forme d’énergie liée à la testostérone – qui a plus à voir avec la prise de risque et le goût de l’initiative qu’avec l’agressivité – ont un vrai potentiel révolutionnaire. La Grande-Bretagne comme la France ont d’ailleurs préféré régler leur problème de surpopulation juvénile de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe en expédiant leur jeunesse surnuméraire, gavée de testostérone, sans perspective, éventuellement criminelle ou sur le point de le devenir, dans les colonies.
ÉLÉMENTS : À l’heure où nous parlons, Donald Trump vient de prendre ses premiers décrets parmi lesquels figurent la sortie des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et leur retrait de l’OMS. Le multilatéralisme a-t-il encore un avenir dans le remodelage du monde qui s’opère sous nos yeux ?
KARIN KNEISSL. Je n’ai jamais été très favorable au multilatéralisme ! Le monde fonctionne sur une base bilatérale, comme l’a montré l’échec du cycle de Doha sous l’égide de l’OMC. Tout y a été bloqué dès 2002 et seuls des traités bilatéraux ont pu voir le jour. Le multilatéralisme régional peut éventuellement connaître quelques réussites, comme illustré par l’Organisation de coopération de Shangaï, mais déjà les contre-exemples abondent : l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne marche simplement pas et l’intégration européenne, multilatéralisme appliqué à l’état pur, est mal partie !
ÉLÉMENTS : Donald Trump, absorbé par son front intérieur, sera sans doute impatient d’en finir avec la guerre en Ukraine. En aura-t-il les moyens et vers quelle solution pourrions-nous nous acheminer : gel du conflit ou traité de paix ?
KARIN KNEISSL. Personne ici n’envisage un gel du conflit. Il n’y en aura donc pas. Pour la Russie, il s’agit d’une question vitale, existentielle. Vu de Washington, mais aussi de Rio ou de Mumbai, c’est un conflit lointain qui intéresse peu les gens. Personnellement, j’ai toujours été hostile aux spécialistes du « conflict management » ; je préfère le « conflict resolution » !
Qu’il s’agisse des industriels, des ONG, des universitaires spécialisés ou des casques bleus, le « conflict management » est un business. Et bien sûr le gel d’un conflit est une garantie de non-résolution. Il faut dans ce cas précis parvenir à des arrangements de sécurité qui vont au-delà de la question ukrainienne et de l’approche territoriale. Dix ans après Minsk II, on n’en est plus aux questions d’autonomie ou de droit des minorités en Ukraine ! Il faut un accord global de sécurité en Europe car il y a aussi une question de minorités russes dans les pays Baltes, une question moldave, géorgienne, etc.
ÉLÉMENTS : Qu’est ce qui, selon vous, explique l’acharnement européen (de la Commission européenne en particulier) à refuser toute forme d’arrangement avec les Russes ?
KARIN KNEISSL. J’ai toujours été frappée par l’incapacité des élites européennes à incarner le niveau de responsabilité qui est le leur. Ils ont un comportement immature de « teenagers ». Ce sont des gens très susceptibles de se mettre à bouder ou à claquer les portes. Ils sont très émotionnels et voient le monde en noir et blanc. C’est un problème pour Moscou qui n’a plus de vis-à-vis avec qui parler ! Dans le cas français, il n’est plus guère possible de mener une conversation avec un Président depuis Jacques Chirac !
ÉLÉMENTS : L’Union européenne semble être la première victime de son propre système de sanctions. Comment expliquer cet acharnement autodestructeur ? L’Union européenne est-elle à la remorque des États-Unis ou simplement masochiste ?
KARIN KNEISSL. Si je m’en réfère à mon expérience de ministre des Affaires étrangères, la Commission européenne a toujours fait preuve d’intransigeance et s’est avérée systématiquement inaccessible à toute forme de concession. Un exemple : en 2018, j’avais élaboré – avec l’accord de mes homologues turcs, américains et russes – un projet très détaillé de déminage et de relocalisation de paysans syriens exilés au Liban. Ce projet, qui avait reçu l’aval de James Jeffrey, envoyé spécial pour la Syrie du côté américain, fut prestement torpillé par la France et la Commission européenne !
J’entends aujourd’hui la même intransigeance martiale au sujet de l’Ukraine chez Madame von der Leyen, Messieurs Pistorius et Rutte, qui sont tous trois européens, et non chez les Américains !
En outre, les difficultés européennes ne résultent pas entièrement de la raréfaction de l’énergie russe à bon marché ; elles sont antérieures à l’opération spéciale russe. Songez à Angela Merkel, incapable d’ouvrir un nouveau chapitre de la politique économique allemande après les réformes Hartz – qui avaient coûté son poste à Gerhard Schroeder. Elle fût personnellement responsable, dès 2011, de la plongée du pays dans le chaos énergétique.
Absence de génération d’énergie, absence de main-d’œuvre qualifiée, bureaucratie sont des fléaux qui ne datent pas des trains de sanctions antirusses ! J’ai écrit en 2020 un livre intitulé Le tournant de la mobilité. Il n’était pas difficile alors d’anticiper un avenir très sombre pour la filière automobile allemande. Du « dieselgate » à l’abandon du moteur à combustion pour promouvoir le moteur électrique, tout relève du désastre fait maison !
Il est vrai cependant que, dans un tel contexte, l’absence des énergies fossiles abondantes et bon marché que fournissait la Russie se fait cruellement sentir. Mais cela ne fait qu’aggraver une gabegie préexistante. La question clé réside dans les choix désastreux de la politique industrielle allemande !
ÉLÉMENTS : Selon vous, la Commission européenne serait donc automotrice, s’emparant elle-même de ses sujets, en étant spontanément hostile envers la Russie ?
KARIN KNEISSL. La Commission européenne est comparable à ce colosse bureaucratique que Max Weber a analysé dès 1922. Elle a donc sa propre dynamique.
Ma critique porte essentiellement sur son mode de recrutement : il y a une surreprésentation d’officiels jeunes et inexpérimentés issus d’usines à hauts fonctionnaires comme Sciences Po en France. Ce recrutement se fait au détriment d’autres profils tels que des juristes, des géographes, des historiens, bref de gens en mesure de connaître les sujets dont ils parlent…
En particulier, l’absence de juristes crée un chaos dans lequel on ne sait plus structurer une pensée cohérente. Si personne ne sait réellement distinguer entre Constitution, lois et décrets, il n’y a plus de hiérarchie des normes ! C’est ce qui donne aux rapports de la Commission ce cachet hors-sol si caractéristique.
ÉLÉMENTS : Damas est tombé. Erdogan a pulvérisé les accords d’Astana, et la Syrie est morcelée ; le Golan est annexé et la vision du « Grand Israël » gagne du terrain. La chute de Damas est-elle un désastre stratégique pour Moscou ?
KARIN KNEISSL. Oui, je le pense. La Russie a énormément investi en termes de vies humaines et d’argent pour combattre l’État islamique. Elle n’a pas su dicter à Bachar el-Assad une feuille de route, ce qu’elle aurait dû faire dès 2016-2017. Après lui avoir sauvé la vie, elle était fondée à lui imposer une réforme de l’armée syrienne ! Ce n’est pas un secret : l’armée syrienne, comme les moukhabarat (services secrets), était corrompue parce que les soldes n’étaient pas versées.
De plus, la Russie a une relation très ancienne avec la Syrie qui remonte bien au-delà de la période soviétique, puisque la Syrie abrite une importante communauté chrétienne orthodoxe, notamment à Alep et Damas. Il y avait, avant la Première Guerre mondiale, une centaine d’institutions éducatives (lycées et universités) russes en Syrie. L’Église orthodoxe y a joué un rôle central. Par la suite, dans la période soviétique, malgré d’évidents désaccords idéologiques entre le nationalisme arabe et le marxisme-léninisme, la relation syro-russe a continué de sédimenter à la faveur de la guerre froide. Il est à noter que le parti Baas a déjoué tous les pronostics en survivant pendant trente-cinq ans à l’effondrement de l’Union soviétique. Mais une corruption de plus en plus prégnante a fini par lézarder l’édifice.
Aujourd’hui que voyons-nous ? D’anciens terroristes sont courtisés par un occident qui : 1°) traite avec eux comme s’ils disposaient d’une quelconque légitimité populaire ; 2°) tolère un délai de quatre ans avant d’organiser des élections au prétexte de la mise en chantier d’une nouvelle Constitution. Cela alors même que nombre de conseillers spéciaux de l’ONU ont depuis plusieurs années un projet de Constitution dans leurs tiroirs !
Volker Türk, Autrichien, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui critiquait vertement mes positions sur l’immigration, va serrer les mains des nouveaux maîtres de Damas sans prononcer un mot sur les innombrables exécutions extra-judiciaires dont ils se rendent coupables ! Tout cela semble surréaliste.
Israël, bien sûr tire son épingle du jeu et l’idée de Grand Israël semble de plus en plus acceptée. J’avais écrit ma thèse de doctorat sur la notion de frontière et Israël, qui ne se fixe pas de frontière, se réserve le droit de conquérir l’espace nécessaire pour accueillir tous les Juifs du monde !
Pour en revenir aux intérêts russes dans la région, il sera intéressant de voir si les bases militaires de Tartous et Hmeimim vont rester en sachant que l’Union européenne a fait de la dissolution de ces bases un préalable à toute aide humanitaire et à la levée des sanctions.
ÉLÉMENTS : Le 19 août dernier, le président Poutine a signé un décret facilitant l’installation d’étrangers souhaitant quitter un pays qui « impose des attitudes idéologiques néolibérales destructrices ». Les populations occidentales sont clairement visées par cette offre d’asile idéologique. Disposez-vous d’informations sur l’impact qu’a pu avoir ce programme en Occident ?
KARIN KNEISSL. Il demeure compliqué d’immigrer en Russie, particulièrement dans le cas de familles nombreuses. La Russie devrait, à mon sens, faire porter l’effort sur le recrutement de candidats européens dans des professions pour lesquelles il existe une réelle demande. La Russie manque de main-d’œuvre immédiatement opérationnelle. Cela plaide plutôt pour une immigration de travail.
Il est très légitime pour des familles européennes de vouloir échapper au chaos et de vouloir éduquer leurs enfants dans des conditions normales. Mais, si l’on se place du point de vue russe, il semble que cela ne peut fonctionner qu’en prenant en compte le profil professionnel des candidats à l’immigration. Ils devront rapidement devenir des contribuables ! Il est donc important de mettre sur pied des structures d’accueil ; ce ne peut pas être seulement une question de bonne volonté ! Il pourrait être utile de s’inspirer du modèle israélien d’insertion des immigrants juifs : prise en charge pour l’orientation scolaire / universitaire, cours de langue intensifs pendant cinq semaines, etc. Il faut également prendre en considération le contexte sécuritaire russe. Les structures d’accueil seront intégrées au ministère de l’Intérieur qui travaillera en étroite coopération avec le tissu économique russe.
ÉLÉMENTS : Où en est la démocratie en Europe ?
KARIN KNEISSL. Évitons de parler de démocratie, car ce terme peut être l’objet d’interprétations diverses. Parlons d’État de droit et de libertés ! L’État de droit a cessé d’exister en Europe sous mes yeux ! J’ai été expulsée de France après que l’on a intimidé le propriétaire de ma maison et que l’on m’a empêché d’ouvrir un compte en banque, car je voulais devenir contribuable en France. La Banque de France a fait la sourde oreille à ma demande d’attribution d’un compte bancaire au titre du « droit au compte ». En Autriche, j’ai été accusée par les médias de haute trahison et d’espionnage sans le moindre début de preuve et il m’a été fortement déconseillé de venir y présenter ma défense devant les tribunaux, l’ambiance à mon égard étant « très mauvaise ». Aujourd’hui, on veut me retirer le passeport autrichien parce que je travaille dans une université russe. Où est l’État de droit ?
Propos recueillis par Thierry Thodinor