Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Friedrich Merz : le visage allemand d’un virage à droite de l’UE ?

Friedrich Merz : le visage allemand d’un virage à droite de l’UE ?

Friedrich Merz, confirmé comme candidat de la CDU/CSU à la chancellerie pour les élections fédérales du 23 février 2025, cherche à imprimer sa marque de fabrique sur la politique européenne allemande. Son positionnement pro-européen est indéniable, mais il s’inscrit dans une vision plus conservatrice de l’Union européenne, ce qui soulève des interrogations quant à l’orientation que prendrait l’Allemagne sous sa direction.

Un engagement européen marqué, mais dans quelle direction ?

Merz a commencé sa carrière politique en 1989 au Parlement européen, à une époque où l’Union européenne était en pleine mutation avec la préparation du marché unique et de la monnaie commune. Il a notamment travaillé sur ces dossiers aux côtés d’autres figures historiques de l’UE. Ses partisans rappellent qu’il appartient à une génération influencée par Helmut Kohl, artisan de l’amitié franco-allemande et de l’intégration européenne.

Parmi les sujets centraux de la campagne figurent le soutien à l’Ukraine, les stratégies de relance économique, les politiques migratoires, les prix de l’énergie et les relations avec l’administration Trump aux États-Unis. Les débats sur l’immigration se sont intensifiés après des attaques violentes impliquant des suspects étrangers, ce qui a conduit Friedrich Merz, leader de la CDU, à prôner un durcissement des lois migratoires. Cette position a suscité des critiques, notamment de la part de l’aile modérée de son propre parti, héritée de l’ère Merkel.

Aujourd’hui, Merz critique vivement la gestion européenne de l’actuel gouvernement Scholz, qu’il accuse de manquer de leadership, notamment dans ses relations avec la France. Il défend une politique européenne plus affirmée, insistant sur la nécessité pour l’Allemagne de reprendre un rôle moteur dans l’UE. Toutefois, sa conception de cette Europe semble s’aligner davantage sur une vision plus conservatrice et souverainiste que celle de ses prédécesseurs centristes comme Angela Merkel.

Un programme teinté de nationalisme économique et sécuritaire

Malgré ses discours pro-européens, certaines de ses positions suggèrent une approche plus nationaliste des affaires européennes. Merz s’oppose par exemple à certaines régulations européennes qu’il considère contraires aux intérêts économiques allemands, notamment en matière d’industrie automobile. Il milite pour une remise en cause de l’interdiction des moteurs thermiques prévue par l’UE d’ici 2035, un sujet qui a suscité de vifs débats en Allemagne.

Sur les questions migratoires, Merz a adopté une ligne dure, réclamant des contrôles renforcés aux frontières nationales et le rejet des demandeurs d’asile en application stricte du règlement de Dublin. Ces positions l’ont conduit à obtenir le soutien de l’AfD sur certaines mesures votées au Bundestag, ce qui a provoqué un malaise au sein de la CDU, où plusieurs figures refusent toute collaboration avec ce que l’on appelle « l’extrême droite ».

Le vice-chancelier écologiste Robert Habeck a dénoncé cette approche, comparant Merz à un cow-boy prêt à agir unilatéralement en Europe sans concertation avec ses partenaires, une référence aux méthodes du Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Cette critique illustre les craintes de nombreux responsables politiques européens face à une possible droitisation de la politique allemande sous Merz.

Un possible basculement à droite en Europe

L’éventuelle arrivée de Merz à la chancellerie pourrait signifier un déplacement du centre de gravité politique de l’UE vers la droite. Si l’Allemagne, pilier traditionnel du consensus pro-européen, adopte une ligne plus conservatrice et souverainiste, cela pourrait renforcer les tendances observées en Italie, aux Pays-Bas ou en France, où les droites dures gagnent du terrain.

La question est de savoir si Merz restera un Européen convaincu au service d’une intégration renforcée, ou s’il adoptera une vision plus pragmatique, cherchant avant tout à défendre les intérêts nationaux allemands au sein de l’UE. Ce débat marquera certainement la campagne électorale et influencera l’orientation future de la politique allemande.

En tout état de cause, Merz est perçu comme un fervent défenseur de l’Europe, mais avec une vision plus conservatrice et nationaliste qui pourrait redessiner les équilibres européens. Son élection pourrait marquer une rupture avec la tradition centriste et modérée de la CDU, amorçant un tournant plus marqué à droite pour l’Allemagne et l’Union européenne.

Nicolas Faure 08/02/2025

https://www.polemia.com/friedrich-merz-le-visage-allemand-dun-virage-a-droite-de-lue/

Écrire un commentaire

Optionnel